Les détails financiers de la vaste activité de négoce de pétrole et de gaz de Shell font partie des secrets les mieux gardés de l'entreprise. Les documents d'un procès intenté par un ancien employé révèlent toutefois que le négoce de brut aux États-Unis rapporte régulièrement environ un milliard de dollars par an.

Le témoignage d'un ancien responsable de la division américaine de négoce de brut de Shell, déposé devant un tribunal de l'État du Texas, offre un rare aperçu des profits considérables réalisés par les opérations de négoce et des primes de plusieurs millions de dollars accordées aux négociants.

John Dimech, qui a été directeur du groupe de négoce de pétrole brut de Shell à Houston pendant 11 ans, a déclaré dans une déposition l'année dernière que l'unité de négoce de pétrole brut réalisait généralement entre 950 millions et 1 milliard de dollars par an.

Cela représente entre 13 % et 15 % des bénéfices avant impôts réalisés par Shell aux États-Unis ces dernières années, selon des calculs basés sur les documents déposés par la société.

Le rapport de contribution fiscale de Shell pour 2022 fait état d'un bénéfice avant impôt d'un peu plus de 7 milliards de dollars au total aux États-Unis cette année-là, tandis que son bénéfice avant impôt pour 2021 s'élevait à environ 6,36 milliards de dollars.

Un porte-parole de Shell s'est refusé à tout commentaire.

La major pétrolière britannique ne divulgue pas les performances financières de son bureau de négoce de pétrole et de gaz, le plus grand au monde, bien que le manque d'informations inquiète certains investisseurs. Cette activité peut générer des bénéfices exceptionnels, mais elle peut aussi être volatile et même afficher des pertes.

Les traders gagnent de l'argent en achetant et en vendant du pétrole et du gaz, en utilisant les écarts entre l'offre et la demande dans le monde entier pour bloquer les profits. Leur rémunération comprend souvent des promesses de primes importantes basées sur leurs performances, qui peuvent être supérieures à la prime annuelle du PDG Wael Sawan, qui s'élevait à 2,7 millions de livres (3,4 millions de dollars) l'année dernière, d'après le dernier rapport annuel.

Dans le dossier déposé au tribunal de Houston, Shell a rejeté une plainte pour rupture de contrat déposée par Eva-Maria Frohn, ancienne directrice commerciale, qui réclamait 15 millions de dollars, dont 6 millions au titre de la prime de 2021. Elle a reçu un bonus de plus de 5 millions de dollars en 2020 pour son travail de l'année précédente.

Eva-Maria Frohn a affirmé qu'un transfert de poste qui lui avait été proposé ne serait pas aussi lucratif que le poste qu'elle occupait, ce qui la rendait superflue, tandis que Shell a maintenu que son refus d'emploi équivalait à une démission.

Mardi dernier, un jury a rendu un verdict favorable à Shell, annulant la totalité de la plainte de Mme Frohn contre Shell, selon le cabinet d'avocats qui représentait l'entreprise.

L'avocat de Mme Frohn n'a pas répondu à une demande de commentaire. (1 $ = 0,8005 livre) (Reportage d'Arathy Somasekhar à Houston et de Ron Bousso à Londres ; Rédaction de Marguerita Choy)