Dopés pour partie par la baisse des impôts sur les sociétés voulue par l'administration Trump, les bénéfices des entreprises composant le S&P 500 sont vus en moyenne en hausse de 18,4% sur la période janvier-mars, ce qui serait leur progression trimestrielle la plus marquée en sept ans.

Mais si ces résultats s'avèrent moins bons que prévu, Wall Street - ébranlée par les craintes d'une guerre commerciale à grande échelle entre les Etats-Unis et la Chine et par les inquiétudes au sujet d'une éventuelle réglementation accrue du secteur technologique - pourrait connaître une nouvelle tempête.

Après avoir inscrit un record de 2.827,87 points le 26 janvier et fini le premier mois de 2018 sur un gain de 5,62%, le S&P 500, indice de référence des gérants de fonds, a basculé dans le rouge depuis le début de l'année (-2,6%), perdant 3,9% en février, 2,7% en mars et 1,4% à ce stade du mois d'avril.

Sur la seule journée de vendredi, sous le coup notamment des déclarations faites jeudi par Donald Trump disant qu'il avait donné pour instruction de préparer la mise en place de droits de douane supplémentaires sur 100 milliards de dollars de produits chinois, le S&P avait chuté de 2,3%.

Dimanche, sans dire pourquoi, le président américain a apparemment voulu calmer le jeu en déclarant sur Twitter que la Chine finirait par lever les barrières commerciales que le pays a érigées et que Washington et Pékin allaient trouver un accord en matière de propriété intellectuelle.

 

LES BÉNÉFICES POURRAIENT MÊME AUGMENTER DE 24% SUR LE T1

"Il y a énormément de pression pour que les résultats d'entreprise de ce premier trimestre et, surtout, les perspectives qu'annonceront les sociétés remettent vraiment ce marché actions sur le chemin de la hausse", a déclaré Chuck Carlson, directeur général chez Horizon Investment Services.

Selon les analystes de Credit Suisse, plus d'un tiers de la hausse attendue des bénéfices pourra être attribuée à la loi votée l'an dernier par la Congrès faisant passer de 35% à 21% le taux d'imposition sur les sociétés.

Etant donné la tendance des entreprises à faire mieux que le consensus, la progression des bénéfices du premier trimestre pourrait être encore plus prononcée que prévu. Elle pourrait atteindre 24% si les résultats suivent la même tendance médiane à la surperformance par rapport aux attentes observée au cours des huit derniers trimestres, selon David Aurelio, analyste chez Thomson Reuters.

Sur les 23 membres du S&P 500 qui ont déjà annoncé des résultats trimestriels, un total de 74% a fait mieux que prévu contre une moyenne historique de 64% sur un trimestre.

Parmi des poids lourds qui doivent annoncer des données trimestrielles cette semaine figurent BlackRock, numéro un mondial de la gestion d'actifs, ainsi que les banques JPMorgan Chase, Citigroup et Wells Fargo.

Pour l'ensemble de 2018, les bénéfices des entreprises du S&P 500 sont estimés en progression de 19,7%, ce qui serait leur meilleure performance depuis 2010.

Certains experts de marché n'excluent pas, au vu des évolutions possibles dans les relations commerciales internationales et dans la réglementation du secteur technologique, une certaine prudence des dirigeants d'entreprise en matières de perspectives.

 

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)

par Lewis Krauskopf

Valeurs citées dans l'article : NASDAQ Comp., DJ Industrial, NASDAQ 100, S&P 500