PARIS, 23 février (Reuters) - La FNSEA refuse de participer au débat consacré à la crise agricole prévu par le président de la République Emmanuel Macron samedi à l'ouverture du Salon de l'agriculture, a annoncé vendredi le président du premier syndicat du secteur en France, Arnaud Rousseau, dénonçant le "cynisme" de l'exécutif.

"Je ne participerai pas à ce débat (...). Je ne serai pas l'acteur de quelque chose que je considère comme cynique", a dit Arnaud Rousseau au micro de BFM TV/RMC. "Au moment où je vous parle, les conditions du dialogue ne sont pas réunies (...) tant la tension est grande", a-t-il encore souligné.

La FNSEA a protesté jeudi à l'annonce que le collectif des Soulèvements de la Terre serait invité à ces discussions. L'Elysée a par la suite renoncé à convier le mouvement écologiste afin de "garantir la sérénité des débats".

"Hier soir, ce qui a été vécu a été une forte incompréhension (...) Je n'ai toujours pas compris ce qui a prévalu à ce genre de décision", a déclaré Arnaud Rousseau. "La politique, c'est autre chose que de la com ou du show."

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a tenté en vain de dissoudre l'an dernier les Soulèvements de la Terre après les violences entre forces de l'ordre et manifestants protestant contre un projet de "méga-bassine" à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Le décret de dissolution a été annulé par le Conseil d'Etat.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a regretté une invitation "inopportune" d'un collectif "dont le mode d'expression est plutôt le cocktail Molotov".

"J'espère (que le débat puisse avoir lieu)", a ajouté le ministre. "On va y travailler, je ne suis pas aveugle, j'ai entendu ce que dit la FNSEA", a-t-il dit.

Le gouvernement a multiplié ces dernières semaines les annonces de mesures de soutien au monde agricole qui manifeste, en France comme en Europe, pour des revenus plus élevés et de meilleures conditions de travail.

Les agriculteurs français ont levé début février les barrages qu'ils avaient dressés sur les grands axes routiers de l'Hexagone mais ils continuent de vouloir faire entendre leurs revendications et des actions sont prévues lors de la visite d'Emmanuel Macron au Salon, vitrine annuelle d'une profession inquiète pour son avenir.

L'Elysée a fait savoir jeudi que le président de la République comptait débattre pendant plusieurs heures samedi matin avec des agriculteurs, des distributeurs, des industriels et des organisations de défense de l'environnement.

Pascal Canfin, député européen Renaissance, a assuré vendredi matin qu'hormis les Soulèvements de la Terre, "toutes les ONG, y compris celles qui sont très critiques vis-à-vis de la FNSEA, sont invitées".

"On a besoin de mettre tout le monde autour de la table, de dépolariser et de sortir des postures des uns et des autres", a-t-il dit sur France 2. (Rédigé par Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse)