par Nick Carey et Joseph White

DETROIT, 6 juin (Reuters) - Les actionnaires de General Motors ont massivement rejeté mardi les propositions du fonds spéculatif Greenlight Capital visant à modifier la structure capitalistique du groupe et à remanier son conseil d'administration, appuyant ainsi les efforts de la directrice générale Mary Barra pour redresser un cours de Bourse dont elle-même reconnaît qu'il est sous-évalué.

La défaite de l'investisseur activiste David Einhorn, le fondateur de Greenlight, n'apporte toutefois qu'un répit à la patronne de GM. L'action du premier constructeur automobile américain se traitait mardi autour de 34,25 dollars à Wall Street, soit environ 16% sous son niveau de janvier 2015 quand Mary Barra a pris les rênes du groupe.

En dépit de solides résultats, GM a vu cette année sa capitalisation boursière dépassée par celle de Tesla, le constructeur - déficitaire - de voitures électriques dirigé par Elon Musk, signe que les investisseurs jugent plus pertinente la stratégie de ce dernier dans un contexte de transition de l'industrie automobile vers la voiture électrique et autonome.

S'exprimant avant l'assemblée générale annuelle de GM à Detroit, Mary Barra a reconnu que Greenlight avait raison de pointer la sous-valorisation du titre en Bourse et elle a ajouté que le groupe "cherchait en permanence des idées" pour augmenter la valeur actionnariale. Elle n'a toutefois présenté aucune mesure concrète.

Greenlight proposait de créer deux classes d'actions, l'une donnant droit au dividende et l'autre qui reflète le potentiel de croissance de l'entreprise.

Selon les résultats préliminaires rapportés par des sources de GM, la proposition a été rejetée par plus de 91% des actionnaires.

Ces derniers ont rejeté tout aussi massivement les trois candidats proposés par le fonds activiste au conseil d'administration, accordant entre 84% et 99% de leurs suffrages à ceux de GM.

GREENLIGHT EST "DÉÇU"

Greenlight, cinquième actionnaire de GM avec environ 3,6% du capital, avait soumis en mars son plan en affirmant qu'il permettrait d'ajouter jusqu'à 38 milliards de dollars à la capitalisation boursière du groupe, qui est actuellement de 52 milliards de dollars (46 milliards d'euros).

La direction l'avait immédiatement rejeté et a reçu l'appui des agences de notation qui ont affirmé que le profil de crédit de GM pourrait s'en trouver dégradé. Greenlight n'a pu en outre rallier d'actionnaires majeurs à sa cause, au premier chef Berkshire Hathaway, la société d'investissement de Warren Buffett qui a observé un silence remarqué.

Les sociétés de conseil aux actionnaires ISS (Institutional Shareholder Services) et Glass Lewis avaient de leur côté recommandé de voter en faveur des candidats de GM au conseil et contre le dédoublement des actions.

Après l'AG, David Einhorn s'est dit "déçu que les actionnaires se soient prononcés en faveur d'un maintien du statu quo" et a formé le voeu que GM ouvre à l'avenir son conseil d'administration à des candidats "ayant une expertise en matière de marchés financiers."

Mary Barra, avant la réunion, a par ailleurs assuré que GM poursuivrait ses efforts pour limiter les émissions automobiles en dépit de la décision de l'administration Trump de tourner le dos à l'accord de Paris sur le climat.

A Wall Street, l'action GM abandonne 0,64% à 34,24 dollars vers 16h35 GMT.

BREAKINGVIEWS-GM speeds away from Einhorn toward nastier traffic (Véronique Tison pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

Valeurs citées dans l'article : Berkshire Hathaway, General Motors Corporation, Tesla