Genève (awp) - Face à une crise conjoncturelle d'ampleur historique, l'économie genevoise a su résister, notamment grâce aux mesures étatiques, prêts Covid et réduction des horaires de travail (RHT) en tête. Impossible cependant d'anticiper l'impact de nouvelles restrictions des activités sur des secteurs fragilisés, selon une étude publiée mardi.

"La crise sanitaire a été un stress test (...) pour vérifier la solidité de l'écosystème genevois. Je crois que nous avons des raisons d'être optimistes, même s'il faut rester vigilants", a expliqué mardi Vincent Subilia, directeur général de la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG) en conférence de presse. La CCIG présentait avec son partenaire, la Banque cantonale de Genève (BCGE) la 14e édition de son étude économique.

Conduite par l'Institut de recherche appliquée en économie et gestion de la HEG Genève, l'étude a tenté de répondre à la question "Genève est-elle prête pour la prochaine crise?". Pour M. Subilia, si un scénario catastrophe ne peut être exclu - au regard des récents développements de la crise et la propagation du variant Omicron - les fondamentaux de l'économie sont bons. Les entrepreneurs "ont fait preuve d'une agilité et d'une résilience sans précédent", selon lui.

La bonne diversification sectorielle constituerait un atout pour Genève, la banque, la finance, la pharma et le négoce de matières première ayant permis - entre autres - au canton de résister face à la pandémie.

"Un nouveau confinement pourrait clairement mettre à mal de nombreuses entreprises, en particulier dans l'hôtellerie et la restauration. Ces entreprises ont réussi à passer le cap. Si on passe à un système dans lequel on ouvre et on ferme l'économie de manière épisodique et régulière, cela risque effectivement de fragiliser ces secteurs", a cependant averti Giovanni Ferro Luzzi, co-auteur de l'étude.

Pour arriver à leurs conclusions, les chercheurs ont passé au crible l'évolution trimestrielle du PIB, du marché du travail, du commerce extérieur et des transports durant la crise et analysé les chiffres relatifs aux prêts attribués aux entreprises ainsi que le recours aux RHT.

Des statistiques en montagnes russes

Les chutes essuyées l'année dernière à Genève et en Suisse globalement ont été les plus "brutales" en comparaison à toutes les crises connues depuis le choc pétrolier des années 1970, a souligné Sylvain Weber, co-auteur de l'étude. "Suite à cela, nous avons assisté à une récupération tout aussi violente du PIB, puisque l'augmentation a atteint 6% au 3e trimestre", a-t-il indiqué, évoquant une crise en forme de "V".

M. Ferro Luzzi a expliqué que la mise en "coma économique" a affecté durement les entreprises, qui ont pu toutefois se remettre rapidement une fois sorties de cet état. "Si vous regardez la crise des subprimes ou les précédentes, (...) la reprise était parfois anémique."

Un constat similaire peut être fait pour le taux de chômage, qui a pris l'ascenseur avant de redescendre de manière aussi rapide. A cet égard, l'accès facilité aux RHT décidé par la Confédération a empêché une envolée durable des statistiques, selon les conclusions de l'étude.

Les aides financières ont également permis aux entreprises genevoises de passer l'épaule. Ces dernières ont touché 1,36 milliard de francs suisses en crédits Covid, 31 millions de la Fondation d'aide aux entreprises (FAE) mais également 425 millions pour les cas de rigueur, soit de l'argent versé à fonds perdus pour des entreprises très fragilisées par les restrictions étatiques.

L'Aéroport de Genève a subi de plein fouet les restrictions de voyage et les fermetures imposées par les autorités, un coup dur dont il peine à se remettre. Les Transports publics genevois (TPG) n'ont également pas retrouvé les niveaux de fréquentation d'avant-crise. Les auteurs de l'étude soupçonnent le recours à la visioconférence, au télétravail et à la voiture personnelle d'être à l'origine de ces baisses potentiellement "structurelles".

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