BUDAPEST, 16 décembre (Reuters) - La Hongrie opposera son veto à l'entrée de la Bulgarie dans l'espace Schengen à moins que cette dernière ne supprime une taxe de transit sur le gaz russe, a déclaré samedi le ministère hongrois des affaires étrangères.

Cette menace fait suite à l'accord conclu jeudi entre les 27 États membres de l'Union européenne, à l'exception de la Hongrie, pour entamer des négociations d'adhésion avec l'Ukraine, malgré l'invasion russe.

La résistance du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Bruxelles lui a permis de gagner quelques points à Moscou, avec qui son gouvernement nationaliste a maintenu des contacts réguliers, même pendant la guerre en Ukraine, et qui fournit toujours à la Hongrie, pays enclavé, la majeure partie de son gaz.

Citant le ministre des affaires étrangères Peter Szijjártó, le ministère a déclaré que la Hongrie avait clairement fait savoir à la Bulgarie qu'elle opposerait son veto à son entrée si la taxe sur la principale voie d'importation de gaz de la Hongrie était maintenue.

"Nous avons fait comprendre aux Bulgares que s'ils maintiennent cette taxe pendant longtemps, s'ils mettent en danger la sécurité de l'approvisionnement énergétique de la Hongrie pendant longtemps, nous mettrons notre veto à leur entrée dans l'espace Schengen", a déclaré Peter Szijjártó.

Il a ajouté que la Hongrie lèverait son veto dès que la taxe de transit serait abrogée.

Alors que les pays d'Europe occidentale ont fait de gros efforts pour se sevrer du gaz russe, la Hongrie a reçu 4,5 milliards de mètres cubes de gaz par an de la Russie dans le cadre d'un accord signé en 2021, principalement via la Bulgarie et la Serbie.

Peter Szijjártó a déclaré que la décision de la Bulgarie, qui va selon lui à l'encontre des réglementations européennes, menaçait la sécurité de l'approvisionnement non seulement en Hongrie, mais aussi en Serbie et en Macédoine du Nord.

"Alors que la taxe vise à réduire les bénéfices de Gazprom, qui, selon les accords concernant la fourniture de gaz, devrait en assumer le coût, elle pourrait néanmoins entraîner des perturbations du transit et/ou des coûts plus élevés pour les pays recevant du gaz par cette route", ont déclaré les économistes d'UniCredit dans une note. (Reportage Gergely Szakacs ; rédigé par Alison Williams et Giles Elgood, version française Benjamin Mallet)