PARIS (awp/afp) - L'adjoint chargé de l'Europe de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, Hermano Sanches Ruivo, a démissionné vendredi de ses fonctions après l'ouverture d'une enquête, la commission de déontologie des élus parisiens pointant un conflit d'intérêts entre ses activités publiques et privées.

"Je constate que les conditions politiques de l'exercice normal de mon mandat d'adjoint à la Maire de Paris en charge de l'Europe ne sont plus réunies", a déclaré l'élu, âgé de 55 ans, dans une déclaration transmise à l'AFP.

"J'ai décidé de démissionner de mon poste d'adjoint, le temps de me consacrer exclusivement à ma défense", explique M. Sanches Ruivo qui se tient "à la disposition de la justice" et se dit de "bonne foi".

Huit jours auparavant, la mairie de Paris avait annoncé saisir sa commission de déontologie après l'audition de cet élu par la police pour des soupçons de blanchiment de fraude fiscale, rapportés par Le Parisien.

Jeudi, la commission de déontologie des élus du Conseil de Paris a rendu à Anne Hidalgo un avis "pointant un conflit d'intérêts entre ses activités privées et publiques", indique la mairie à l'AFP.

De plus, selon la même source, la commission a trouvé des divergences entre la déclaration d'intérêts de l'élu et celle faite lors de son audition.

L'enquête étant déjà ouverte, la mairie n'a plus à recourir à la procédure au titre de l'article 40 imposant à tout agent public ayant connaissance d'un crime ou délit d'en informer le procureur. L'avis de la commission "sera transmis au parquet de Paris dans le cadre de son enquête", indique la mairie.

L'AFP n'a pas pu obtenir confirmation du parquet de l'ouverture d'une enquête.

Selon Le Parisien, l'élu d'origine portugaise aurait été placé en garde à vue en octobre "suite à une dénonciation anonyme". L'intéressé a lui assuré au journal avoir répondu aux enquêteurs, mais pas sous le régime de la garde à vue.

L'entourage de l'élu (groupe PS et apparentés) n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Selon sa déclaration d'intérêts modificative datée du 6 avril 2021, M. Sanches Ruivo n'avait pas d'activité privée rémunérée.

Outre son indemnité d'élu, il percevait jusqu'en 2020 inclus une indemnité en tant que membre du conseil d'administration de la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), société d'économie mixte détenue aux deux tiers par Engie et un tiers par la Ville.

En novembre, un ancien élu, Jean-Louis Missika, adjoint à l'urbanisme lors du premier mandat d'Anne Hidalgo, avait dû démissionner de deux missions pour les groupes immobiliers Novaxia et Gecina. Dans le cas de Novaxia, la commission de déontologie avait jugé auprès de l'AFP qu'il s'agissait d'un "problème déontologique majeur".

Réélue en juin 2020, Anne Hidalgo, désormais candidate du PS à la présidentielle, avait constitué une équipe de 37 adjoints. M. Sanches Ruivo est le quatrième à démissionner.

Dès juillet 2020, l'adjoint à la culture Christophe Girard avait été poussé à la démission en raison de ses liens avec l'écrivain accusé de pédophilie Gabriel Matzneff. Puis en septembre, c'est l'adjoint à la Seine Pierre Aidenbaum qui avait démissionné avant d'être mis en examen pour viol.

Célia Blauel (prospective 2030 et résilience), qui avait récupéré sa délégation, a démissionné début décembre pour raisons personnelles.

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