Cette nouvelle offensive du groupe américain intervient à la veille de l'assemblée générale d'Akzo Nobel, au cours de laquelle la direction du fabricant néerlandais de peintures et de revêtements devrait faire face au mécontentement de certains actionnaires.

Ces derniers, emmenés par le fonds spéculatif Elliott Advisors, estiment qu'Akzo devrait au moins ouvrir le dialogue avec PPG pour examiner ses propositions plus en détail.

C'est aussi ce que demande le directeur général du groupe américain.

"Je pense qu'il est important qu'ils ouvrent leurs comptes et qu'ils s'assoient et nous écoutent", a déclaré Michael McGarry à Reuters. "Ils sont à court d'excuses pour expliquer pourquoi ils ne doivent pas agir ainsi."

Il a ajouté qu'au vu du soutien des actionnaires d'Akzo Nobel à un rapprochement, PPG avait l'intention de soumettre une offre officielle sur les actions du groupe néerlandais d'ici le 1er juin, que les dirigeants de sa cible aient choisi ou non d'engager des discussions d'ici là.

Des négociations pourraient en outre permettre de trouver des sources supplémentaires de création de valeur au-delà des 750 millions de dollars de synergies officiellement identifiés par PPG, a assuré Michael McGarry.

CONCESSIONS

Le titre Akzo Nobel a touché lundi un record à 82,95 euros avant de finir la séance sur un gain de 4,77% à 81,93 euros en Bourse d'Amsterdam, dont l'indice phare a pris 2,25%.

Dans un communiqué, PPG a souligné que, outre le relèvement de prix, sa nouvelle proposition contenait des "engagements importants et très précis dont nous sommes certains que les actionnaires d'Akzo Nobel les trouveront convaincants".

Le groupe néerlandais a confirmé avoir reçu une "troisième offre non sollicitée" de la part de PPG, sans la commenter sur le fond.

"Le directoire et le conseil d'administration d'Akzo Nobel vont attentivement examiner et prendre en considération cette proposition", a déclaré Akzo Nobel, propriétaire notamment de la marque Dulux, qui se dit contraint juridiquement de le faire.

Elliott Advisors s'est félicité de la décision d'Akzo Nobel d'examiner attentivement l'offre relevée dont le fonds a souligné qu'elle constituait une "proposition de bonne foi par une contrepartie crédible."

Un porte-parole d'Elliott avait dit auparavant que le fonds examinait lui aussi cette troisième offre et ne pouvait pas la commenter dans l'immédiat.

Pour les analystes de Morgan Stanley, le fait qu'Akzo Nobel n'ait pas rejeté d'emblée cette offre est intéressant. Ils jugent en outre que PPG a accepté d'importantes concessions au-delà du prix et du montant d'une éventuelle indemnité de rupture, notamment en matière d'emploi, de retraites, de recherche et développement et de localisation de sites de production.

"C'est la première fois qu'Akzo dit qu'il examinera une offre de PPG, bien qu'il nous faille attendre de voir quelle décision il prendra au bout du compte", écrivent-ils dans une note.

Columbia Threadneedle Investments, l'un des 20 principaux actionnaires d'Akzo Nobel avec une participation de 0,77%, a déclaré dans un communiqué que les dirigeants du groupe néerlandais n'avaient "maintenant plus d'excuses et (devaient) engager des discussions appropriées avec PPG".

STRATÉGIE D'INDÉPENDANCE

Michael Wegener, associé gérant du fonds spéculatif Case Equity Partners, qui a investi 6,7% de ses actifs dans Akzo Nobel, a abondé dans ce sens.

"Je ne vois pas comment la direction d'Akzo peut maintenant ne pas s'engager", a-t-il dit. "S'ils ne le font pas, PPG va très probablement s'adresser directement aux actionnaires."

PPG explique que sa nouvelle proposition de 96,75 euros par action Akzo, dividende inclus, se décompose en 61,50 euros de cash et 0,357 action. Cela représente une prime d'environ 50% par rapport au cours de clôture, à 64,42 euros, du titre Akzo Nobel le 8 mars, veille de l'annonce officielle d'une offre de PPG à 80 euros par action.

Les dirigeants d'Akzo ont ensuite rejeté en seulement 48 heures une deuxième offre de PPG à 90 euros par action, soumise le 20 mars, jugeant qu'elle ne valorisait pas correctement le groupe et qu'elle serait néfaste pour ses employés et ses clients.

A l'occasion de la publication de ses résultats, Akzo Nobel a détaillé la semaine dernière sa stratégie pour rester indépendant, qui repose essentiellement sur la scission de sa division chimie.

(Avec Greg Roumeliotis et Maya Keidan; Wilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Toby Sterling

Valeurs citées dans l'article : Akzo Nobel, PPG Industries, Inc.