Berlin (awp/afp) - Le groupe industriel allemand Thyssenkrupp a abaissé mercredi ses prévisions annuelles en raison de difficultés persistantes dans ses filiales acier et matériaux, plombées par de fortes baisses de prix et de volumes depuis plusieurs mois.

Pour son exercice décalé 2023/2024, l'entreprise table sur un chiffre d'affaires "sous son niveau de l'an dernier" et un résultat net "négatif à un chiffre bas de plusieurs centaines de millions d'euros", a-t-elle indiqué mardi.

Elle prévoyait auparavant un résultat net "à l'équilibre" et un chiffre d'affaires stable.

Ce pessimisme s'explique par "une réduction des volumes et des baisses de prix dans l'acier et les matériaux", a justifié Thyssenkrupp. En février, le groupe avait déjà drastiquement réduit ses attentes pour les mêmes raisons.

Depuis plusieurs mois, l'entreprise allemande a subi pêle-mêle des coûts de l'énergie élevés, le niveau record des taux d'intérêt et la baisse des prix de certains matériaux qu'il vend, sur fond de faible demande de l'industrie européenne .

A cela, s'ajoutent "les difficultés de l'environnement de marché, marqué par les tensions géopolitiques et commerciales", pour une entreprise dépendante des exportations.

La division spécialisée dans les matériaux Materials Services a connu une perte d'exploitation de 9 millions d'euros (à peine moins en francs suisses) au premier semestre de l'exercice, contre un bénéfice de 114 millions l'an dernier.

Mais c'est la branche sidérurgique du groupe, Thyssenkrupp Steel Europe, qui est la plus touchée par cette conjoncture, avec une perte d'exploitation de 132 millions d'euros, après une perte de 143 millions l'an dernier.

Face à ces difficultés, Thyssenkrupp mise sur une montée en gamme, avec un développement de l'acier propre, produit à base d'hydrogène issu d'énergies renouvelables. Mais l'entreprise a besoin d'investissements massifs pour engager cette transition.

La direction a donc annoncé en avril une entrée au capital du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui a acquis 20% de la division, et pourrait monter dans un second temps à 50% du capital.

L'impact sur l'emploi inquiète toutefois les syndicats en Allemagne, alors que Thyssenkrupp a annoncé en avril un plan de restructuration, sans donner de détails. Des manifestations de salariés ont eu lieu ces dernières semaines dans le fief du groupe à Duisburg (ouest).

"Les mesures concrètes sont en cours d'élaboration et seront ensuite examinées par (...) le conseil de surveillance de Steel Europe et les représentants des travailleurs", a assuré mercredi l'entreprise qui emploie actuellement environ 27.000 personnes.

afp/jh