Mathieu Lefebvre, quel bilan pouvez-vous dresser de cette année 2022 ?

"Waga Energy a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires consolidé de 19,2 M€ généré à hauteur de 79 % par la vente de biométhane et les prestations d’épuration facturées aux opérateurs de site de stockage des déchets, et à hauteur de 19 % par la vente d’équipements. Cette performance traduit l’excellente fiabilité de nos 14 unités WAGABOX® à fin 2022, avec une disponibilité moyenne supérieure à 95 %. Alors que Waga Energy fait aujourd’hui l’objet de sollicitations du monde entier, nous avons décidé de privilégier notre croissance sur le marché nord-américain. La taille des gisements sur ce marché justifie des investissements supérieurs à ceux réalisés en Europe, mais les retours attendus seront aussi beaucoup plus favorables. Dans cet environnement porteur, nous confirmons notre objectif présenté lors de notre introduction en Bourse d’atteindre fin 2026 une capacité installée permettant la production de 4 TWh/an. Cet objectif doit se traduire par un CA de l’ordre de 200 M€ à cette échéance. "

Activité annuelle de Waga Energy (source : CP du 28/2/23) 

Avec quels avantages compétitifs Waga Energy adresse-t-il le marché nord-américain, marché le plus dynamique mais aussi le plus concurrentiel sur le biométhane ?

"Notre technologie est très différenciante. Cette différenciation tient à notre capacité à traiter du gaz quelle que soit sa qualité, ce qui évite les contraintes pour les opérateurs de stockage. Cela permet de capter plus de gaz, ce qui se traduit par moins d’effet de serre et une meilleure valorisation de la ressource. L’autre intérêt de cette technologie indépendante de la qualité du gaz émis par la biomasse est la standardisation de nos solutions. Nous pouvons ainsi multiplier plus rapidement et plus économiquement les installations car nous n’avons pas à refaire l’ingénierie de calcul et de dimensionnement à chaque projet. L’Amérique du Nord et ses 2700 sites de stockage de déchets, contre moins de 200 en France, se prête particulièrement à nos solutions standard qui rassurent et permettent de dégager des effets d’échelle. Nous allons pouvoir répliquer nos installations sur ce vaste territoire doté de gisements particulièrement importants, les Américains recyclant moins que nous le faisons en Europe. Or, plus nos installations sont grandes, plus elles sont rentables. Il y a 20 000 décharges exploitables dans le monde. Nous avons commencé par la France, où nous avons bénéficié d’un mécanisme de soutien tarifaire. Aujourd’hui, l’Amérique du Nord, marché unifié où la valeur du biométhane, va nous permettre d’accélérer le déploiement de nos solutions. Notre équipe y est installée depuis plus de 3 ans et a conquis des contrats décisifs, dont la mise en production débutera en 2023 au Canada et aux Etats-Unis. "

La technologie WAGABOX® combine filtration par membranes et distillation à température cryogénique (source : société)

 

La technologie WAGABOX® est protégée par 6 familles brevets au niveau mondial. En avez-vous la pleine maîtrise ?

"La criticité de notre savoir-faire technologique réside dans le couplage de la filtration par membranes du biogaz brut émis par les déchets organiques et de la séparation par distillation cryogénique du biogaz de façon à en extraire un biométhane, substitut renouvelable du gaz naturel fossile. Ce couplage fait l’objet d’un brevet 100% Waga Energy. Nous faisons par ailleurs appel à d’autres procédés moins critiques qui font l’objet de brevets sur lesquels nous disposons de licences d’exploitation, notamment auprès de notre partenaire historique Air Liquide. "

 

Pourquoi avez-vous choisi ce modèle économique d’investisseur-exploitant de vos propres installations. Cela ne freine-t-il pas votre développement et la récupération du méthane émis par nos déchets organiques ?

"Depuis 15 ans que nous sommes dans le domaine, nous sommes conscients de la complexité que représente l’installation et de l’exploitation de nos sites. Nous ne voulons pas prendre le risque qu’une installation ne fonctionne pas. Nous ne pouvons pas dépendre de tiers et le financement par l’endettement est rendu possible par notre capacité à garantir des revenus récurrents pendant quinze à vingt ans. Il est vrai que cela mobilise des capitaux importants, d’où notre introduction en Bourse en octobre 2021 qui nous a permis de lever 126 M€."

Quels sont les chiffres clés d’une installation type ? 

" Nos installations sont standardisées mais de taille très variable en fonction des gisements. L’investissement initial s’élève de 3 à 20 M€ par Wagabox auxquels il faut ajouter le raccordement au réseau de gaz qui peut parfois se chiffrer en millions d'euros. Chaque projet, comme dans le secteur des énergies renouvelables, est logé dans une société de projet « SPV » financée à environ 80% par l’endettement. Le CA généré par chaque unité dépend des volumes de biométhane injecté (de 10 à plus de 100 GWH) et du prix du gigawattheure (50 à 110€ du GWH). La marge d’Ebitda dégagée sur les ventes de biométhane va de 30 à 50%, niveau de marge qui dépend essentiellement des prix de vente du GWH. Le temps de retour sur investissement pour chaque unité va de 5 à 7 ans. "

De quoi dépend le prix de vente défini dans vos contrats de long terme ? En quoi est-il dépendant des prix de marché du gaz naturel et des incitations publiques ?

" Cela dépend surtout des pays où nous opérons, mais globalement le prix de vente est relativement stable et supérieur au prix de marché du gaz naturel. En France, les prix de vente sont fixes, les contrats reposant sur des tarifs avec obligation d’achat sur une quinzaine d’années. Ailleurs, comme aux Etats-Unis par exemple, à la partie fixe du prix peut s’ajouter une partie indexée sur les conditions de marché du gaz naturel. Notre prix de revient actuel dépend de la taille des unités et de leur proximité avec les réseaux, tout en restant inférieur aux prix de marché."

A quel horizon visez-vous la rentabilité pour Waga Energy ? 

"Tous nos projets dégageant rapidement une marge d’Ebitda d’au moins 30%, notre horizon de rentabilité dépend de notre rythme de croissance. A ce stade, et nous ne voyons pas de raison d’infléchir notre stratégie compte tenu des besoins, nous investissons chaque année davantage."

Quel est le montant des investissements nécessaires pour atteindre vos objectifs 2026 ?

"Notre objectif est d’atteindre, à horizon fin 2026, une capacité installée permettant la production de 4 TWh/an soit un investissement de 500 à 700 M€. Compte tenu de notre structure de financement, les 126 M€ levés lors de l’IPO permettront de mobiliser ces types de montants."

L’histoire de Waga Energy en quelques étapes (source : société)

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