Paris (awp/afp) - Coup de tonnerre dans le monde des médias: Nicolas de Tavernost va quitter en avril le groupe M6 qu'il a contribué à fonder il y a 37 ans, pour laisser la place à une nouvelle génération.

Son départ, à 73 ans, survient plus tôt que prévu: l'emblématique patron de M6 avait initialement prévu de rester en poste jusqu'en août 2025.

Après le projet de fusion avec TF1 qui n'a pas abouti, "les actionnaires m'avaient demandé de prolonger mon mandat", affirme-il au Figaro, qui a le premier annoncé la nouvelle.

"Ceci étant maintenant derrière nous, et après avoir clarifié notre stratégie sur le streaming, j'ai estimé que les conditions actuelles permettaient, compte tenu de la bonne tenue du groupe, de passer à l'étape de la succession", poursuit le dirigeant qui promet de "continuer à travailler".

"Rassurez-vous, je n'ai pas l'intention d'aller à la pêche tout de suite", plaisante-t-il.

Il a résumé son départ par une courte vidéo sur X (ex-Twitter) où l'on voit quelqu'un appuyer sur la télécommande pour éteindre la télévision.

Car son départ signe la fin d'une époque, celle de "la petite chaîne qui monte", devenue un important groupe de médias comprenant, outre M6, les stations RTL, RTL 2, Fun Radio, et les chaînes W9, Teva, Paris Première et Gulli... Et synonyme d'émissions à succès comme "Top chef" ou "Pékin express"...

"Grâce à son leadership, son sens des affaires et sa vision stratégique, il a fait passer la société d'une petite chaîne de télévision à l'un des groupes audiovisuels les plus rentables et les plus diversifiés d'Europe", a salué le conseil de surveillance du groupe, dans un communiqué.

Connu pour son caractère orageux et ses cheveux en pagaille, Nicolas de Tavernost a débuté sa carrière dans les médias en devenant directeur adjoint de Métropole Télévision (M6) en 1987, après avoir piloté le projet de création de la chaîne au sein de la Lyonnaise des Eaux.

Remplaçant Jean Drucker au poste de président du directoire de M6 en 2000, il a inlassablement défendu les intérêts d'une chaîne d'abord à dominante musicale, devenue généraliste, puis groupe de médias.

AG le 23 avril

Il quittera officiellement ses fonctions le 23 avril, lors d'une assemblée générale qui devrait entériner la nomination de son successeur: David Larramendy, 49 ans.

L'actuel dirigeant de M6 Publicité, qui a 16 ans de maison, est "un professionnel talentueux avec une forte expérience dans le management et d'excellents résultats à la régie publicitaire", a affirmé M. de Tavernost au Figaro.

Il aura pour mission notamment de développer le streaming avec une nouvelle plateforme baptisée M6+, qui sera dévoilée début mars et doit remplacer l'actuelle 6Play.

"Nos objectifs sont clairs: doubler a minima la consommation sur la plateforme avec 1 milliard d'heures consommées et tripler les revenus streaming pour atteindre 200 millions d'euros à horizon 2028. Si on y ajoute les objectifs de télévision segmentée, nous aurons assuré un relais de croissance significatif à la télévision traditionnelle", souligne M. de Tavernost, dans son entretien au Figaro.

Le groupe peut s'appuyer sur de solides résultats: il a remonté la pente avec une forte hausse de son bénéfice net et un léger recul de son chiffre d'affaires en 2023, après l'arrêt de la plateforme de streaming Salto, qui avait pesé en 2022.

"C'est une année solide au cours de laquelle nous avons pu continuer à piloter les nativités opérationnelles et à préparer l'avenir de la télévision [...] avec notre volonté d'accélérer dans le streaming", a commenté le groupe audiovisuel auprès de l'AFP.

Le groupe a vu cette année la fréquence TNT de sa principale chaîne renouvelée pour une durée de dix ans après que la candidature de Xavier Niel, à la tête du groupe Iliad, avait été écartée.

L'année 2024 rimera pour M6 avec l'Euro de football: la chaîne sera, avec TF1, diffuseur officiel de la compétition à partir de juin.

afp/rp