Le groupe de Lakshmi Mittal a perdu près de 14% en bourse depuis le 18 avril, entraînant une sousperformance importante du titre par rapport au Stoxx Europe 600 en 2019 : l'aciériste a effacé ses gains alors que l'indice large européen a progressé de 14,5%. Que se passe -t-il ?
 
Il y a des éléments de réponse à trouver dans le communiqué diffusé hier soir par le groupe. La direction a décidé de réduire "temporairement" la production annuelle européenne de 3 millions de tonnes. En 2018, la production de l'aciériste avait atteint 92,5 millions de tonnes, dont 44,7 millions de tonnes en Europe, si bien que la réduction représente 6,7% de la production européenne 2018.

ArcelorMittal cite pêle-mêle, pour justifier cette "regrettable décision", le ralentissement de la demande, une hausse des importations à cause du manque de protection de l'Union européenne, une inflation des frais énergétiques et un accroissement des coûts liés aux émissions de gaz carbonique (+230% depuis début 2018 !). Concrètement, le sidérurgiste va mettre à l'arrêt le circuit de production primaire (haut-fourneau et usine d'acier) de son site de Cracovie en Pologne, réduire la production dans les Asturies et ralentir son programme de montée en puissance en Italie. Le PDG d'ArcelorMittal Europe Produits Plats, Geert van Poelvoorde, peste contre la concurrence qui n'est pas confrontée à des règles environnementales aussi strictes et en appelle à l'UE pour mieux protéger le marché intérieur, en tout cas au-delà de l'arsenal déjà mis en place.
 
Un secteur en convalescence permanente
 
Cet empilage d'éléments adverses explique largement la défiance des investisseurs, d'autant que certains bureaux d'études ont déjà tiré la sonnette d'alarme. "Evitez les investissements dans les entreprises du métal", recommande Christian Obst, de Baader Helvea, à ses clients. Dans une étude parue hier, l'analyste estime que l'environnement pour les producteurs d'acier est en train de se dégrader, ce qu'illustre tout à fait la communication d'ArcelorMittal. Mais au-delà des facteurs détaillés par le numéro un mondial, Obst voit aussi d'autres nuages à l'horizon. "Le delta important entre les prix du minerai de fer et les prix de l'acier européen et la faible demande en provenance de l'industrie automobile sont deux facteurs additionnels et des points de vigilance importants pour jauger de l'évolution des résultats du secteur", ajoute-t-il, avant même de prendre en compte les conséquences d'une éventuelle taxation additionnelle de l'acier chinois aux Etats-Unis (qui redirigerait des flux vers l'Europe) ou l'arrivée des négociations sur les importations de véhicules automobiles européens aux Etats-Unis (qui pourrait encore compliquer les perspectives du secteur automobile).
 
Chaque début d'année depuis la fin de la crise des subprimes, le dossier est cité comme un bénéficiaire potentiel de la croissance économique. Mais le bilan sur dix ans, illustré par le graphique qui suit, montre qu'en dépit de millésimes positifs (2016 et 2017 notamment), la tendance de long terme est très, très négative.
 

Le parcours d'ArcelorMittal (noir) par rapport à l'indice large Stoxx Europe 600 (rouge)