PARIS (awp/afp) - Après un début d'année tonitruant, la Bourse de Paris et ses homologues européennes devraient poursuivre leur course aux sommets la semaine prochaine, tout en gardant un oeil sur les banques centrales et les premiers résultats américains.

Malgré un petit coup de mou en fin de semaine sur fond de remontée de l'euro, l'embellie observée sur les marchés actions européens depuis le début de l'année ne s'est pas démentie.

"Si l'on regarde les valorisations des actions globalement par rapport aux niveaux des taux actuels, nous sommes encore sur des niveaux très attractifs, ce qui permet d'être optimiste par rapport à l'évolution des actifs risqués", estime auprès de l'AFP Laurent Denize, co-directeur des investissements de Oddo BHF AM.

"La configuration est extrêmement favorable" et dans ce contexte, "les sociétés européennes ont la capacité de retrouver des niveaux de bénéfices par action comparables à 2007", ajoute-t-il.

Sur la semaine écoulée, la bonne dynamique "a été portée par de bonnes statistiques économiques", relève de son côté Aymeric Diday, directeur de la gestion sous mandat chez Pergam, la zone euro ayant notamment vu sa production industrielle progresser de nouveau en novembre.

Si la Bourse de Londres a gagné du terrain grâce notamment aux secteurs bancaires et miniers, ce qui lui a permis de battre de nouveaux records de vigueur à plusieurs reprises, le CAC 40 a également été porté par les banques et les matières premières, clôturant mardi au plus haut depuis 2008.

Mais cela n'a pas empêché les Bourses européennes de se faire aussi quelques frayeurs.

Le retour en force du thème de la normalisation monétaire a en effet créé quelques soubresauts sur les marchés cette semaine, entraînant une forte tension des rendements obligataires qui, par ricochet, s'est traduite par une nette appréciation de la devise européenne ayant pesé sur les indices actions en fin de semaine.

La décision de la Banque du Japon (BoJ) mardi de légèrement réduire ses achats mensuels d'obligations à long terme, suivie d'informations de presse - démenties depuis par Pékin - selon lesquelles la Chine souhaiterait acheter moins de dette américaine, ont en effet provoqué une forte remontée des taux américains.

Un mouvement qui s'est ensuite diffusé à la zone euro, à la faveur des minutes de la Banque centrale européenne (BCE), interprétées par beaucoup comme plus offensives que par le passé.

- Vers une normalisation monétaire accélérée ? -

"Il y a eu une sorte de convergence des discours des banques centrales vers un discours un peu moins accommodant, en lien avec le constat que la croissance mondiale est robuste et que nous avons une synchronisation sur l'ensemble des zones (Etats-Unis, zone euro, Japon) allant dans le sens d'une normalisation de la politique monétaire qui pourrait s'accélérer si se matérialisaient des signes d'inflation", explique M. Denize.

Plus généralement, cette tension des taux est liée, selon lui, "tout simplement à des réallocations de portefeuilles de début d'année", les investisseurs se disant qu'après une année 2017 où "les taux sont restés à peu près atones, c'est peut-être en 2018 que l'inflation va ressurgir".

Pour autant, juge le spécialiste, même si un "frémissement des indicateurs d'inflation" est perceptible, le krach obligataire évoqué par certains est encore loin de se produire.

"La BCE va rester très accommodante et nous n'anticipons pas de hausse des taux avant 2019", souligne-t-il, estimant que tant les niveaux de dette que le chômage élargi encore très élevés plaidaient en faveur d'une poursuite du soutien monétaire.

Dans ce contexte, après ceux des Etats-Unis ce vendredi, les chiffres d'inflation pour décembre attendus en zone euro la semaine prochaine seront sous le feu des projecteurs, tout comme la publication du Livre Beige de la Fed jeudi. Plusieurs indicateurs d'activité et de production industrielle aux Etats-Unis ainsi que le PIB de la Chine pour l'année 2017 viendront compléter le tableau.

Mais pour M. Diday, les investisseurs vont surtout "commencer à regarder les premières publications d'entreprises" aux Etats-Unis, le coup d'envoi ayant été donné ce vendredi avec les grandes banques américaines.

Il s'agit "vraiment de savoir si la croissance du chiffre d'affaires des grands groupes américains, seule à même de justifier leur valorisation élevée, va se poursuivre", conclut-il.

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