(Actualisation: précisions sur l'opération, contexte)

PARIS/NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--L'introduction en Bourse (IPO) du câblo-opérateur Altice USA, filiale d'Altice (>> Altice), a permis de lever plus d'argent que n'importe quel autre groupe de télécommunications aux Etats-Unis depuis l'an 2000, ce qui constitue un signe encourageant pour un secteur en difficulté.

L'action Altice USA a été introduite à un prix unitaire de 30 dollars, selon une personne proche de l'opération, ce qui a permis de lever 1,9 milliard de dollars. Signe de forte demande pour cette IPO, Altice et les actionnaires vendeurs ont cédé plus de titres que prévu.

A ce prix, il s'agit de la plus importante IPO du secteur des télécommunications réalisée aux Etats-Unis depuis la bullet technologique des années 2000.

La filiale américaine d'Altice, née de la fusion de Cablevision Systems et Suddenlink Communications, devrait faire ses premiers pas sur le New York Stock Exchange jeudi. L'opérateur valorise Altice USA à plus de 20 milliards de dollars.

Les investisseurs qui ont souscrit à l'opération font le pari que le quatrième câblo-opérateur des Etats-Unis en termes de chiffre d'affaires sera en mesure de mettre à profit les capitaux levés pour se développer dans un environnement où la concurrence est âpre.

Les valeurs télécoms américaines ont chuté cette année. Les actions des concurrents d'Altice, AT&T (T) et Verizon Communications (>> Verizon Communications), se sont respectivement repliées de 10% et 15% en 2017. Les actions Altice cotées en Europe ont en revanche augmenté d'environ 20% sur la même période.

Patrick Drahi conserve le contrôle quasi total d'Altice USA

L'homme d'affaires Patrick Drahi, qui a fondé Altice, conservera le contrôle quasi total de la société après l'introduction en Bourse, selon un document réglementaire. Altice propose en effet des actions de classe A, qui ne comportent quasiment aucun droit de vote.

Altice, la société de capital-investissement BC Partners et le fonds de pension Canadian Pension Plan Investment Board ont vendu environ 63,9 millions d'actions, selon la personne proche de l'opération. Altice a actualisé son document réglementaire mercredi afin de tenir compte du fait que le groupe et les actionnaires vendeurs céderaient plus d'actions que les 46,6 millions initialement prévues. Le groupe comptait vendre les titres à un prix compris entre 27 et 31 dollars l'unité.

Les dirigeants d'Altice ont parcouru les Etats-Unis pour présenter leur projet aux investisseurs, effectuant notamment des arrêts à New York, Boston et en Californie, selon une personne proche du "roadshow", la tournée de présentation aux actionnaires potentiels.

Même stratégie de croissance qu'en Europe

Altice a déployé aux Etats-Unis la même stratégie de croissance qu'en Europe, où Patrick Drahi a profité de l'appétit des investisseurs pour la dette d'entreprises à haut rendement pour réaliser une série d'acquisitions. L'homme d'affaires réduit ensuite les coûts pour améliorer les bénéfices des entreprises rachetées.

Altice USA a réduit sa perte nette à 721,3 millions de dollars en 2016, après 1,1 milliard de dollars en 2015. Le bénéfice ajusté a progressé à 3,35 milliards de dollars, contre 2,77 milliards de dollars un an plus tôt, selon un document réglementaire.

D'après ce même document, la dette nette d'Altice USA dépasse les 20 milliards de dollars. Le groupe Altice présentait de son côté une dette supérieure à 50 milliards de dollars au 31 mars, et le groupe a payé environ 3 milliards d'euros d'intérêts l'année dernière, selon des documents réglementaires.

Les dirigeants d'Altice ont été interrogés sur le niveau d'endettement du groupe pendant leurs présentations aux investisseurs, selon la personne proche du "roadshow". Ils ont également dû répondre à des questions sur le projet de conversion des réseaux à la fibre et sur les économies attendues du rapprochement entre Cablevision et Suddenlink, selon cette personne.

Altice USA sera coté à New York sous le symbole "ATUS". Les banques J.P. Morgan Chase (>> JP Morgan Chase & Company), Morgan Stanley (>> Morgan Stanley), Citigroup (C) et Goldman Sachs (>> Goldman Sachs Group) sont chargées de l'opération.

-Nick Kostov et Corrie Driebusch, The Wall Street Journal

(Version française Maylis Jouaret) ed: VLV