Un mois après le témoignage de son PDG devant le Congrès américain, Facebook a saisi l’opportunité de sa Keynote à San Jose hier pour tenter de redorer son image. Le réseau social y a annoncé une nouvelle fonctionnalité en réponse au scandale Cambridge Analytica, afin d'améliorer la protection des données. Une autre innovation est également en cours de développement, la traduction instantanée sur Messenger, pour l’instant limitée à l’espagnol vers l’anglais : elle sera étendue aux autres langues dans les mois à venir.

Nouvelle interface de dating

Mais l’annonce la plus marquante reste le lancement par facebook de sa propre plateforme de rencontres, qui sera incorporée à l’application phare. La multinationale veut exploiter les 200 millions de profils identifiés comme célibataires sur ses 2 milliards d’utilisateurs. Elle pense pouvoir les lier entre eux notamment grâce aux données personnelles dont la firme dispose.
 

Aperçu de la messagerie dévoilé lors de la F8

Pour le PDG Mark Zuckerberg, l'application de "dating" de Facebook doit permettre de créer des relations durables, pas des rencontres d'un soir, contrairement à son futur concurrent Tinder, dont c'est le fonds de commerce. De quoi porter un rude coup à Match Group, le propriétaire de Tinder, Match ou encore Meetic, dont l'action a chuté de 22% hier suite à cette annonce. A ce stade, aucune date de lancement n’a encore été annoncée, mais tout semble prêt puisque Facebook planche sur ce projet depuis... 2004 ! L’avenir dira si cela suffira à détourner l'attention du scandale Cambridge Analytica.

L'avis du spécialiste

Julien Lavanchy, CEO de la plateforme mondiale de sites de rencontres par niche et créateur du site de rencontre Easyflirt, ne croit pas à l'arrivée du loup dans la bergerie. Contacté par nos soins, il estime que l'irruption de Facebook ne constitue pas une révolution pour le secteur du "dating". "Facebook est déjà positionné par défaut sur l’industrie du dating. Ce n’est pas un site de rencontre mais c'est un outil déjà utilisé pour cela, auprès d’une population 18/30 ans", tout comme d’autres réseaux sociaux du moment (Instagram, Snapchat, etc.). Match.com à travers sa filiale Tinder parvient à s'appuyer sur son modèle "freemium" pour les moins de 30 ans et ainsi redigirer ses profils plus âgés et exigeants vers ses sites payants (Match et Meetic), poursuit M. Lavanchy. "L'un ne cannibalise pas l'autre, cela élargit le marché". En fait, "Facebook c’est parfait pour durabiliser encore plus le marché de la rencontre", selon le fondateur d'Easyflirt, qui pense que les autres acteurs vont d’autant plus pouvoir continuer à exister par leur différenciation : "sur les relations exigeantes des plus de 35 ans, on sort de la cible Facebook". L'arrivée du réseau social ne provoquera donc aucun remous ? Si, naturellement, car certains acteurs risquent d'être frappés de plein fouet. "Les sites destinés à la tranche d'âge des 18-30 ans, segment de prédilection de Facebook, comme Adopteunmec ont quant à eux plus de soucis à se faire puisqu'ils reposent sur un modèle payant", conclut M. Lavanchy.