La publication des débats au sein du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a aussi entraîné un raffermissement du dollar et une hausse des rendements des emprunts d'Etat américains, le 10 ans touchant un nouveau plus haut de plus de quatre ans.

L'indice Dow Jones a perdu 166,97 points (-0,67%), à 24.797,78, plus de 350 points sous son plus haut de la séance. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a cédé 14,93 points, soit 0,55%, à 2.701,33. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a pour sa part fini en baisse moins prononcée, de 0,22%, soit 16,08 points à 7.218,23.

Ces trois indices ont fini quasiment à leurs plus bas du jour.

Wall Street avait pourtant accéléré sa progression dans le sillage immédiat de la publication des "minutes", qui ont témoigné de la confiance des responsables de la Fed dans le redressement de l'inflation et dans le dynamisme de l'économie américaine.

Ce constat les amène toutefois à être de plus en plus convaincus de la nécessité de poursuivre le relèvement progressif des taux d'intérêt aux Etats-Unis.

"Les minutes du FOMC ont été pour l'essentiel équilibrées mais de notre point de vue, leur tonalité penche un peu plus du côté des faucons que des colombes. Le débat autour de l'inflation qui se redresserait finalement à 2% (...) témoigne d'un plus grand optimisme en ce qui concerne les perspectives", dit Aaron Kohli, stratégiste sur les taux chez BMO Capital Markets.

AMAZON DÉPASSE BRIÈVEMENT 1.500 DOLLARS

La Fed anticipe trois hausses de taux cette année et le marché estime à 93,5% la probabilité d'un premier relèvement d'un quart de point dès la prochaine réunion en mars, selon les données Thomson Reuters.

La crainte d'un retour de l'inflation et d'une accélération du resserrement monétaire a été à l'origine de la soudaine correction observée en début de mois à la Bourse de New York puis sur les autres grandes places mondiales. Wall Street a redressé la tête depuis mais ces "minutes" pourraient amener les investisseurs à tester de nouveau les marchés actions.

Tous les indices sectoriels du S&P ont fini dans le rouge, à l'exception de la distribution (+0,05%), sauvée par Amazon, qui a fini sur un gain de 0,99% à 1.482,92 dollars après avoir franchi pour la première fois la barre des 1.500 dollars pendant la séance.

Outre le groupe de Jeff Bezos, les géants des nouvelles technologies comme Facebook (+1,08%), Alphabet (+0,92%) et Netflix (+0,89%) ont contribué à atténuer le repli de Wall Street, même si Apple a en revanche cédé 0,45%.

Dans l'actualité des fusions-acquisitions, l'action Qualcomm a lâché 0,92% après la décision de Broadcom (-0,4%) de réduire de 4% le montant de son offre d'achat sur le spécialiste des puces pour smartphones, à 117 milliards de dollars (95 milliards d'euros), en raison du relèvement par ce dernier de sa propre OPA amicale sur NXP Semiconductors, qui a fini quasiment inchangé.

Sur le plan des résultats trimestriels, Advance Auto Parts a bondi de 8,21% pour finir en tête du S&P-500 au lendemain de la publication par le distributeur de pièces automobiles détachées d'un bénéfice et d'un chiffre d'affaires supérieurs aux attentes, soutenus par son plan de restructuration.

Environ 6,96 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, contre une moyenne de 8,49 milliards sur les 20 séances précédentes.

L'EURO REPASSE SOUS 1,23 DOLLAR

Sur le marché obligataire, le renforcement des anticipations de hausses de taux aux Etats-Unis a porté le rendement à 10 ans des Treasuries à 2,957%, un pic depuis janvier 2014. Il est ensuite revenu vers 2,94%, contre 2,89% mardi soir.

Le rendement à 30 ans s'est élevé à 3,233%, un plus haut depuis juillet 2015, et le 2 ans a touché un sommet de plus de neuf ans à 2,282%.

La hausse des rendements à longue échéance pourrait néanmoins être aussi due à de prochaines émissions de dette, elle aussi de long terme, de la part d'entreprises comme Boeing, relève Action Economics sur son blog, ce qui pourrait inciter certains investisseurs à faire de la place dans leurs portefeuilles et à se séparer d'emprunts du Trésor.

Le dollar, qui a faibli dans un premier temps après les "minutes" de la Fed, s'est finalement raffermi et a pris 0,4% face à un panier de devises de référence, effaçant la majeure partie de ses pertes de la semaine précédente. L'euro est repassé sous 1,23 dollar.

Cette hausse du dollar a contribué à faire baisser les cours du pétrole, pénalisés en outre par les anticipations de hausse des stocks de brut la semaine dernière aux Etats-Unis. Cette statistique sera publiée jeudi.

(Avec April Joyner; Bertrand Boucey pour le service français)

par Chuck Mikolajczak