(Répétition sans changement de l'avant-papier transmis vendredi)

* Axa va présenter son plan stratégique à horizon 2020

* Les investisseurs habitués à Henri de Castries depuis 15 ans

* Les syndicats pas inquiets pour l'emploi jusqu'à fin 2018

* Assurer la croissance des résultats malgré les taux bas

par Matthieu Protard

PARIS, 17 juin (Reuters) - Pour Thomas Buberl, le futur directeur général d'Axa, la journée du 21 juin s'annonce comme un véritable baptême du feu.

L'Allemand aura en effet la lourde tâche de présenter mardi à la communauté financière la nouvelle feuille stratégique de l'assureur français, celle qui marquera l'ère de l'après-Henri de Castries auquel Thomas Buberl succédera début septembre.

Parce qu'il est peu connu des analystes, sa prestation sera passée au crible, tout comme sa capacité à piloter le numéro deux de l'assurance en Europe dans un environnement délicat de taux d'intérêt historiquement bas.

"Pour Thomas Buberl, il va s'agir d'un examen de passage. Il ne faut pas sous-estimer l'importance de l'exercice", souligne Olivier Pauchaut, analyste et responsable de la recherche chez Bryan, Garnier & Co. "Son charisme, sa faculté à embrasser avec aisance tous les sujets qui seront évoqués seront surveillés."

"Depuis 15 ans, la communauté financière est habituée à Henri de Castries. Il n'est pas évident de lui succéder", poursuit l'analyste. "L'ombre est importante et le costume est large."

Axa a créé la surprise au mois de mars en propulsant Thomas Buberl à sa tête à la suite de la décision de Henri de Castries de quitter ses fonctions après vingt-sept ans de carrière au sein du groupe.

Il s'est efforcé d'assurer une transition en douceur en confiant à compter du 1er septembre la présidence du conseil d'administration à Denis Duverne, l'actuel numéro deux du groupe.

A la suite des départs de deux poids lourds de la société, Jean-Laurent Granier, PDG d'Axa Global P&C, et Nicolas Moreau, patron d'Axa France et candidat malheureux à la succession de Henri de Castries, le groupe a nommé une nouvelle équipe de direction.

"CHASSEUR DE COÛTS"

Au début du printemps, Thomas Buberl, actuellement directeur général adjoint, a levé un coin de voile sur ce que sera sa feuille de route : poursuivre l'effort d'adaptation du groupe à l'ère du digital engagé par Henri de Castries.

En dépit de sa réputation de "chasseur de coûts", les syndicats ne redoutent pour l'heure aucune casse sociale, rappelant que de nouveaux accords sur l'emploi au sein d'Axa viennent tout juste d'être signés.

"La nouvelle direction nous a dit qu'il y aurait des plans d'économies supplémentaires mais, dans le cadre de la gestion prévisionnelle de l'emploi, nous avons signé en mars des accords qui protègent les salariés pendant trois ans, c'est-à-dire jusqu'à fin 2018", a déclaré à Reuters Bernard Bosc, coordinateur syndical national adjoint CFDT.

"La nouvelle équipe nous a d'ailleurs dit qu'elle n'avait pas l'intention de revenir sur ces accords et que le dialogue social resterait la pierre angulaire des relations avec les partenaires sociaux, comme c'était le cas avec Claude Bébéar et Henri de Castries."

PAS DE PLAN SOCIAL EN FRANCE

Du côté d'Axa France, on confirme la signature de ces accords avec les syndicats et qu'aucun plan social n'est prévu en France.

"Nous voulons poursuivre notre politique de dialogue social telle que nous la pratiquons depuis de nombreuses années", a expliqué à Reuters Sibylle Quéré-Becker, directrice du développement social d'Axa France.

"Les départs naturels vont nous permettre de recruter les compétences dont nous avons besoin dans le cadre de notre plan de transformation. Les investissements importants que nous prévoyons supposent de poursuivre nos efforts d'économies."

Pour les analystes de Jefferies, le défi pour la nouvelle équipe dirigeante sera de présenter un plan stratégique à horizon 2020 avec un double objectif : être "crédible" en période de taux d'intérêt bas et garantir la croissance des résultats du groupe à moyen terme.

"Nous pensons qu'une croissance annuelle de 5% du bénéfice par action est ambitieuse mais atteignable", estiment de leur côté les analystes de JP Morgan Cazenove.

Lors de son précédent plan stratégique à cinq ans, couvrant la période de 2011 à 2015, Axa a dégagé en moyenne une croissance annuelle de 7% de son résultat opérationnel par action, pour un objectif compris entre +5% et +10%.

Cet objectif avait néanmoins été revu à la baisse fin 2012 en raison de la crise de la dette souveraine dans la zone euro, l'assureur ayant à l'origine tablé sur une croissance de 10% par an.

"Entre 2004 et 2012, les plans stratégiques ont certes été utiles - notamment en interne - mais les objectifs chiffrés n'ont généralement pas été tenus", rappelle Olivier Pauchaut, chez Bryan, Garnier & Co.

"Les seuls plans stratégiques qui ont tenu sont ceux qui viennent de se terminer, mais après avoir été révisés drastiquement à la baisse dans la foulée de la crise de la dette souveraine." (Avec Maya Nikolaeva, édité par Dominique Rodriguez)