Étude spéciale

Économie et Stratégie

22 décembre 2023

2024, année de tous les dangers américaine

Par Jocelyn Paquet

Nous commençonsen citant une source souvent négligée par les économistes, à savoir le Livre beige de la Réserve

de la situation économique régnant dans les différentes régions des États-Unis. La synthèse nationale figurant en première page de chaque édition constitue également un bon outil pour suivre

gagné en popularité dans les derniers mois comme en

rétrécissement des écarts de crédit. Le pivot de la réserve fédérale engendré par une modération importante de

que celui-ci survient alors que les données sur le PIB demeurent solides.

  • Notre analyse suggère toutefois que la croissance économique aux États-
    prédictive dans les cycles précédents pointent presque tous dans la même direction : celle d'un ralentissement économique significatif, voire une récession en 2024.
  • Et tout en reconnaissant que la probabilité que la Fed parvienne à réaliser un atterrissage en douceur est non nulle, nous avons des doutes quant aux arguments qui sous- tendent cette hypothèse. C'est pourquoi nos prévisions économiques restent nettement moins optimistes que celles du consensus. Après une fin d'année 2023 vigoureuse, nous prévoyons une importante décélération de la croissance au premier trimestre. L'économie devrait ensuite basculer en

point sur la situation économique et, de manière plus importante pronostics pour les prochains mois. L'année 2023 sera sans aucun doute considérée comme un bon cru ître de 2.5% sur l'ensemble de l'année malgré l'un des resserrements

monétaires les plus agressifs de mémoire récente. Voilà qui devrait réconforter ceux qui s'apprêtent à partir pour des vacances de fin d'année bien méritées. Sans vouloir couper court aux célébrations, nous admettons que notre attention est déjà résolument tournée vers les perspectives de l'année à venir. Et ceux qui suivent nos publications régulières savent que, sur ce plan, nos prévisions sont résolument plus pessimistes que le consensus. Pour y voir plus clair, nous avons décidé de compiler dans le présent document les raisons qui nous poussent

une période un peu plus difficile en 2024.

remontant à 1970. Et par rapport aux normes historiques, les commentaires contenus dans la plus récente édition de cette publication nous sont apparus plutôt négatifs. Les premières lignes du rapport disaient en effet ceci :

[TRADUCTIONrapport modeste, deux indiquant une conjoncture de stagnation voir de léger

»2

Pour les non-initiés, ces commentaires peuvent peut-être sembler

-

contraction?

aussi peu généralisée géographiquement que celle signalée au mois de novembre par le Livre beige est en fait extrêmement rare en dehors de périodes de récession. Pour trouver une caractérisation de e ci-dessus, il faut en effet remonter aux éditions publiées pendant les mois les plus sombres de la

pandémie ou, avant cela, durant la grande récession de 2007-2009.-à-dire quatre

récessions du siècle, avant que le Livre beige ne dresse un portrait aussi peu reluisant que celui de novembre 2023 :

[TRADUCTION] « Les rapports des douze districts fédéraux laissent penser

deux tiers des districts ont mentionné un fléchissement ou un les autres mentionnaient une croissance timide, lente ou modeste. »3

cateurs relatifs au marché du travail et aux dépenses de consommation demeurent trop vigoureux pour que ce soit le cas. Mais se pourrait-il que la croissance ne soit pas aussi solide que le laissent supposer les données du PIB?

elles semblent compatibles avec une économie qui croît plus lentement que le rythme annualisé de 5.2% annoncé dans le rapport sur le PIB du troisième trimestre. À commencer par le revenu intérieur brut, ou RIB. Nos lecteurs les plus érudits se souviendront peut-être

économie : en additionnant les dépenses de tous les agents s revenus (RIB).

En théorie, ces deux méthodes devraient converger à long terme,

  1. https://www.federalreserve.gov/monetarypolicy/beigebook202311.htm
  2. https://www.federalreserve.gov/fomc/beigebook/2008/20080305/default.htm

1

Étude spéciale

Économie et Stratégie

É.-U.:La croissance moins vigoureuse que ne l'indique le PIB? Comparaison produit intérieur brut, revenu intérieur brut et GDPplus

T3, où le RIB a augmenté à un rythme annualisé beaucoup moins rapide que le PIB (1.5% contre 5.2%). Cet écart ne méritera

trimestres de supériorité de rendement du PIB. Car loin de converger,

dans la dernière année, à tel point que le PIB affiche désormais une progression de 3.0% sur douze mois, tandis que le RIB indique une légère contraction.

6

Var. t/t (%), t. a. désais.

5

PIB

RIB

GDPplus

4

3

2

1

0

envoyé des messages aussi contradictoires.

-1

-2

É.-U. : Deux mesures, deux messages

Produit intérieur brut et revenu intérieur brut

Var. a/a (%)

10

PIB (g)

9

8

7

6

5

4

3

RIB (g)

2

1

0

-1

Différentiel de

-2

croissance (d)

1950

1960

1970

1980

1990

2000

2010

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

%

16

14

12

10

8

6

4

2

0

-2

-4

-6

-8

2020

-3

-4

2022T3

2022T4

2023T1

2023T2

2023T3

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

Ce rythme de croissance semble beaucoup plus en phase avec

é

É.-U. : Indice PMI concordant avec une croissance modeste …

Indice PMI composé de S&P Global

72

Indice

68

64

60

56

Services

Expansion

52

Composé

48

Contraction

44

Fabrication

  • quelle mesure devrions- une étude récente de la Banque fédérale de réserve de St Louis :

[TRADUCTION] « Pour le moment, le PIB reste la principale mesure de la production citée à la fois par les médias et par les responsables de la politique monétaire. Mais en fin de compte, il pourrait être prudent (ou peut-être une mesure combinant les deux)

pour mesurer la production. »4

40

36

32

28

24

2020

2021

2022

2023

2024

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

es

auprès des entreprises du Bureau of Labor Statistics.

ces mesures peut aider à minimiser ces erreurs et à brosser un

… tout comme le total des heures travaillées

tableau

Heures travaillées totales

6 Var. T/T (%), t. a. désais.

une mesure dont le but précis est de combiner les résultats du PIB et

5

Hausse post-

du RIB. Cette mesure, appelée GDPplus

4

statistique complexe5 pour lisser les variations des deux séries et ainsi

pandémique

3

obtenir un indicateur mitoyen moins volatil. Et que dit cet indicateur

2

-Unis

+0.9%

indique

1

également que la croissance a été beaucoup moins vigoureuse ces

0

derniers temps que ce que le PIB laissait supposer. En effet, le

-1

Effondrement

GDPplus a augmenté à un rythme annualisé de 1.2% seulement en

-2

pandémique

-3

-4

2017Q1

2017Q4

2018Q3

2019Q2

2020Q1

2020Q4

2021Q3

2022Q2

2023Q1

2023Q4*

*Il reste un mois de données à recueillir

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

  1. https://www.stlouisfed.org/on-the-economy/2016/march/better-measurement-output-gdp-gdi
  2. Filtre de Kalman

2

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Économie et Stratégie

GDPplus pour se

actuel

dans les mois à venir. Et il y a des faut plutôt se tourner vers le RIB pour avoir une meilleure idée de ce qui nous attend. Car

cycle, il semble que le RIB haut la main

moins la conclusion à laquelle est parvenu Jeremy Nailwaik, un

6. Un examen rapide des données semble corroborer ses conclusions, le RIB ayant en effet

récessions de 1990-1991 et de 2007-2009.

É.-U. : Le RIB, un meilleur indicateur avancé de fin de cycle?

Produit intérieur brut et revenu intérieur brut

Var. a/a (% )

%

14

12

10

10

9

8

8

PIB a/a (g)

6

7

4

6

2

5

0

RIB a/a (g)

-2

4

?

3

-4

2

-6

1

-8

0

-10

-1

-2

Différentiel de croissance (d)

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

Mais notre prévision de croissance pour 2024 bien inférieure au consensus ne repose pas uniquement sur une confiance aveugle

contraction.

économiques avancés (IEA) publié par le Conference Board. Une

indice sur six mois, associée à un indice de diffusion de moins de 50%,

deux conditions étaient malheureusement réunies en octobre. Et

produit un seul faux signal de récession au cours des 65 dernières années, nous avons du mal à croire que cette fois-ci il en ira autrement

6

É.-U. : Les indicateurs avancés annoncent un ralentissement

Indicateur économique avancé et indice de diffusion. Dernière observation : octobre 2022

%

20

%

250

Variation sur 6 mois

15

ann. de l'IEA (d)

225

10

200

5

175

0

150

-5

125

-10

Seuils de

-15

100

récession

75

-20

50

-25

25

-30

Indice de diffusion

0

sur 6 mois (g)

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

Il est aussi

E

économiques coïncidents (IEC) également publié par le Conference laisse penser que la croissance future sera beaucoup moins vigoureuse que la croissance

presque invariablement suivi les périodes au cours desquelles le

É.-U. : Décélération marqué de la croissance en vue?

Indicateur économique avancé - Indicateur économique coïncident (Conference Board)

14

%

12

10

8

?

6

4

2

0

-2

-4

-6

-8

-10

-12

1960

1965

1970

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

facteur du Ses effets se font

marché immobilier, par exemple, semble complètement paralysé par

re et les transactions en cours

étant tombées à un creux record.

https://www.federalreserve.gov/pubs/feds/2007/200707/index.html

3

Étude spéciale

Économie et Stratégie

É.-U. : La marché immobilier paralysé par la hausse des taux

Revente de biens immobiliers résidentiels et transactions en cours

… et celles-cine s'attendent pas à ce que la situation s'améliore Pourcentages nets d'entreprises qui s'attendent à une amélioration des conditions du crédit et qui prévoient de faire des dépenses en immobilisations, indice NFIB de l'optimisme des petites entreprises

Indice

Millions

7.5

7.0

6.5

Ventes

6.0

d'habitations (d)

5.5

130

5.0

120

4.5

4.0

110

3.5

100

3.0

Transactions en

cours (g)

90

80

70

2002

2004

2006

2008

2010

2012

2014

2016

2018

2020

2022

2024

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

Pourcentage net

2 0 -2-4-6-8-10-12-14-16-18

1990 FBN Économie et Stratégie

Pourcentage net

Dépenses en

immobilisation (d)

Conditions de

crédit (g)

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

(données de Bloomberg)

44 40 36 32 28 24 20 16 12

des dépenses en machines et matériel en quatre trimestres au T3. Rien de très surprenant dans un contexte où les conditions de prêt accès au crédit dans

le secteur commercial et industriel.

É.-U. :L'accès au crédit se détériore pour les entreprises Encours des prêts commerciaux et industriels (toutes banques commerciales) et pourcentage net de banques américaines resserrant les normes des prêts commerciaux et industriels selon les responsables du crédit

-80

35

Pourcentage net

Var. a/a (%)

-70

30

-60

-50

Encours des prêts

25

-40

C&I (d)

20

-30

-20

15

-10

10

0

5

10

20

0

30

-5

40

50

-10

60

Resserrement des

-15

70

conditions de prêt C&I,

-20

80

décalé 1 an (inversé, g)

90

-25

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

FBN Économie et Stratégie (données du système Fred de St. Louis)

  • en juger par les résultats de l'enquête sur l'optimisme des petites entreprises menée par la NFIB, les choses ne semblent pas non plus
    • ce

Comme cette série est historiquement étroitement corrélée à celle qui suit les intentions d'investissement, ce développement ne laisse pas envisager de rebond majeur des dépenses en immobilisation.

Et au-c'est la survie même de certaines entreprises qui pourrait être en jeu dans un environnement

où il est plus difficile et onéreux

Notons sur ce

es sous la protection

du chapitre 11 du Code américain des faillites a augmenté rapidement dans les derniers mois.

É.-U.: L'augmentation des taux d'intérêt commence à mordre

Nombre de compagnies s'étant placé sous la protection du chapitre 11 du Code américain des faillites

1,500

1,400

1,300

1,200

1,100

1,000

900

800

700

600

500

400

300

200

100

2008

2010

2012

2014

2016

2018

2020

2022

2024

FBN Économie et Stratégie (données du American Bankruptcy Institute)

Les entreprises ne sont pas les seules victimes du resserrement des conditions de crédit. Même les consommateurs, partiellement protégés des produits hypothécaires à taux fixe aux États-Unis, commencent

  • donner des signes de faiblesse, rattrapés par la hausse fulgurante des coûts du service de la dette non hypothécaire.

4

Étude spéciale

Économie et Stratégie

É.-U. : La hausse des taux d'intérêt mord sur les revenus

Paiements d'intérêts non hypothécaires en proportion des revenus salariaux

4.8

%

4.6

4.4

4.2

4.0

3.8

3.6

3.4

3.2

3.0

2.8

2.6

2.4

2.2

2.0

1.8

1960

1965

1970

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

nt à rembourser leurs prêts

automobiles et leurs cartes de crédit.

É.-U. : Les consommateurs peinent de plus en plus à honorer les dettes

Pourcentage de prêts autos ayant transitionné

Pourcentage de prêts autos ayant transitionné

en situation de souffrance grave (plus de 90

en situation de souffrance grave (plus de 90

jours) au cours du trimestre

jours) au cours du trimestre

4.2

% de l'encours

14

% de l'encours

4.0

13

3.8

12

3.6

11

3.4

3.2

10

30-39 ans

3.0

9

2.8

8

2.6

7

30-39 ans

2.4

6

2.2

5

2.0

Toutes

1.8

catégories

4

d'âge

1.6

3

Toutes catégories

d'âge

1.4

2

2000

2005

2010

2015

2020

2025

2000

2005

2010

2015

2020

2025

NBF Economics and Strategy (data via Datastream)

Et si certains se consolent du fait que la Fed semble désormais beaucoup plus ouverte à la possibilité de réduire nettement les taux en 2024 un scénario qui ferait évidemment baisser la pression sur les agents économiques , nous sommes beaucoup plus préoccupés

réels

temps signifie que ces derniers se situent déjà à leur plus haut niveau gmenter davantage dans les prochains mois si les prévisions des économistes concernant un

nouveau fléchissement des pressions sur les prix se révèlent exactes.

É.-U. : La baisse de l'inflation laisse deviner des réductions de taux…

Déflateur des dépenses personnelles de consommation (PCE)

8

Var. a/a (%)

7

6

5

4

3

3.2%

2.6%

2

1

Inflation

de base

0

Inflation

d'ensemble

-1

-2

2004

2006

2008

2010

2012

2014

2016

2018

2020

2022

2024

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

Ces taux réels élevés sont susceptibles de causer quelques maux de tête aux agents économiques qui avaient profité des faibles coûts . Les gouvernements et les corporations nous semblent particulièrement à risque dans ce contexte.

  • mais, elle se traduit aussi par des taux directeurs réels plus élevés

Taux des fonds fédéraux corrigé du déflateur PCE de

Crédit au secteur non financier

base sur 3 mois annualisés

7

255

%

% du PIB

6

5

250

Au plus haut

4

depuis T2 2007

245

3

240

2

1

235

0

230

-1

-2

225

-3

220

-4

215

-5

-6

210

-7

205

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

T2 2007

Plus récent

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg et de la BRI)

ce que la croissance ralentisse nettement aux États-Unis dans la première moitié de 2024. Cette décélération devrait permettre à la Fed de procéder à des réductions de taux, mais nous pensons que celles-ci arriveront trop tard pour empêcher quelques trimestres de croissance

aine (voir prévision complète en annexe).

Ces prévisions vont évidemment à l'encontre de l'opinion consensuelle qui voit la Fed parvenir à un atterrissage en douceur de l'économie. Sans vouloir discréditer ce scénario - il existe en effet une probabilité non négligeable que la banque centrale réussisse un tel exploit - nous avons certaines réserves quant aux arguments généralement avancés pour le défendre. L'un de ceux-ci consiste à souligner la résilience du marché du travail face au resserrement monétaire agressif de la Fed. Mais une telle résilience a déjà été observée par le passé. En fait, en examinant les quatre derniers cycles de resserrement monétaire (dont trois se sont soldés par une récession), on constate que le taux de chômage commence généralement à augmenter de manière significative que quelques mois après la dernière hausse de taux, et

5

Étude spéciale

Économie et Stratégie

non pas avant. En supposant que la hausse annoncée par la Fed en juillet soit la dernière du cycle actuel, le comportement du taux de chômage nous semble plutôt en ligne avec les précédents historiques. Impossible donc à ce stade de tirer quelques conclusions que ce soit quant à la résilience relative du marché du travail dans le cycle actuel.

É.-U.: Trop tôt pour juger de la résilience du marché du travail

Variation du taux de chômage après la dernière hausse de taux d'intérêt d'un cycle

1.6

%

1.4

1.2

1.0

0.8

0.6

Trajectoire médiane

dans les 4 derniers

Cycle actuel*

cycles**

0.4

0.2

0.0

-0.2

Mois suite à la dernière hausse de taux de la Fed

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

25

30

*En supposant que la dernière hausse de taux du cycle actuel ait eu lieu le 26 juillet 2023.

**Cycles de resserrement qui se sont terminés en 1989M05, 1995M02 (atterrissage en douceur), 2000M5 et 2006M06. Ne comprend

pas le cycle de resserrement qui s'est terminé avec la pandémie.

FBN Économie et Stratégie (données de Refinitiv)

Quant à ceux qui pensent qu'un faible taux de chômage pourrait empêcher l'économie de tomber en récession, nous souhaitons leur rappeler que cette théorie va à -ci montrent en effet que,

terme (NAIRU), plus les probabilités de récessions augmentent. ur du marché du travail qui entraîne la récession, mais trop souvent la réaction de la Fed face à

cette vigueur. En effet, plus le taux de chômage est bas, plus la banque centrale tend à augmenter ses taux directeurs, un processus dont le but ultime est de freiner la croissance. Voilà ce qui explique pourquoi les récessions ont été beaucoup plus fréquentes historiquement dans les mois ayant suivi des périodes de faible chômage. À titre indicatif, le taux de chômage aux États-Unis se trouve actuellement sous le NAIRU par plus de 0.5%, une situation qui implique historiquement un risque de récession de 70% sur trois ans. Trois ans, c'est long comme horizon, mais rappelons que le taux de chômage se situe dans cette fourchette depuis bientôt deux ans.

É.-U.: Taux de chômage faible = probabilités de récession plus élevées

Probabilités de récession historiques basées sur le niveau du taux de chômage par rapport au NAIRU dans

l'ensemble des pays du G7

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

1 an

2 ans

3 ans

5 ans

Au dessus du NAIRU par plus de 1.0%

Au dessus du NAIRU par plus de 0.5% mais moins de 1.0%

Au dessus du NAIRU par moins de 0.5%

En dessous du NAIRU par moins de 0.5%

En dessous du NAIRU par plus de 0.5%

FBN Économie et Stratégie (données de Refinitiv)

certains indicateurs avancés éprouvés

prochaine de la demande de travailleurs. Et plusieurs d'entre eux suggèrent que le taux de chômage se comportera exactement de la même manière qu'

monétaire, c'est-à-dire qu'il augmentera de manière plus ou moins rapide au cours des 12 proch

consultants avant de procéder à des mises à pied plus coûteuses, ce qui

généralement à baisser quelques mois avant une récession. Un tel déclin est d'ailleurs en train de se produire actuellement.

É.-U.: Certains indicateurs avancés de l'emploi passent au rouge (1)

Emploi dans les services d'aide temporaire

3,400

X1,000

3,200

3,000

2,800

2,600

2,400

2,200

2,000

1,800

1,600

1,400

1,200

1,000

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

consommateurs du Conférence Board qui, à chaque mois depuis la

marché du travail. Cette opinion a eu tendance à s'améliorer systématiquement lors des phases d'expansion et à commencer à baisser soit quelques mois avant une récession, soit au moment où le ralentissement économique s'amorce. Eh bien jamais ce sentiment

ne bascule par la suite en récession.

6

Étude spéciale

Économie et Stratégie

É.-U.: Certains indicateurs avancés de l'emploi passent au rouge (2)

Différentiel du marché du travail*, enquête auprès des consommateurs du Conference Board

50

%

40

30

20

10

0

-10

-20

-30

-40

-50

-60

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

* Part des répondants déclarant que les emplois sont abondants en ce moment - part déclarant qu'ils sont difficiles à trouver

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

Le dernier indicateur que nous mentionnerons est la diffusion de embauche. Depuis le début des années 1990, les phases d'expansion ont été caractérisées par des gains d'emplois généralisés, tandis que les ralentissements économiques ont souvent été annoncés par des gains d'emplois moins diffus. Cela s'explique par le fait que certains secteurs de l'économie sont touchés plus tôt

que d'autreset cessent donc d'embaucher plus tôt. Mais en règle générale, les récessions ont eu tendance à survenir peu de temps après que l'indice de diffusion à six mois publié par le Bureau des statistiques du travail soit tombé sous la barre des 60 %. Or, en novembre, cet indicateur se situait à peine au-dessus de ce niveau, seulement 60.4% des secteurs couverts ayant signalé une augmentation de leurs effectifs au cours des six derniers mois.

É.-U.: La création d'emploi devient moins diffuse (1)

Indice de diffusion de l'emploi (6 mois), enquête auprès des entreprise

100

%

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

1995

2000

2005

2010

2015

2020

2025

FBN Économie et Stratégie (données de Bloomberg)

En examinant les données de plus près, on s'aperçoit en effet que la création d'emplois récente aux États-Unis est principalement le fait de trois secteurs : les loisirs/hôtellerie, la santé/assistance sociale et les administrations publiques. Ces deux derniers secteurs sont connus pour être parmi les plus acycliques, c'est-à-dire qu'ils sont moins impactés lors de ralentissements économiques. En

six mois

É.-U.: La création d'emploi devient moins diffuse (2)

Emploi dans les secteurs autres que les loisirs/hôtellerie, les soins de santé/l'assistance sociale et les

administrations publiques, enquête auprès des entreprises

650

var m/m (milliers)

600

550

500

450

400

350

300

250

200

150

100

50

0

-50

2020

2021

2022

2023

2024

FBN Économie et Stratégie (données de Refinitiv)

Conclusion

a sans aucun doute gagné en

des valorisations boursières et le rétrécissement des écarts de crédit. Le pivot de la réserve fédérale engendré par une modération importante

celui-ci survient alors que les données sur le PIB demeurent solides.

Notre analyse suggère toutefois que la croissance économique aux

États-Unis est moins vigoureuse qu

à prime abord. Quant

prouvé leur valeur prédictive dans les cycles précédents pointent presque tous dans la même direction : celle d'un ralentissement économique significatif, voire une récession en 2024.

Et tout en reconnaissant que la probabilité que la Fed parvienne à réaliser un atterrissage en douceur est non nulle, nous avons des doutes quant aux arguments qui sous-tendent cette hypothèse. C'est pourquoi nos prévisions économiques restent nettement moins optimistes que celles du consensus. Après une fin d'année 2023 vigoureuse, nous prévoyons une importante décélération de la croissance au premier trimestre et l'économie devrait basculer en

récession (voire prévision complète ci-bas).

7

Étude spéciale

Économie et Stratégie

États-Unis

Scénario économique

T4/T4

*

(Variation annuelle en %)*

2021

2022

2023

2024

2025

2006

2023

2024

2025

Produit intérieur brut ($constants, 2012)

5.8

1.9

2.5

0.9

0.2

2.8

(0.7)

1.5

Dépenses personnelles

8.4

2.5

2.3

0.9

(0.2)

2.7

(0.7)

1.1

Construction résidentielle

10.7

(9.0)

(10.8)

1.2

1.0

(0.4)

0.5

2.1

Investissements des entreprises

5.9

5.2

4.4

0.6

(0.5)

4.2

(1.2)

0.9

Dépenses publiques

(0.3)

(0.9)

3.9

3.0

2.2

4.2

2.5

1.6

Exportations

6.3

7.0

2.7

0.5

(0.4)

1.8

(1.4)

1.1

Importations

14.5

8.6

(1.4)

1.5

0.1

0.8

0.1

0.9

Variation des stocks (milliards $)

12.5

128.1

45.2

7.5

10.0

55.0

(20.0)

25.0

Demande intérieure

6.6

1.7

2.2

1.2

0.2

3.0

(0.2)

1.2

Revenu réel disponible

3.2

(6.0)

4.2

0.9

0.4

4.0

0.1

1.3

Emploi des salariés

2.9

4.3

2.3

(0.2)

(0.6)

1.8

(1.8)

1.0

Taux de chômage

5.4

3.7

3.6

4.5

5.3

3.8

5.1

5.3

Taux d'inflation

4.7

8.0

4.1

2.8

2.3

3.2

2.5

2.1

Bénéfices avant impôts

22.6

9.8

(0.2)

(3.4)

4.7

(1.7)

(5.0)

9.9

Compte courant (milliards $)

(939.8)

(971.6)

(844.6)

(817.5)

(846.3)

...

...

...

* Sauf indication contraire.

Scénario financier**

actuel

19/12/23

T1 2024

T2 2024

T3 2024

T4 2024

2023

2024

2025

Taux cible fonds fédéraux

5.50

5.50

5.25

4.75

4.00

5.50

4.00

3.25

Bons du Trésor 3 mois

5.23

5.25

4.90

4.40

3.60

5.39

3.60

3.15

Obligations fédérales

2 ans

4.41

4.55

4.30

3.85

3.25

4.43

3.25

3.25

5 ans

3.94

4.10

3.95

3.70

3.20

3.92

3.20

3.35

10 ans

3.93

4.20

4.10

3.85

3.55

3.93

3.55

3.70

30 ans

4.03

4.25

4.15

3.90

3.70

4.04

3.70

3.95

Taux de change

US$/Euro

1.10

1.02

1.03

1.06

1.08

1.06

1.08

1.11

YEN/$US

144

140

138

137

135

145

135

129

** fin de période

Dynamique trimestrielle

T1 2023

T2 2023

T3 2023

T4 2023

T1 2024

T2 2024

T3 2024

T4 2024

publié

publié

publié

publié

prévision

prévision

prévision

prévision

PIB réel (var. t/t %, désaisonn.)

2.2

2.1

5.2

1.9

0.8

(0.6)

(1.4)

(1.7)

IPC (var. a/a %)

5.8

4.1

3.6

3.2

3.0

3.1

2.8

2.5

IPC de base (var. a/a %)

5.6

5.2

4.4

4.0

3.5

3.0

3.0

2.6

Taux de chômage (%)

3.5

3.6

3.7

3.8

3.9

4.2

4.7

5.1

Financière Banque Nationale

8

Étude spéciale

Économie et Stratégie

Économie et Stratégie

Bureau Montréal 514 879-2529

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Jocelyn Paquet

Économiste

Économiste

Économiste

kyle.dahms@bnc.ca

daren.king@bnc.ca

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Alexandra Ducharme

Angelo Katsoras

Économiste

Analyste géopolitique

alexandra.ducharme@bnc.ca

angelo.katsoras@bnc.ca

Bureau Toronto

416 869-8598

Warren Lovely

warren.lovely@bnc.ca

Taylor Schleich

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Étude spéciale

Économie et Stratégie

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-

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