Le transporteur à bas coûts, première compagnie aérienne européenne en termes de passagers transportés, s'est dit confiant dans sa capacité à recruter le nombre de pilotes dont il a besoin pour mener son ambitieux plan de croissance visant à passer de 130 millions de passagers transportés à 200 millions à l'horizon 2024, malgré le rejet d'une offre de hausse salariale par le personnel de sa principale implantation.

Ryanair s'est voulu rassurante sur la prochaine saison estivale en se disant "absolument" convaincue qu'elle disposerait d'un nombre suffisant de pilotes l'été prochain.

"La défaillance (du système de gestion des rotations des pilotes) a clairement montré que nous avons des faiblesses opérationnelles et nous devons y remédier dans les prochains mois", a dit le directeur général, Michael O'Leary, dans une présentation vidéo. "Nous ne pensons pas qu'il y ait de risques sur le programme de l'été 2018."

Il a ajouté que Ryanair recrutait 40 à 50 pilotes par semaine et qu'elle était confrontée à une "avalanche de candidatures".

Vers 08h50 GMT, l'action Ryanair avance de 5,40% à la Bourse de Dublin, en tête des hausses de l'indice sectoriel européen des valeurs du transport et des loisirs qui avance de 0,4%.

La capitalisation boursière de la compagnie a chuté de plus d'un milliard d'euros depuis l'annonce de ses premières annulations de vols, le 15 septembre, une mesure d'urgence destinée à fluidifier la gestion de sa flotte de 400 avions.

Ces annulations ont nui à son image et l'ont contrainte à revoir à la baisse ses objectifs de croissance pour la première fois depuis des années.

Ryanair a toutefois souligné le caractère temporaire de ces mesures et confirmé ses objectifs de croissance à long terme.

La compagnie a licencié son directeur général délégué, notamment en charge des tableaux de services, Michael Hickey, et recruté Peter Bellew, directeur général de Malaysia Airlines, avec pour mission de retenir les pilotes existants et d'en recruter de nouveau.

BAISSE DU PRIX DES BILLETS

Ryanair, dont les pilotes de 10 de ses 87 implantations ont accepté sa proposition de hausse salariale, a précisé que cette dernière lui coûterait environ 100 millions d'euros par an si elle est acceptée dans l'ensemble de ses implantations.

L'avantage compétitif en termes de coûts de Ryanair ne sera pas remis en cause pour autant, a dit Michael O'Leary.

"Les fondamentaux avantageux de Ryanair sur le long terme, confortés par sa faible base de coûts, demeurent intacts", a commenté Gerald Khoo, analyste chez Liberum dans une note de recherche.

Selon les pilotes, la proposition salariale a été rejetée par une majorité d'implantations mais Ryanair dit que deux seulement l'ont déclinée - Madrid et London Stansted.

"Nous essayons de comprendre quelles sont leurs inquiétudes et la porte est toujours ouverte", a déclaré le directeur financier, Neil Sorahan, en prévenant que des pilotes pourraient se retrouver avec des salaires inférieurs à ceux de leurs collègues faute d'accord.

"Nous (...) avons 30 nouvelles recrues qui ont bénéficié de la hausse de salaire" à Stansted, a-t-il dit.

La compagnie a dit avoir réduit le prix de ses billets de 5% sur les six premiers mois de son exercice comptable. Ils baisseront de 4% à 6% sur les six mois au 31 mars contre une fourchette de -5% à -7% précédemment annoncée.

Les surcapacités ont pesé sur les prix des billets des court-courriers en Europe au cours des dernières années, contribuant aux difficultés de concurrents comme Air Berlin, Monarch et Alitalia [CAIT.UIL], qui ont dû déposer leur bilan.

Des compagnies concurrentes de Ryanair ont dit avoir enregistré une augmentation des réservations en raison de ses annulations de vols.

Le bénéfice après impôts de la compagnie est ressorti à 1,293 milliard d'euros sur les six mois au 30 septembre conformément au consensus des analystes réalisé par la compagnie elle-même qui était de 1,298 milliard d'euros.

Ryanair a confirmé son objectif d'un bénéfice après impôts compris entre 1,4 et 1,45 milliard d'euros sur l'exercice fiscal en cours, clos le 31 mars.

Les 10 analystes interrogés par Ryanair elle-même s'attendent en moyenne à un bénéfice annuel après impôts de 1,433 milliard d'euros contre 1,488 milliard trois mois plus tôt.

(Conor Humphries, Marc Joanny pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Conor Humphries