par John Crawley et Kevin Krolicki

GM, qui a perdu 82 milliards de dollars depuis 2005 (62 milliards d'euros), est maintenu sous perfusion depuis le début de l'année grâce à une aide d'urgence de 13,4 milliards de dollars du Trésor américain et demande une aide supplémentaire de 16,6 milliards de dollars à l'Etat fédéral.

Le groupe n'a pas confirmé la démission de son PDG - Wagoner était à Washington vendredi pour une réunion avec le groupe de travail "automobile" mis sur pied par la Maison blanche - mais un responsable de la Maison blanche a indiqué sous le sceau de l'anonymat que cela avait été fait à la demande du gouvernement.

On en sait pas en revanche quand le départ de Wagoner sera effectif ni le nom de son successeur.

Fritz Henderson, directeur général adjoint, est largement considéré comme le candidat le mieux placé en interne pour succéder à Wagoner.

Le président Obama avait la semaine dernière parlé de mauvaise gestion "au cours des dernières années" dans le secteur automobile, un point qui semblait surtout viser Wagoner dans la mesure où ses homologues Alan Mulally de Ford et Bob Nardelli chez Chrysler sont relativement nouveaux dans leurs postes et ne sont pas issus du secteur automobile.

L'action GM a perdu près de 95% depuis 2000, année où Rick Wagoner a pris la direction générale de la société. Elle a fini vendredi à 3,62 dollars, en hausse de 6,16%.

OBAMA : "LE COMPTE N'Y EST PAS"

Barack Obama, qui devrait annoncer les recommandations de ce groupe lundi, a déclaré dans une interview diffusée dimanche que les projets de restructuration des constructeurs automobiles étaient insuffisants pour qu'ils puissent redevenir compétitifs sous la houlette de l'Etat fédéral.

Barack Obama, qui s'exprimait dans le cadre d'un entretien enregistré pour une émission de CBS, a souligné que les constructeurs devaient aller plus loin dans la réduction des coûts pour s'adapter à la demande déprimée après avoir reçu une aide d'un total de 17,4 milliards en décembre.

"Le compte n'y est pas encore", a-t-il dit.

GM et Chrysler réclament 22 milliards supplémentaires de prêts publics pour faire face au marasme du marché le plus fort depuis près de 30 ans. Ils craignent le dépôt de bilan en l'absence d'aide immédiate.

Chrysler, qui essaie aussi de finaliser une alliance avec l'Italien Fiat , a déclaré avoir besoin de fonds supplémentaires dès mardi. Ford, qui connaît aussi des difficultés, n'a pas demandé d'aide.

Ni GM ni Chrysler n'ont terminé les mesures de restructuration et de réductions de coûts demandées dans le cadre du plan de sauvetage du secteur automobile lancé par le gouvernement Bush qui avait fixé au 31 mars la date pour déterminer si les deux sociétés pouvaient valablement être sauvées.

GM et Chrysler ont obtenu du syndicat United Auto Workers (UAW) de pouvoir aligner le coût de travail horaire sur celui en vigueur chez les constructeurs japonais installés sur le sol américain.

Mais d'autres objectifs fixés en décembre par l'administration Bush n'ont pas encore été atteints. GM et Chrysler ne sont ainsi pas parvenus à ce jour à obtenir des concessions de leurs créanciers.

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a déclaré dimanche que l'Etat fédéral était prêt à venir en aide aux constructeurs automobiles mais a refusé d'entrer dans le détail des nouvelles mesures qui devraient être annoncées lundi.

"Il est important de savoir que nous voulons une industrie automobile forte. Nous voulons qu'elle ressorte plus forte de la crise actuelle", a-t-il dit sur une émission sur la chaîne de télévision ABC.

"Cela passera par une vaste restructuration et, en tant que gouvernement, nous sommes prêts à accompagner ce processus si nous pensons qu'il jette les bases d'une industrie plus forte à l'avenir", a poursuivi Timothy Geithner.

Version française Benoît Van Overstraeten et Danielle Rouquié