NEW YORK (awp/afp) - L'escalade verbale entre les dirigeants américain et nord-coréen a entamé la course aux records de Wall Street et les investisseurs se demandent si de nouvelles turbulences géopolitiques pourraient déclencher un mouvement de correction.

Sur une semaine, le Dow Jones Industrial Average a perdu 1,06% pour terminer à 21.858,32 points. L'indice vedette de la Bourse de New York a mis un terme mardi à une série de neuf records d'affilée et enregistré dans la foulée sa plus forte chute hebdomadaire depuis mars.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 1,50% à 6.256,56 points.

L'indice élargi S&P 500 a perdu 1,45% à 2.441,32 points.

"La réponse classique du marché à une crise géopolitique est +on vend d'abord, on pose des questions ensuite+", rappelle Quincy Krosby de Prudential Financial.

Quand Donald Trump a promis "le feu et la colère" à la Corée du Nord, qui a répliqué en menaçant de tirer des missiles près du territoire américain de Guam, "le Nasdaq a reculé de 2%, le VIX, indice de la volatilité, s'est envolé, et les valeurs sures comme le yen, le Bund allemand ou les bons américains à 10 ans en ont profité", remarque-t-elle. "On va maintenant voir si le marché en profite pour faire des achats à bon compte."

Les indices ont fortement progressé depuis le début de l'année - de 10% pour le Dow Jones, de 16% pour le Nasdaq -, et n'ont pas connu de repli de plus de 5% sur une courte période depuis début 2016. Beaucoup d'analystes estiment que le marché est mûr pour une correction.

Si le conflit devait s'intensifier au-delà de simples menaces verbales, "la question serait de savoir quelles implication des frappes de missiles par exemple pourraient avoir sur certaines économies asiatiques comme la Corée du Sud ou le Japon", souligne Kate Warne d'Edward Jones.

Toutefois, au vu de la réaction somme toute modérée des marchés pour l'instant, les investisseurs "semblent avoir pour l'instant conclu qu'il s'agit surtout de paroles et non d'actes".

- Minutes de la Fed -

Alors que la saison des résultats du deuxième trimestre touche à sa fin, la Bourse continue de profiter de la bonne santé des compagnies américaines.

"Non seulement on a vu une croissance à deux chiffres des bénéfices, mais aussi, et c'est le plus important, on a vu beaucoup d'entreprises publier des chiffres d'affaires dépassant les attentes et relever leurs prévisions", remarque Nancy Tengler de Heartland Financial.

"C'est important au moment où les perspectives économiques sont un peu incertaines", ajoute-t-elle.

Si la récente vigueur de la croissance européenne a surpris beaucoup d'investisseurs, la croissance américaine reste modérée et l'inflation peine à décoller dans le pays.

La banque centrale américaine (Fed) revient d'ailleurs "sur le devant de la scène puisque avec une progression de l'indice des prix à la consommation de seulement 1,7%, on reste loin de son objectif de 2%", souligne Nancy Tengler.

"La Fed ne remontera très probablement pas ses taux d'intérêt avant décembre, et il existe maintenant de vrais doutes sur un relèvement cette année", ajoute-t-elle.

Le compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la banque centrale sera diffusé mercredi. "Il est important car il n'y avait pas eu de conférence de presse après cette rencontre", rappelle Kate Warne. "On sera très attentif à tout signe inhabituel" sur le calendrier de la Fed.

Une série d'indicateur est également attendue dans la semaine, en particulier sur la consommation des particuliers avec des chiffres sur les ventes au détail mardi et sur le moral des ménages (Université du Michigan) vendredi.

Toutefois, estime Nancy Tengler, "on observe actuellement une telle transformation du secteur de la distribution que les indicateurs sur la consommation sont un peu relégués au second plan".

"Les chiffres sur les ventes au détail par exemple peuvent apporter des bonnes nouvelles pour Amazon et autres sites de vente en ligne mais ne se traduisent pas forcément par de meilleures ventes pour les chaînes de magasins", explique-t-elle.

Pour jauger la santé des entreprises "traditionnelles" du secteur, les investisseurs scruteront les comptes trimestriels de Home Depot mardi et de Wal-Mart jeudi.

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