"Quel regard portez-vous sur la surperformance des small et mid caps ces dernières années. Certains craignent que cette surperformance ne donne lieu à une bulle. Qu’en pensez-vous ?
A chaque fois que l’on est face à un actif qui surperforme par rapport à un autre, on parle de bulle. Il faut arrêter de parler de bulle à tort et à travers. Une bulle est le résultat d’un mécanisme bien précis et correspond à un gonflement excessif d’une valorisation moyenne d’un segment par rapport aux fondamentaux économiques. Même si la valorisation moyenne des small et mid caps est devenue plus chère en relatif, elle n’est pas excessive par rapport aux fondamentaux économiques.

Je pense que les small et mid caps n’ont pas fini de performer sur longue période. Ceci étant il n’est pas impossible que la surperformance par rapport aux larges caps soit moindre que pour la décennie passée. En cause, l’effet de base. Parce qu’elles ont bien performé, le point de départ de la décennie passée n’est pas le même point de départ que pour la décennie à venir.

Selon vous, il convient de combiner un aspect value et un aspect growth dans la sélection des valeurs ?
Des outils de tri quantitatifs à partir d’éléments de ratios financiers fondamentaux appartenant à la fois à la gestion value et à la gestion growth doivent être combinés. C’est un mélange qui permet d’équilibrer la pertinence du choix des valeurs.
Parmi les variables ‘value’ à considérer, nous trouvons le price to book, le rapport ebitda sur valeur de l’entreprise, ainsi que le rapport entre le cash flow libre et le prix. A partir de la valeur absolue de ces critères, un classement peut alors être effectué.

De façon concomitante, les variables ‘growth’ à prendre en compte sont tout d’abord les révisions de croissance des bénéfices du même univers sur l’année prospective et l’année suivante, autrement dit 2011 et 2012. En plus de cela seront à regarder l’évolution du momentum technique de la valeur--l’évolution de la valeur du titre à un moment t par rapport à un moment t-1 : si une valeur progresse dans une période de 5% et dans la période consécutive de 4%, alors le momentum est négatif-- et le policy management.

Le policy management mesure l’excès d’appétit du management de chaque société que l’on va interpréter négativement, par exemple l’évolution du nombre d’actions dans le capital. Une trop grande évolution serait à interpréter négativement. Une société dont le capital évolue trop rapidement est une société qui va avoir tendance à lever des fonds auprès de ses actionnaires. Au final cela est négatif pour la performance boursière du titre. Dans ce policy management, l’évolution du compte client par rapport aux ventes est également un paramètre significatif. Quand le besoin en fonds de roulement évolue trop positivement, ce qui traduit un excès de croissance, cela génère des difficultés financières. Un dernier critère peut résider dans l’évolution de la dette par rapport à la totalité du bilan.

Ces différentes données pourront alors donner lieu à l’établissement d’un classement.

Si la transparence est nécessaire, elle ne suffit pas...
Connaitre la société est primordial. Cependant je ne pense pas que cela permette d’éviter tout danger. A l’époque, de nombreux analystes suivaient Worldcom et Vivendi. Cela n’a pas empêché aux scandales de se produire. Il s’agit de s’assurer que l’information que l’on obtient est fiable.

De quelle manière gérez-vous le risque de liquidité ?
La liquidité se mesure par la proportion dans le portefeuille qui peut être sorti en un jour.. Dans l’absolue, nous cherchons à avoir des valeurs de manière à obtenir une proportion de trois quarts du portefeuille qui peut être soldé en une journée. Ceci étant, le fonds dédié à la zone euro est actuellement de taille relativement modeste. La totalité du portefeuille peut être soldé en moins de deux jours. Le problème va en se compliquant en fonction de la taille des actifs du fonds.

L’investissement dans les small et mid caps suppose un certain horizon d’investissement ?
La part à investir dans le segment doit être une part qu’il est convenu de laisser pendant un certain horizon d’investissement suffisamment long pour pouvoir passer les éventuels moments difficiles. On ne va pas sur small ou mid cap pour un ou deux ans. On risque de rentrer dans une phase de contre performance. On ne doit pas être sur un mode d’intervention technique. La période d’investissement doit être calquée sur l’analyse des critères fondamentaux, et doit correspondre à au moins un horizon de cycle de business d’une entreprise, à savoir 5 ans. Il faut donc au moins avoir raisonnablement 5 ans devant soi pour s’orienter vers les small et mid caps.
Qu’en est-il de votre allocation sectorielle à l’heure actuelle ?
Notre allocation nous amène à avoir davantage de sociétés industrielles, de sociétés de consommations, des sociétés de santé, des sociétés de matériaux. Nous avons moins de sociétés financières.

Quelles sont vos principales positions ?
Parmi les principales positions de notre fonds européen, nous avons la société française Saft qui a connu une petite correction il y a quelques jours en raison d’une joint venture établie avec une société américaine Johnson Controls. Saft est spécialisée dans les batteries et la joint venture était destinée au montage d’une unité de production de batteries pour les voitures électriques. Il y a eu une décision d’abandon de ce partenariat qui a conduit à un peu de défiance de la part des investisseurs. La correction a constitué pour nous une opportunité pour renforcer notre position.

Notre deuxième position est Gerschheimer, une valeur industrielle spécialisée dans les produits de flaconnage et de contenant spécifiquement utilisés dans le domaine médical et pharmaceutique. La société est fort bien gérée et génère du free cash flow.

Une autre importante position est la société Barco. Enfin, nous pourrions mentionner une société irlandaise, Aryzta, leader mondial dans le domaine de la fabrication du pain, qui a procédé à des acquisitions l’année dernière qui devraient contribuer positivement aux résultats cette année.

De combien de lignes se compose votre fonds ?
Nous avons à ce jour dans le fonds 70 lignes.

Avez-vous des systèmes de court circuit en termes de cours ?
Nous ne nous enfermons pas dans une contrainte de réalisation d’un objectif de cours. Nous agissons davantage en termes d’écartement, par rapport à un indice de référence et dans le cas de changement drastique des membres de la direction ou du business model.
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