Le fournisseur d'électricité et de gaz, très présent dans les services énergétiques, prévoit pour 2018 un résultat net récurrent part du groupe compris entre 2,45 et 2,65 milliards d'euros - comparé à 2,36 milliards en 2017 en données retraitées - ce qui induit une croissance brute de 8% et "une forte croissance organique sous-jacente".

Cet objectif repose sur une fourchette indicative d'Ebitda de 9,3 à 9,7 milliards d'euros.

Engie a relevé sa prévision de dividende à 0,75 euro par action en numéraire au titre de 2018, en hausse de 7,1% par rapport à celui proposé au titre de 2017 (0,70 euro), alors qu'il prévoyait précédemment un niveau stable.

A la Bourse de Paris, l'action Engie progressait de 3,64% à 13,105 euros à 11h32, signant la plus forte hausse du CAC 40 (0,26%) et ramenant ainsi sa baisse à environ 8% depuis le début de l'année.

"Nous avons réalisé notre plan à trois ans plus vite que prévu, et par conséquent franchi plus vite que prévu l'étape qui nous permet d'accélérer notre croissance", a expliqué lors d'une conférence téléphonique sa directrice générale, Isabelle Kocher.

"Malgré les interrogations que nous avons pu entendre ces derniers temps, la croissance organique des moteurs de croissance que nous avons sélectionnés a permis de compenser l'effet des cessions", a-t-elle également souligné.

Isabelle Kocher a aussi fait valoir que le nouveau périmètre d'activités du groupe affichait un Ebitda en progression organique de 5%, à comparer à -9% en 2015.

"Notre changement de cap est achevé (...), Engie a été simplifié, reprofilé, et il a accéléré sa course."

Depuis 2016, Engie met l'accent sur la production d'électricité renouvelable, les réseaux et le développement de nouvelles offres décentralisées, le groupe réduisant dans le même temps son exposition aux prix des matières premières et de l'énergie.

Sa transformation sur 2016-2018 est pratiquement achevée, avec un plan de cessions de 15 milliards d'euros réalisé à 90% - incluant la vente en cours de ses actifs dans l'amont du gaz naturel liquéfié (GNL) à Total - et un programme d'investissements de croissance de 14,3 milliards engagé ou "sécurisé" à hauteur de 97%.

Le groupe, dont l'Etat français détient 24,1% du capital et pourrait réduire sa participation, a revu à la hausse l'objectif d'économies sur trois ans de son programme "Lean 2018", à hauteur de 100 millions d'euros, et vise donc désormais un total de 1,3 milliard de gains nets au niveau de son Ebitda à horizon 2018 (947 millions à fin 2017).

SUEZ PEUT "FAIRE PLUS" EN MATIÈRE DE CROISSANCE

Engie a enregistré pour 2017 un résultat net part du groupe de 1,4 milliard d'euros (contre -0,4 milliard), un résultat net récurrent part du groupe de 2,6 milliards (+3,4%), un Ebitda de 9,3 milliards (-1,8% en variation brute, +5,3% en variation organique) et un chiffre d'affaires de 65,0 milliards (+0,3% en variation brute, +1,7% en organique).

Selon un consensus réalisé par Inquiry Financial pour Reuters, les analystes attendaient en moyenne un résultat net récurrent part du groupe de 2,35 milliards, un Ebitda de 9,4 milliards et des ventes de 64,3 milliards.

Engie compte 24 gigawatts (GW) de capacités renouvelables installées - soit 23% de son portefeuille de production global - et vise au moins 14 GW supplémentaires d'ici 2022.

Le futur président du conseil d'administration du groupe, Jean-Pierre Clamadieu, qui sera officiellement nommé en mai, a estimé mi-février que l'entreprise devait identifier de nouveaux moteurs de croissance et s'interroger notamment sur l'opportunité de procéder à des acquisitions.

Une source proche du conseil a par ailleurs récemment déclaré à Reuters que le groupe passait en revue des achats potentiels d'envergure pour compenser l'effet du plan de cessions sur ses résultats.

Jeudi, Engie a souligné avoir réalisé une quarantaine d'acquisitions au cours de deux dernières années et a fait savoir qu'il n'étudiait aucune opération de fusion-acquisition de grande ampleur.

Le groupe prévoit en outre de donner des indications sur ses perspectives de croissance à moyen terme au second semestre.

Alors que les analystes s'interrogent sur l'avenir des 32% du capital de Suez détenus par Engie, Isabelle Kocher a déclaré jeudi que son groupe était satisfait de cette participation mais que le n°2 mondial de la gestion de l'eau et des déchets pouvait "faire plus" en matière de croissance et de création de valeur.

A fin 2017, la dette nette d'Engie s'établissait à 22,5 milliards d'euros, en réduction de 2,3 milliards sur un an.

(Avec Geert de Clercq, édité par Jean-Michel Bélot)

par Benjamin Mallet

Valeurs citées dans l'article : Total, Engie, Solvay, Suez Environnement, innogy SE