"Nous sommes en contact régulier avec un grand nombre de participants au marché. Nous examinons en permanence toutes les options stratégiques qui s'offrent à notre entreprise", a dit Rolf Martin Schmitz lors de la conférence de presse de présentation des résultats annuels du groupe.

Ces déclarations interviennent après la publication d'une dépêche de Bloomberg faisant état d'un intérêt de la part du français Engie pour Innogy, la filiale de réseaux et d'énergies renouvelables que RWE a introduite en Bourse l'an dernier en conservant 76,8% du capital.

Prié de dire si RWE pourrait de son côté chercher à mettre la main sur Uniper, entité dans laquelle son concurrent E.ON a placé ses centrales électriques au gaz et au charbon et ses activités de courtage d'énergie, Rolf Martin Schmitz a répondu: "Nous examinons toutes les options. Et toutes les options, cela veut dire toutes les options."

Le directeur financier de RWE a quant à lui déclaré que le groupe ne subissait pas de pression particulière pour céder ou réduire sa participation dans Innogy.

"La situation actuelle nous convient bien", a dit Markus Krebber, ajoutant : "Nous ne sommes pas pressés (de vendre)."

La volonté des responsables politiques allemands de sortir du nucléaire et de promouvoir les énergies renouvelables a contraint RWE et E.ON à repenser entièrement leur modèle d'entreprise.

Les perspectives ouvertes par Rolf Martin Schmitz ont entraîné une hausse des titres RWE et Innogy en Bourse de Francfort, qui ont enregistré le plus fortes progressions de l'indice européen Stoxx 600.

Les deux valeurs ont toutefois réduit leur gains peu avant la clôture, à +5,61% et +4,28% respectivement vers 17h25, des traders citant un article de BFM Business selon lequel Engie n'est en fait pas intéressé par Innogy.

MORGAN STANLEY POSITIF SUR UN RACHAT D'INNOGY PAR ENGIE

"RWE cherche un partenaire pour récupérer de l'argent (...), Mais nous n'avons pas intérêt à être minoritaire d'une grande société déjà contrôlée", selon un proche du groupe français cité par BFM.

Engie n'a pas souhaité commenter ces informations. L'action du groupe français a clôturé en baisse de -1,35% tandis que EON gagnait 0,4% et Uniper 2,7%.

Les analystes de Morgan Stanley pensent qu'un rachat d'Innogy par Engie aurait du sens. Pour eux, cela permettrait à l'ancien monopole français du gaz d'avoir accès à une clientèle en Grande-Bretagne et à des réseaux en Allemagne et d'augmenter la part de son bénéfice tiré des tarifs réglementés.

Isabelle Kocher, la directrice générale d'Engie, met en oeuvre un plan de transformation du groupe énergétique français visant à mettre l'accent sur les réseaux et les énergies renouvelables.

Elle a en outre déclaré début mars qu'Engie n'excluait pas des acquisitions dans les renouvelables, soulignant toutefois que le groupe en faisait "de manière ciblée".

Le titre Engie a chuté de plus de 70% depuis ses plus hauts de 2008 et sa capitalisation boursière de plus de 30 milliards d'euros est désormais nettement inférieure à sa valeur comptable, ce qui rendrait très onéreuse une acquisition d'une entreprise de la taille d'Innogy via une augmentation de capital.

Les analystes de HSBC ne s'attendent pas à voir Engie émettre une offre sur Innogy, dont la capitalisation boursière approche les 20 milliards d'euros. A leurs yeux, le portefeuille d'activités de l'entreprise allemande ne correspond pas aux "ambitions de croissance (d'Engie) dans lesquelles l'efficacité énergétique et le solaire occupent une grande place".

Innogy et Engie, contrôlé à 28,65% par l'Etat français, ont refusé de s'exprimer sur le sujet.

"Il faudrait aussi jeter un regard positif vers E.ON, qui pourrait être une cible aussi intéressante (et moins chère) pour Engie si RWE venait à rejeter son offre", pense Deepa Venkateswaran, analyste chez Bernstein.

RWE affiche l'ambition de rester l'actionnaire majoritaire d'Innogy à long terme. Il a déclaré mardi qu'une décision de son conseil d'administration l'autorisait à ramener sa participation dans Innogy à 51%.

Le groupe de services aux collectivités a annoncé le mois dernier qu'il passerait le dividende sur ses actions ordinaires pour une deuxième année consécutive. Rolf Martin Schmitz a déclaré mardi qu'il ne serait pas judicieux de financer le versement d'un dividende par l'endettement ou la vente d'une participation dans Innogy.

(Avec Vera Eckert et Geert De Clercq à Paris; Bertrand Boucey et Benjamin Mallet pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Christoph Steitz et Tom Käckenhoff

Valeurs citées dans l'article : Engie S.A., RWE AG, E.ON SE, Uniper SE, Innogy SE