Ces négociations interviennent alors que la cour d'appel de Paris statuera fin janvier sur une demande du parquet général de placement en liquidation judiciaire du Groupe Bernard Tapie (GBT) et de la SCI financière immobilière Bernard Tapie, selon une information de Mediapart, confirmée de source judiciaire.

Selon une source proche du dossier, la prise de participation de CM Holding dans le quotidien Corse-Matin devrait s'établir autour de 35%, pour une prise de capital effective au premier trimestre 2018.

"Il est bon qu'un des actionnaires ait la réalité de la vie corse dans l'âme, dans les veines, dans le cerveau", dit Bernard Tapie dans La Provence.

"Par ailleurs, le choix politique que vient de faire la Corse, qui est tout sauf anodin, justifie encore plus l'entrée au capital de gens qui vivent pleinement la Corse".

Les nationalistes sont assurés de la majorité absolue dans la nouvelle Assemblée de Corse, événement politique inédit dans l‘histoire d'une institution qui n'a connu jusque-là que des majorités relatives, depuis sa création en 1982.

CM Holding a été créé dans le cadre de la reprise de la compagnie maritime SNCM devenue Corsica Linea, qui assure la desserte entre le continent et l'île.

Son président François Padrona souligne que son groupe n'a pas "vocation à racheter tout ce qui est à vendre" en Corse mais "qu'il aspire à défendre un certain nombre d'institutions indispensables à la vie de l'île au quotidien".

TAPIE BIENTÔT EN CORRECTIONNELLE

"Corse-Matin en fait évidemment partie, au même titre que peut l'être une compagnie de transport", dit-il.

Le prix de vente n'a pas été précisé pour un quotidien qui, selon Bernard Tapie, a ramené le volume de ses pertes de 700.000 à 180.000 euros en l'espace de trois mois.

"Le plan va se poursuivre dans une perspective de redressement complet", précise l'homme d'affaires, dont le groupe La Provence détient la totalité du capital de Corse-Matin depuis décembre 2014.

Bernard Tapie, 74 ans, souffre d'un cancer de l'estomac.

Il est renvoyé en correctionnelle dans l'affaire de l‘arbitrage qui lui a permis en 2008 d'obtenir 403 millions d'euros pour le règlement de son litige avec le Crédit lyonnais. Il devra répondre d'escroquerie et de complicité de détournement de fonds publics.

Le parquet général de la cour d'appel de Paris a pour sa part demandé l'annulation d'une décision du tribunal de commerce de Paris du 6 juin dernier, qui a jugé insaisissables les biens de l'homme d'affaires et approuvé un plan de sauvegarde de GBT et de la SCI financière immobilière Bernard Tapie.

Dans ses conclusions générales, publiées sur le site de Mediapart, le parquet général estime que ces deux sociétés "sont en état de cessation des paiements" et "qu'aucune perspective de redressement n'existe".

En conséquence, le parquet général demande à la cour d'appel, qui prendra sa décision fin janvier, de "convertir la procédure de sauvegarde de ces sociétés en procédure de liquidation judiciaire".

(Jean-François Rosnoblet, édité par Emmanuel Jarry)