Deutsche Bank, unique teneur de livre pour le placement, a précisé mardi avoir cédé les 1,8 milliard d'actions concernées au prix unitaire de 0,265 euro.

Ce prix représente une décote de 6,7% par rapport au cours de clôture de lundi à 0,28 euro. A la Bourse de Dublin, l'action de Bank of Ireland recule de 3,52% à 0,2740 euro vers 8h45 GMT, la plus forte baisse de l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300.

Le fonds d'investissement de Wilbur Ross, spécialisé dans les entreprises en difficulté, figurait parmi les investisseurs nord-américains qui avaient acquis 35% du capital de Bank of Ireland quelques mois seulement après le début du plan d'aide accordé à l'Irlande par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

En mars, il avait déjà ramené sa participation d'environ 9% à 5,5% en cédant des actions à 0,33 euro. Wilbur Ross a triplé son investissement initial puisqu'il avait acquis les titres au prix unitaire de 0,10 euro.

Le financier a assuré à Reuters lundi que son désengagement ne remettait pas en cause sa confiance dans l'avenir de la banque. Il ne s'agit "absolument pas d'un jugement négatif sur BoI ou sur l'Irlande (...) Cet investissement a été fantastique pour nous et nos investisseurs", a-t-il dit en réponse à des questions envoyées par courriel.

Il a précisé que les règles européennes limitant le nombre de conseils d'administration de banques au sein desquels peut siéger un même actionnaire avaient contribué à sa décision.

Prem Watsa, le patron de Fairfax Financial qui faisait partie du consortium en 2011 et a également cédé des actions en mars, a lui aussi assuré que la décision de Wilbur Ross n'avait "aucun rapport" avec la situation de BoI et il s'est engagé à conserver sa propre participation de 5,8% sur le long terme.

BoI, seule banque irlandaise à avoir échappé à une nationalisation complète lors de la crise financière, a annoncé en avril avoir été bénéficiaire sur les premiers mois de l'année et les analystes s'attendent à ce qu'elle passe sans difficulté les tests de résistance auquel le secteur sera soumis cette année.

"Sur le plus long terme, le retrait de Wilbur Ross pourrait être positif pour la banque puisqu'elle ne sera plus dépendante d'un gros actionnaire", observe Ciaran Callaghan, analyste chez Merrion Stockbrokers, dans une note. "Mais à court terme, ce départ soudain risque de soulever des interrogations sur la valorisation du titre et les défis qui restent à relever pour la banque, en dépit de son récent retour au bénéfice."

L'Etat irlandais reste le premier actionnaire du groupe bancaire avec 14% du capital.

(Véronique Tison et Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Freya Berry et Padraic Halpin