Washington (awp/afp) - Le président de la Réserve fédérale de New York, William Dudley, a mis en garde jeudi contre le creusement du déficit budgétaire qui va renchérir le coût des emprunts américains et rendre la mission de la Fed "un peu plus difficile".

"Si le déficit budgétaire s'achemine sur une voie non viable, ce qui semble se passer maintenant, les investisseurs dans les bons (du Trésor américains) vont commencer à demander des taux d'intérêt plus forts pour compenser le risque d'investir dans cette dette", a affirmé le patron de la Fed de New York sur Bloomberg TV.

"Cela pourrait rendre le travail de la Réserve fédérale plus difficile", alors que la banque centrale essaye d'opérer un atterrissage en douceur en ne relevant les taux d'intérêt que très progressivement.

Dans un contexte de forte volatilité à la Bourse de New York depuis le début de la semaine, le marché obligataire s'est tendu jeudi, le taux d'emprunt à dix ans grimpant en milieu de journée à plus de 2,88%, tout près de son plus haut depuis janvier 2014.

M. Dudley, qui quitte la Fed en milieu d'année, a toutefois ajouté que les inquiétudes sur le creusement du déficit n'étaient pas, selon lui, ce qui poussait immédiatement les taux d'emprunts à la hausse.

"Je pense que c'est davantage la force de l'économie américaine, de l'économie mondiale, les conditions financières favorables, la probabilité que l'économie va continuer à croître au dessus de son potentiel en 2018", a-t-il ajouté.

Alors que l'indice Dow Jones a de nouveau plongé jeudi et perdu plus de 4%, M. Dudley qui avait assuré la veille que la "secousse" boursière "n'était pas aussi forte que cela", a encore minimisé la chute.

"C'est une goutte d'eau (...). Le petit repli sur le marché boursier n'a virtuellement pas d'implication sur les perspectives économiques".

Revenant à l'élargissement du déficit, M. Dudley a averti que le coût du service de la dette américaine "va vraisemblablement augmenter fortement".

"Au cours des dix prochaines années, la dette va continuer à gonfler et les taux d'intérêt vont probablement être bien plus hauts", notamment à cause du resserrement prévu de la politique monétaire. "Le Bureau du budget du Congrès (CBO) prévoit que le service de la dette double d'ici 10 ans", a-t-il averti.

Vu les réductions d'impôts et la hausse des dépenses notamment de défense actuellement en discussion au Congrès, le déficit budgétaire américain va drastiquement augmenter cette année. Il va approcher les 1.000 milliards de dollars pour l'année fiscale 2018 qui clôt en septembre, selon plusieurs estimations, contre 666 milliards l'année dernière.

Le Trésor a déjà fin janvier annoncé une ample augmentation de ses emprunts.

Selon une estimation de JPMorgan Chase citée par Bloomberg News, les nouveaux emprunts du Trésor vont grimper en 2018 à 1.420 milliards de dollars contre 550 milliards en 2017, soit près de 1.000 milliards de plus.

Le Bureau du Budget du Congrès (CBO) qui d'ordinaire publie en janvier une nouvelle estimation des déficits n'a pas encore émis de projections, vu la réforme des impôts mise en place par l'administration Trump et les tractations budgétaires en cours au Congrès.

afp/rp