Paris (awp/afp) - Le numéro un du luxe LVMH a annoncé mardi des ventes en recul au premier trimestre de 2% sur un an, à 20,7 milliards d'euros, souffrant d'une comparaison défavorable par rapport au contexte de 2023 et notamment d'un ralentissement de la consommation chinoise.

A structure et taux de change comparables, le chiffre d'affaires du groupe dirigé par Bernard Arnault est en hausse de 3%.

LVMH "reste à la fois vigilant et confiant en ce début d'année" dans un "contexte géopolitique et économique incertain", selon le communiqué.

"3% de croissance organique après 17% l'année dernière, c'est vraiment pas mal du tout. On n'est pas mécontent", a commenté le directeur financier Jean-Jacques Guiony lors d'un échange avec les agences de presse.

"On est arrivé à un stade tel qu'on n'a plus besoin d'avoir une croissance aussi forte" que les années post-Covid durant lesquelles les ventes des groupes de luxe ont affiché des croissances à deux chiffres, avait prévenu en janvier le PDG Bernard Arnault, estimant "qu'entre 8 et 10% (de croissance), c'est parfait".

Alors que les ventes aux Etats-Unis et en Europe marquent le pas depuis plusieurs mois, touchées par l'inflation, la clientèle chinoise ne fait pas le retour espéré après pandémie.

Mi-mars, le concurrent Kering avait affolé les marchés en anticipant une baisse de son chiffre d'affaires de "l'ordre de 10%" au premier trimestre, plombé par les difficultés de sa marque phare Gucci "en particulier en Asie-Pacifique". L'action du groupe dirigé par François-Henri Pinault avait chuté de près de 12%.

"Au premier trimestre de l'année dernière, le marché chinois avait commencé à s'ouvrir" après pandémie, les Chinois "avaient eu une année 2022 extrêmement dure (...) il y avait beaucoup d'euphorie", a déclaré M. Guiony pour expliquer l'effet de base.

Sephora "remarquable"

Cette année, la croissance des ventes auprès de la clientèle chinoise au premier trimestre est "autour de 10%", ce qui correspond à une "normalisation" de la situation, selon M. Guiony. Le marché asiatique (hors Japon) est toutefois en recul de 6% (en organique), selon le groupe.

La Chine a annoncé mardi une croissance de son PIB de 5,3% au premier trimestre, le plus faible pour la Chine depuis 1990 (3,9%), hors période de Covid.

L'effet base de comparaison a une incidence pour LVMH sur les ventes de sa section mode et la maroquinerie (Louis Vuitton, Dior, Celine, Fendi...), division phare du groupe, en recul de 2% à 10,5 milliards d'euros (+2% en organique).

L'activité vins et spiritueux est en difficulté avec un chiffre d'affaires en recul de 16% à 1,4 milliard d'euros. "La clientèle est une clientèle touchée par les phénomènes inflationnistes", a souligné M. Guiony. "Ce n'est pas facile en Chine, ce n'est pas facile pour le champagne en Europe, c'est un peu meilleur pour le cognac aux Etats-Unis mais on n'est pas encore complètement sorti des difficultés".

La distribution sélective, qui comprend Sephora et DFS (le "duty free"), reste le bon élève du groupe avec une hausse de ses ventes de 5% grâce à une "progression remarquable" de Sephora.

DFS reste "en dessous de son niveau d'activité pré-Covid de 2019, la reprise des voyage internationaux étant partielle en Europe et dans les destinations phare de Hong Kong et Macao".

Les ventes de parfums et cosmétiques sont en hausse de 3% à 2,18 milliards d'euros alors que le chiffre d'affaires de la section montres et joaillerie recule de 5% à 2,5 milliards d'euros.

afp/rp