Alors qu'une baisse des taux semblait imminente, l'inflation a refait surface et la vigueur du dollar oblige les autres banques centrales à protéger leur monnaie et à reconsidérer leurs choix politiques.

Ce qui semblait acquis il y a quelques semaines - la Réserve fédérale s'engageant dans une série de baisses de taux favorables aux marchés au cours du premier semestre de l'année - semble désormais peu probable, alors que la saison des bénéfices s'accélère.

Kevin Buckland à Tokyo, Rae Wee à Singapour, Ira Iosebashvili à New York et Dhara Ranasinghe et Naomi Rovnick à Londres vous informent sur l'évolution des marchés la semaine prochaine.

1/ TRACER UNE LIGNE

Le ministre japonais des finances souhaite enrayer la chute du yen à son niveau le plus bas depuis 34 ans, potentiellement sans rien dépenser en intervention.

Shunichi Suzuki a tenu un dialogue trilatéral sans précédent avec la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, et son homologue coréen, ce qui a permis aux États-Unis de reconnaître les "graves préoccupations" des pays asiatiques concernant la chute brutale de leurs monnaies.

Ces "préoccupations" feront également l'objet d'une déclaration du G7, qui réaffirmera qu'il n'est pas souhaitable que les devises fluctuent de manière excessive, ce que le G7 n'a pas fait depuis octobre 2022.

Les autorités japonaises pourraient se réjouir d'une telle issue, car une intervention se ferait à contre-courant de la politique monétaire.

Le président de la Fed, Jay Powell, a indiqué que les réductions de taux aux États-Unis prendraient probablement plus de temps que prévu, tandis que les responsables de la Banque du Japon ont indiqué que les hausses dans leur pays seraient extrêmement lentes, ce qui pourrait être confirmé lors de leur réunion de politique générale qui débutera le 25 avril.

2/ENCORE EN DIFFICULTÉ

Les monnaies asiatiques ont été malmenées par un dollar implacable pendant la majeure partie des deux dernières années et la situation ne fait qu'empirer.

En une journée, la roupie indonésienne est revenue, après les vacances de l'Aïd al-Fitr, à son niveau le plus bas depuis quatre ans, le won coréen a atteint son niveau le plus bas depuis plus d'un an, tandis que la roupie indienne et le dong vietnamien ont chuté à des niveaux historiquement bas.

Le dollar se porte bien et l'économie américaine ne craint pas les taux d'intérêt élevés, de sorte que les banques centrales des pays émergents d'Asie risquent de connaître des moments difficiles.

L'inflation bénigne dans la région et le ralentissement de la croissance suggèrent que les décideurs politiques pourraient être justifiés de réduire les taux, mais aller au-devant de la Fed ne ferait que nuire davantage à leurs monnaies.

La Banque d'Indonésie se réunit les 23 et 24 avril, et les analystes estiment qu'il y a un risque croissant que la banque centrale, qui était autrefois censée être l'une des premières à réduire ses taux dans la région, augmente les siens.

3/VEILLE À L'INFLATION

L'inflation américaine stagnante et le pétrole en hausse de 14 % cette année signifient que les pressions sur les prix sont de nouveau au centre des préoccupations.

Ainsi, lors de la publication des indices rapides PMI de l'activité commerciale d'avril dans les économies mondiales, l'attention se portera sur tout signe de retour de l'inflation, en particulier dans le secteur des services.

Le PMI américain de mars a montré qu'une mesure des prix payés par les entreprises pour les intrants a atteint son niveau le plus bas en quatre ans, tandis que l'inflation dans la zone euro a ralenti pour atteindre 2,4 % en mars.

Cependant, les derniers chiffres de l'inflation américaine et les tensions au Moyen-Orient qui maintiennent le pétrole à un niveau élevé rendent les investisseurs nerveux. Un indicateur clé des attentes du marché en matière d'inflation dans la zone euro a atteint son plus haut niveau depuis décembre.

Les indices PMI pourraient également montrer que la zone euro ne se porte pas trop mal. L'indice PMI de mars a montré que l'activité a augmenté pour la première fois depuis le mois de mai.

4/GRANDS RAPPORTS TECHNOLOGIQUES

Les investisseurs doivent faire face à une reprise hésitante des actions américaines et à une diminution des attentes concernant la baisse des taux d'intérêt américains cette année.

Le fabricant de véhicules électriques Tesla publiera ses résultats le 23 avril, Meta, la société mère de Facebook, le 24, et Microsoft et Alphabet, la société mère de Google, le 25.

Les investisseurs auront également un autre regard sur les données relatives aux prix le 26 avril avec l'indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE), dont les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce qu'il ait augmenté de 0,3 % en mars.

5/DU VILAIN AU GENTIL ?

Les banques européennes sortent enfin de la liste des vilaines, l'indice STOXX des banques ayant progressé de 12 % jusqu'à présent en 2024.

Les hausses de taux d'intérêt ont permis aux banques de bénéficier d'une manne en 2023, en creusant l'écart entre ce qu'elles facturent pour les prêts et ce qu'elles versent aux épargnants. Les investisseurs examineront attentivement les prochains rapports trimestriels sur les bénéfices afin d'évaluer le coût des baisses de taux de la Banque centrale européenne, qui devraient débuter en juin, pour les prêteurs.

Barclays prévoit une croissance nulle des bénéfices des banques européennes en 2024, puis un modeste gain de 5 % en 2025.

Cependant, JPMorgan recommande une position globale moins pessimiste sur les actions des banques européennes, tandis que ses analystes de crédit considèrent que ces prêteurs sont moins exposés au secteur de l'immobilier commercial en difficulté que leurs homologues américains.

BNP Paribas, Deutsche Bank et Barclays font partie des grandes banques qui publieront leurs résultats au cours de la semaine à venir.