En attendant, leurs doutes pèsent sur le dollar au moment où le billet vert est sur le point d'entamer son mois traditionnellement le plus difficile.

En Chine, ce sont les interrogations sur les perspectives de croissance qui dominent, tandis que concernant le reste du monde, les principaux dirigeants doivent se réunir à partir du 30 novembre à Dubaï pour un sommet sur le changement climatique qui ne laisse guère augurer des chances d'un accord.

Tour d'horizon des perspectives de marché dans les prochains jours:

1) LE DOLLAR VERS SA PLUS FAIBLE PERFORMANCE MENSUELLE

Le dollar se dirige vers sa plus faible performance mensuelle depuis un an, avec une perte de 2,7% à ce stade.

La perspective d'une réduction rapide des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) l'an prochain a poussé les investisseurs à se tourner vers les bons du Trésor, ce qui a provoqué une baisse des rendements, la plus importante en un mois depuis quatre ans, et stimulé les actions au détriment du dollar.

D'un point de vue historique, décembre est traditionnellement le pire mois en terme de performance pour le billet vert. Depuis 1973, la devise américaine a perdu en moyenne 0,9% sur le dernier mois de l'année, même si elle a tendance à récupérer une partie de ses pertes en janvier, avec un gain moyen de 0,98%.

Au regard des statistiques, le billet vert ne devrait cependant pas se déprécier sur trois mois, ni même deux mois. Il y a eu 16 années au cours desquelles le dollar a baissé en novembre et en décembre, mais seulement quatre où il a baissé en novembre, en décembre et en janvier de l'année suivante.

2 ) DES MESURES DE RELANCE EN ATTENTE EN CHINE

Malgré les éléments défavorables qui affectent l'économie chinoise en raison de l'instabilité du marché clé de l'immobilier et de la faiblesse de la demande intérieure, aggravée par un taux de chômage record des jeunes, le principal conseiller économique de la Chine envisage de recommander un objectif de croissance de 5% pour la deuxième année consécutive, ont rapporté mercredi à Reuters des sources.

Pour atteindre cet objectif, les sources estiment qu'il faudra davantage de mesures de relance budgétaire, car le PIB de l'an prochain ne profitera pas du faible effet de base des restrictions liées aux règles sur le COVID-19 de 2021. Les marchés s'attendent visiblement à la même chose, les actions des entreprises en Chine continentale étant actuellement plutôt orientées à la baisse.

Jusqu'à présent, les mesures de soutien en Chine ont été largement insuffisantes, ce qui signifie qu'il sera difficile d'atteindre l'objectif de croissance de cette année. La Chine publiera jeudi les données officielles de l'indice PMI du secteur manufacturier, qui a montré le mois dernier une contraction inattendue, douchant ainsi l'espoir d'une reprise économique solide.

3) UN RALENTISSEMENT DE L'INFLATION ATTENDU AUX USA

Après un rapport encourageant sur les prix à la consommation aux Etats-Unis, les marchés espèrent que d'autres données viendront conforter la fin attendue du cycle de hausse des taux de la Fed.

L'indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE) pour le mois d'octobre, qui doit être publié le 30 novembre, devrait rester inchangé par rapport au mois précédent, selon le consensus Reuters. L'indice PCE a augmenté de 0,4% en septembre, soit le même rythme qu'en août.

Un autre indicateur clé de l'inflation, l'indice des prix à la consommation (CPI), est, lui, resté inchangé en octobre, ce qui a fait grimper les marchés actions, car il renforçait la perspective que la Fed ne devrait plus relever le loyer de l'argent.

Alors que les investisseurs évaluent l'ampleur du ralentissement attendu de l'économie, d'autres rapports économiques clés sont prévus dans les prochains jours, notamment l'indice de confiance du consommateur qui sera publié le 28 novembre. Cet indice a enregistré en octobre une troisième baisse mensuelle consécutive.

4 ) JEU D'ÉQUILIBRISME À LA BCE

Les données sur l'inflation en zone euro, qui seront publiées le 30 novembre, pourraient confirmer la tendance à la modération de la hausse des prix.

Mais si les intervenants sur les marchés anticipent trop fortement une baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), ce qui ferait reculer encore les rendements obligataires, l'institution de Francfort pourrait réagir en durcissant le ton.

Après la publication des chiffres de l'inflation en zone euro pour le mois d'octobre, qui montrait une décélération à 2,9% sur un an, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a averti que les coûts d'emprunt devraient rester restrictifs pendant de nombreux mois.

D'autres responsables de la BCE, à l'image de Pablo Hernández de Cos, ont jugé mardi prématuré d'évoquer une baisse des taux d'intérêt au cours des prochains trimestres comme le prévoient les marchés, qui tablent notamment sur une réduction de 25 points de base du taux de dépôt, actuellement à 4,0%, dès le mois d'avril.

Les responsables de la BCE redoutent que ces anticipations se traduisent par une augmentation des prêts bancaires et des dépenses des ménages, ce qui relancerait les pressions inflationnistes.

Les rendements obligataires de la zone euro, coincés dans une fourchette étroite, laissent présager que ce bras de fer entre l'optimisme des marchés et la prudence des banques centrales se poursuivra pendant un certain temps.

5 ) LES ENJEUX DE LA COP28

La COP28 qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre devrait constituer un défi majeur pour les quelque 200 pays et institutions réunis pour parvenir à un accord sur la manière de lutter contre le réchauffement climatique et, surtout, sur son financement.

Les principaux objectifs fixés par le sultan Ahmed Al Jaber, président de la COP et ministre du Pétrole des Emirats arabes unis, sont d'accélérer l'abandon des combustibles fossiles, de renforcer le financement de la lutte contre le changement climatique, de préserver la biodiversité et de créer un fonds pour les "pertes et dommages", afin que les pays les plus pauvres et les plus vulnérables ne soient pas abandonnés à leur sort.

En l'absence de consensus et au regard du pessimisme entourant l'objectif clé d'un réchauffement de 1,5 degré, le mieux que l'on puisse espérer est que les grandes institutions multilatérales, comme la Banque mondiale, consacrent davantage d'argent et d'attention au climat, et que des accords soient conclus dans des domaines peu controversés, comme le triplement de la capacité mondiale en matière d'énergies renouvelables.

(Rédigé par Lewis Krauskopf à New York, Kevin Buckland à Tokyo et Naomi Rovnick, Marc Jones et Amanda Cooper à Londres; compilé par Amanda Cooper; graphiques de Pasit Kongkunakornkul, Sumanta Sen, Kripa Jayaram, Vineet Sachdev, Prinz Magtulis; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)