Berne (awp/ats) - Credit Suisse, désormais filiale d'UBS, a conclu un accord extra-judiciaire avec la République du Mozambique. Initialement, le procès civil devant la Haute Cour londonienne dans l'affaire dite de la "dette cachée" devait débuter ce lundi.

Dans un communiqué diffusé dimanche, la banque aux trois clés indique que la procédure judiciaire à Londres à propos de cette affaire a été réglée à l'amiable. L'accord concerne Credit Suisse, la République du Mozambique et la plupart des autres bailleurs de fonds dans le cadre du contrat avec Prodicos.

Les parties sont convenues de se délier de tous les engagements et prétentions en relation avec cette transaction. La querelle juridique, qui durait depuis plusieurs années, est donc définitivement réglée.

UBS n'a pas donné d'autres détails à propos de la transaction. Vendredi, divers médias avaient rapporté que la banque aux trois clés proposait un allègement d'environ 100 millions de dollars au Mozambique. Contactée par AWP, la banque n'a pas voulu commenter l'accord plus avant.

Un accord extra-judiciaire permettrait à UBS d'éviter 13 semaines de tractations, avaient affirmé vendredi le quotidien Wall Street Journal et l'agence Bloomberg.

Pêche au thon

Dans le cadre de cette affaire, en octobre 2021, Credit Suisse avait été condamnée à payer près de 475 millions de dollars aux autorités américaines et britanniques pour solder des poursuites liées à des levées de fonds organisées par l'établissement zurichois au nom d'entreprises publiques au Mozambique, au coeur d'une vaste affaire de corruption.

Les transactions en question avaient été utilisées pour verser des pots-de-vin à d'ex-banquiers de Credit Suisse et à des fonctionnaires, alors même qu'elles étaient présentées aux investisseurs comme un moyen de financer le développement de la pêche au thon au Mozambique, avait détaillé l'autorité américaine des marchés financiers (SEC).

L'affaire avait éclaté en 2016, lorsque le gouvernement mozambicain avait révélé avoir contracté ces prêts sans prévenir le parlement ni ses bailleurs de fonds. Après ce scandale, le FMI et la plupart des bailleurs du pays, un des plus pauvres du monde, avaient suspendu leur aide.

En raison de ce scandale dit de la "dette cachée", Maputo avait été contraint d'interrompre le remboursement de sa dette et sa monnaie, le metical, s'était effondrée, plongeant le pays dans la plus grave crise financière depuis son indépendance en 1975.

Nombreuses "casseroles" du CS reprises

Avec l'acquisition forcée de Credit Suisse, UBS a aussi hérité de nombreuses anciennes affaires dans lesquelles la banque aux deux voiles était impliquée. Dans le rapport semestriel publié vendredi, CS a indiqué avoir à nouveau augmenté ses provisions pour les affaires juridiques.

L'accord avec le Mozambique constitue une étape importante dans le règlement de ses anciennes affaires, a précisé UBS.

Selon une analyse de JPMorgan publiée la semaine dernière, UBS aurait constitué un "matelas" financier et des provisions et réserves de près de 10 milliards pour ses propres affaires juridiques et celles de Credit Suisse.