La réorganisation a été annoncée mercredi en même temps que la publication de résultats décevants pour le sixième trimestre consécutif. Reckitt entend améliorer ses performances dans la santé grand public, où il vient de se renforcer, tout en se donnant les moyens de relancer ses activités dans l'hygiène et les produits pour la maison.

Le fabricant des préservatifs Durex, de l'antidouleur Nurofen et du désinfectant Lysol a fait état d'une baisse de 1% de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, qu'il a mis sur le compte des retombées d'une cyberattaque, d'un lancement de produit raté et d'un scandale sanitaire en Corée du Sud.

Les analystes attendaient en moyenne une croissance de 0,6%.

Reckitt table désormais sur une stabilité de ses ventes à périmètre comparable cette année, alors qu'il projetait jusque là une hausse de 2%, objectif qui avait été lui-même revu en baisse d'un point après le piratage informatique qu'a subi le groupe en juin.

Longtemps envié pour ses marges confortables et la croissance de ses ventes, Reckitt a vu son cours de Bourse chuter de 14% depuis le mois de juin en raison d'inquiétudes sur ses performances.

"La crédibilité du management prend encore un coup avec ce deuxième avertissement de l'année sur les ventes à périmètre comparable", jugent les analystes de Bernstein.

Le titre Reckitt perd 2,19 à 6.881 pence vers 13h30 GMT à la Bourse de Londres, la plus forte baisse de l'indice FTSE-100 qui avance de 0,43 à ce stade.

UN OEIL SUR LA SANTÉ GRAND PUBLIC DE PFIZER

La nouvelle organisation sera mise en place au début de 2018. Rob de Groot, actuellement à la tête des activités de Reckitt en Europe et en Amérique du Nord, prendra la tête de la division d'hygiène et d'entretien et rapportera à Rakesh Kapoor, qui restera directeur général du groupe et aura la charge de la division santé, laquelle représente environ les deux tiers du chiffre d'affaires.

La décision a été prise après le rachat pour 16 milliards de dollars (13,6 milliards d'euros) du fabricant d'aliments pour bébés Mead Johnson, qui a renforcé le groupe dans le segment de la santé grand public.

Certains analystes voient dans cette restructuration le prélude à une vente des produits d'entretien et d'hygiène, comme Reckitt l'a fait avec la pharmacie en 2014 ou avec ses marques d'alimentation américaines, cédées en août à McCormick & Co pour 4,2 milliards de dollars.

"De notre point de vue, la nouvelle structure pourrait préluder à une scission ou une vente de RB Hygiene Home, surtout si le groupe peut mettre la main sur un actif de choix comme la division de santé grand public de Pfizer", écrivent les analystes de Liberum dans une note.

Pfizer, le géant américain de la pharmacie, a annoncé le 10 octobre envisager une vente ou une scission de son pôle de santé grand public, qui comprend des marques comme Advil et Chapstick.

Rakesh Kapoor a nié toute intention de sortir de la santé ou de l'hygiène, assurant que la réorganisation visait à améliorer les performances de chaque division sur le long terme.

Mais il a reconnu être intéressé par les produits grand public de Pfizer.

"Si l'une des options (de Pfizer) sera de vendre, on regardera le dossier", a-t-il dit, refusant en revanche de se prononcer sur les médicaments sans prescription qu'envisage également de céder l'allemand Merck.

Les analystes se demandent cependant si Reckitt aurait les moyens et la capacité d'intégrer les marques grand public de Pfizer si peu de temps après le rachat de Mead Johnson.

(Wilfrid Exbrayat et Véronique Tison pour le service français)

par Martinne Geller

Valeurs citées dans l'article : Merck KGaA, Reckitt Benckiser, Pfizer