Londres (awp/afp) - Le géant minier australien BHP s'est dit "déçu" après le rejet lundi d'une offre de rachat améliorée sur son rival britannique Anglo American, décidé à se défendre... ou à faire monter les enchères.

BHP a mis sur la table 34 milliards de livres (près de 40 milliards d'euros) soit trois milliards de livres de plus que son offre initiale. Anglo American l'avait jugée "très peu attractive" et opportuniste.

La nouvelle offre "continue de sous-évaluer considérablement Anglo American et ses perspectives d'avenir", a estimé l'entreprise ciblée lundi dans un communiqué. Son conseil d'administration l'a rejetée à l'unanimité.

"BHP est déçu que le conseil d'administration d'Anglo American ait choisi de ne pas engager de discussions avec BHP", d'après le communiqué du groupe australien.

Dans sa nouvelle copie, qui avait été soumise le 7 mai, BHP a augmenté le nombre de ses actions qui seraient reçues par les actionnaires d'Anglo American.

Comme dans sa première offre, présentée le 16 avril, BHP ne prévoit pas de reprendre deux filiales sud-africaines d'Anglo American, l'activité de platine et celle de minerai de fer, qui feraient l'objet d'une scission avant la finalisation de l'opération.

Cette structure est "très peu attrayante pour les actionnaires d'Anglo American, compte tenu de l'incertitude et de la complexité qu'elle présente, ainsi que des risques d'exécution importants", a ajouté Anglo American lundi.

"BHP a présenté une offre révisée au CA d'Anglo American qui, nous le pensons vivement, serait une option gagnante-gagnante pour" les actionnaires des deux groupes, assure pourtant Mike Henry, le directeur général de BHP.

Il répète que les deux groupes formeraient une "bonne combinaison stratégique" avec de nombreuses synergies.

Cuivre rutilant ___

L'action d'Anglo American perdait 0,36% à 2.763,50 pence vers 14H45 GMT et celle de BHP 0,39% à 2.288,00 pence.

Le titre du groupe britannique a bénéficié depuis le début de l'offensive de BHP de spéculations des investisseurs qui s'attendent à des offres concurrentes de la part d'autres géants du secteur des mines, comme Glencore et Rio Tinto, même si ces derniers n'ont pas bougé pour l'instant.

Le rachat, s'il se concrétise, représenterait l'un des plus gros mariages du secteur depuis des années et créerait le principal producteur au monde de cuivre, métal clé pour la transition énergétique, permettant de nombreuses utilisations industrielles comme la composition de batteries de véhicules électriques.

Pour Joshua Mahony, analyste de Scope Markets interrogé par l'AFP, ce second rejet signale que "toute transaction ne se fera pas au rabais", surtout si "un autre prétendant s'en mêle".

"BHP n'a pas caché qu'il cible particulièrement les actifs de cuivre d'Anglo American et le fait que nous ayons eu un sommet en deux ans vendredi montre qu'il va falloir faire vite avant de voir" le prix de ces actifs monter encore, ajoute-t-il.

Le cours du cuivre est en forte hausse depuis un an (+22%) et Anglo American, tout comme les experts du marché, s'attendent à ce que le métal rouge continue sur cette lancée.

"La difficulté est que la prime attachée à l'entreprise est liée au cours de l'action et celle-ci" avait été divisée par deux en un an jusqu'à ce que la convoitise de BHP la fasse rebondir, conclut M. Mahony.

Le géant australien, l'une des plus grandes entreprises minières au monde, a récemment connu une chute de son bénéfice à la suite de la baisse des cours mondiaux du nickel et à des compensations versées après une catastrophe minière survenue en 2015 au Brésil.

Anglo American a annoncé en début d'année son intention de supprimer des milliers d'emplois dans son activité platine en Afrique du Sud.

afp/rp