* Le couturier sera en charge du prêt-à-porter et des accessoires féminins

* Sa première collection présentée en mars 2014

* Un changement d'échelle radical pour le Français (Actualisé avec précisions, commentaires)

par Pascale Denis

PARIS, 4 novembre (Reuters) - Louis Vuitton, la marque phare du groupe LVMH et première griffe mondiale de luxe, a annoncé lundi avoir choisi Nicolas Ghesquière à la direction artistique de ses collections féminines de prêt-à-porter et d'accessoires.

Le couturier de 42 ans, proche de Delphine Arnault, nommée directrice générale adjointe de la griffe en juin dernier, était largement pressenti pour succéder à Marc Jacobs, parti à la fin octobre pour se concentrer sur sa propre marque qu'il espère mettre en Bourse. et

Nicolas Ghesquière, artisan du renouveau de Balenciaga (groupe Kering ) qu'il a quitté il y a près d'un an, compte parmi les créateurs les plus doués de sa génération.

Mais le designer français ne chapeautera pas l'ensemble de la direction artistique de Vuitton.

Il sera en charge du prêt-à-porter et des accessoires féminins, mais pas des lignes dites "permanentes" de maroquinerie qui regroupent les classiques de la marque, comme les derniers modèles haut de gamme, le "Capucines" ou le "Vivienne", qui sont placées sous la houlette du designer italo-canadien Darren Spaziani.

Ce dernier a été nommé, en septembre, à la direction artistique de la maroquinerie haut de gamme de Vuitton, fer de lance du repositionnement de la marque sur des produits plus exclusifs.

"Cette nomination est un signe fort de Louis Vuitton qui cherche assurément à se transformer en faisant appel à l'un des plus talentueux créateurs de sa génération", commente Serge Carreira, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, pour qui le couturier a "le talent pour réussir", malgré un changement d'échelle considérable entre une "petite" maison et une marque dont les ventes dépassent 7,0 milliards d'euros.

MOMENT CHARNIÈRE

L'arrivée de Nicolas Ghesquière intervient à un moment charnière pour Louis Vuitton, principal centre de profit de LVMH, dont la croissance marque le pas.

Après des années de hausse à deux chiffres et une phénoménale expansion de son réseau de boutiques (près de 500 aujourd'hui), la croissance organique du maroquinier est tombée aux environ de 2% au troisième trimestre, après seulement 5% au deuxième, pesant sur les perspectives de croissance et de résultats de l'ensemble du groupe LVMH qui signe une des plus mauvaises performances boursières du secteur du luxe.

Sa taille constitue un vrai défi. La clientèle du luxe s'est lassée de produits peu distinctifs en toile monogrammée et recherche des sacs plus exclusifs qui font le succès d'Hermès ou de Bottega Veneta (groupe Kering), dont la croissance a atteint 16% au troisième trimestre.

Pour retrouvé son attractivité, la marque a donc entamé un repositionnement de son offre sur davantage de sacs en cuir haut de gamme - oscillant autour de 3.000 euros - mais dont les marges sont inférieures à celles des célèbres toiles enduites, et dont la montée en puissance sera plus longue qu'attendu.

"Nicolas Ghesquière compte parmi les designers préférés des spécialistes les plus sophistiqués de la mode. Il pourrait contribuer positivement au repositionnement de la marque", commente Mario Ortelli, analyste de Bernstein.

Sa première collection sera présentée en mars 2014.

Les collections masculines de Vuitton restent quant à elles placées sous la houlette de Kim Jones, en poste depuis 2011. (Edité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : LVMH, KERING, HERMES INTERNATIONAL