Les sidérurgistes ont expliqué que cette fusion s'imposait dans un contexte de surcapacité d'un marché européen exposé aux importations à bas prix de Chine et d'ailleurs, à une demande médiocre du secteur du BTP et à des sites devenus inefficaces.

"Personne ne peut résoudre seul les problèmes structurels de l'Europe. Nous souffrons tous de surcapacité et cela veut dire que tout le monde poursuit les mêmes efforts de restructuration", a dit Heinrich Hiesinger, président du directoire de ThyssenKrupp, à la presse.

Tata Steel a conclu le mois dernier un accord majeur qui lui permettra de réduire son poste retraites de 15 milliards de livres (17 milliards d'euros), une question qui a longtemps été considérée comme la principale pierre d'achoppement de discussions qui ont duré plus d'un an et demi.

Tata Steel Europe a pesé sur les finances de la maison-mère indienne ces 10 dernières années, l'amenant à brûler chaque année un milliard de dollars environ de trésorerie.

Le protocole d'accord, largement attendu après les déclarations faites par Thyssenkrupp la semaine dernière selon lesquelles un accord pourrait être conclu ce mois-ci, prévoit des synergies de 400 à 600 millions d'euros par an et jusqu'à 4.000 suppressions de postes, soit 8% environ de l'ensemble des effectifs.

Le puissant syndicat allemand IG Metall de la sidérurgie et de la métallurgie a exigé des garanties sur l'emploi en échange de son approbation.

Le gouvernement et les syndicats britanniques ont salué ce rapprochement mais ils veulent eux aussi des garanties sur l'emploi et le respect des engagements vis-à-vis du développement de l'activité de Port Talbot, premier site sidérurgique de Grande-Bretagne situé au Pays-de-Galles.

"Dans le cadre de la coentreprise prévue, nous offrons aux activités européennes de Thyssenkrupp et de Tata un avenir durable", a déclaré Heinrich Hiesinger. "Nous abordons les défis structurels de l'industrie sidérurgique européenne et créons un solide numéro 2".

"Excellente nouvelle!"

Le siège social du nouvel ensemble, baptisé Thyssenkrupp Tata Steel, sera situé à Amsterdam ou dans les environs, a précisé Thyssenkrupp dans un communiqué publié mercredi après la signature du protocole d'accord.

"Excellente nouvelle!", a réagi le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Des négociations se tiendront à présent pour peaufiner l'accord et chacun des partenaires pourra consulter les livres de comptes de l'autre avant la signature du contrat définitif de la coentreprise attendue au début de 2018, a précisé Thyssenkrupp.

L'accord de fusion doit être approuvé par le conseil de surveillance de Thyssenkrupp et par le conseil d'administration de Tata Steel ainsi que par la Commission européenne.

Le groupe industriel allemand avait envisagé au départ différentes options, y compris un démantèlement, avant de pencher pour la solution de la coentreprise.

"Avant de décider d'une coentreprise, le directoire de Thyssenkrupp a examiné et travaillé sur toutes les options disponibles: un partenariat avec un groupe allemand, une scission, une introduction en Bourse, la cession de la division sidérurgique, voire même un démantèlement de la société en son entier", peut-on lire sur son site internet.

"La coentreprise avec Tata est la seule option qui assure à nos activités sidérurgiques un avenir viable à long terme".

L'action ThyssenKrupp gagne 3,7% en Bourse de Francfort vers 9h00 GMT, l'une des plus fortes hausses de l'indice Stoxx 600, les investisseurs espérant que le bilan du sidérurgiste bénéficiera de la fusion.

Ce bilan sera en tous les cas allégé d'un passif de quatre milliards d'euros lié surtout aux retraites.

Au même moment, Tata Steel prend 1,85% en Bourse de Bombay.

(Christoph Steitz, Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Christoph Steitz

Valeurs citées dans l'article : ThyssenKrupp, Tata Steel Limited, ArcelorMittal