PARIS (Agefi-Dow Jones)--Natixis a fait un pas de plus en vue de réduire sa dépendance à la banque de détail après que sa maison-mère BPCE, qui regroupe les réseaux des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires, a annoncé mercredi un projet d'acquisition de la majorité des services financiers spécialisés (SFS) du groupe bancaire pour 2,7 milliards d'euros.

Les activités qui vont être cédées sont l'affacturage, des cautions et garanties, du crédit-bail, du crédit à la consommation et du métier titres, et emploient près de 2.700 salariés. "Il s'agit d'activités financières au service des deux réseaux Banque Populaire et Caisse d'Epargne", a précisé Laurent Mignon, président du directoire du groupe BPCE lors d'une conférence de presse.

Le montant de 2,7 milliards d'euros déboursé par BPCE représente 12 fois le résultat net 2018 et 1,8 fois les fonds propres 2018 normalisés des activités cédées, a également souligné la banque.

A la suite de cette cession, dont la conclusion est attendue au premier trimestre 2019, le pôle SFS ne comprendra plus que les paiements, ainsi que l'ingénierie sociale (Natixis Interépargne) et le financement de l'audiovisuel (Coficiné). Natixis sera orienté autour de quatre pôles : gestion d'actifs et banque privée, banque de grande clientèle (M&A, marchés de capitaux, financement des entreprises), assurance et paiements. Interépargne rejoindra le pôle gestion et Coficiné la banque de grande clientèle.

"Natixis continuera à servir les réseaux de BPCE, certains à 100% comme l'assurance. Les synergies prévues dans notre plan stratégique 'New dimension' resteront aux trois-quarts valables. Mais la transaction accélèrera le plan en renforçant notre profil 'asset light'. Plus de la moitié de nos revenus seront tirés d'activités non-bancaires, ce qui entraînera aussi une baisse des risques pondérés", a indiqué François Riahi, directeur général de Natixis. En l'occurrence, l'opération conduirait à une déconsolidation de 14 milliards d'euros d'actifs à risques pondérés par rapport au 31 décembre 2017. Elle libérera également 2 milliards d'euros de capital.

Ce profil sera encore accentué par le produit de la vente. Cinq cent millions d'euros iront renforcer le ratio de fonds propres CET1 de Natixis, qui atteindra en avance l'objectif des 11% fixé pour 2020 (contre 10,5% fin juin 2018). En outre, 1,5 milliard d'euros alimenteront l'enveloppe consacrée aux acquisitions, en particulier dans la gestion d'actifs, notamment en Asie, en plus du milliard prévu dans le plan pour 2018-20 (dont 400 millions ont déjà été utilisés).

Si, d'ici le bouclage de l'opération, aucune cible n'était identifiée (ou pour un montant inférieur), celle-ci serait distribuée aux actionnaires sous forme de dividendes. Mais, "si nous identifiions une cible après la distribution et que la solvabilité de Natixis ne permettait pas d'en absorber le coût, BPCE contribuerait à l'augmentation de capital que Natixis ferait à hauteur de sa participation au capital, à tout le moins", a précisé François Riahi.

BPCE a profité de cette opération pour relever les objectifs de Natixis à la hausse, la rentabilité des capitaux propres (ROTE) de l'établissement étant attendue dans une fourchette de 14-15,5% en 2020 contre un objectif précédent portant sur 13-14.5%. Cette révision est essentiellement liée à la réforme fiscale aux Etats-Unis, a indiqué le groupe mutualiste.

Natixis vise par ailleurs une capacité de croissance externe portée à 2,5 milliards d'euros sur 2018-2020 et sur une capacité théorique de distribution de dividende d'environ 5,6 milliards d'euros sur 2018-2020.

-Antoine Landrot, Agefi-DowJones; 01 41 27 47 95; alandrot@agefi.fr ed: JEB

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