29 janvier (Reuters) - La Réserve fédérale et la Banque d'Angleterre annonceront leurs premières décisions de politique monétaire de 2024, les géants américains de la technologie et les banques européennes publieront leurs comptes trimestriels, et les indicateurs d'activité devraient confirmer le ralentissement de la croissance chinoise.

Tour d'horizon des perspectives de marché des prochains jours:

1/ EN AVANT LA FED!

La Fed devrait décider de maintenir ses taux à leurs niveaux actuels à l'issue de sa réunion des 30 et 31 janvier, les marchés étant à l'affût d'indications sur la date à partir de laquelle la banque centrale commencera à assouplir sa politique monétaire.

La dernière réunion de la Fed a déclenché un rallye d'ampleur sur les actions et l'obligataire, les investisseurs se positionnant pour une première baisse des taux en mars. Si les marchés demeurent persuadés que la politique monétaire sera assouplie cette année, des indicateurs plus forts qu'attendus et des déclarations restrictives des membres du conseil des gouverneurs éloignent la probabilité d'une baisse au premier trimestre.

Des indications selon lesquelles le président de la Fed, Jerome Powell, favoriserait des taux élevés plus longtemps que ce qu'anticipent les marchés pourraient faire progresser dollar et rendements souverains.

Les marchés seront également attentifs aux annonces du Trésor américain, le département devant annoncer le montant total à financer le 29 janvier et la ventilation des échéances le 31 janvier. En automne, des inquiétudes sur la capacité du gouvernement américain à rembourser sa dette avaient déclenché un crash obligataire.

Les opérateurs n'auront pas le temps de souffler après la Fed: le rapport mensuel sur l'emploi US sera publié vendredi, un élément clé pour jauger de la résistance de l'économie américaine aux hausses de taux.

La confiance du consommateur sera par ailleurs attendue mardi, l'ISM manufacturier et l'indicateur ADP sur l'emploi sont attendus mercredi, et l'indicateur de sentiment définitif de l'Université du Michigan sera publié vendredi.

2/ LA LIVRE SUSPENDUE À LA BOE

La Banque d'Angleterre (BoE) devrait maintenir ses taux à leurs niveaux actuels au cours de sa prochaine réunion, le 1er février, mais pourrait commencer à envisager un assouplissement de sa politique monétaire.

La performance de la livre, qui a gagné environ 5% face au dollar en trois mois, tient aux perspectives de taux au Royaume-Uni. Les marchés espéraient en effet que l'institution assouplirait sa politique monétaire plus lentement que son homologue américaine, un rythme favorable au différentiel de taux.

Ce scénario apparaît de plus en plus fragile, les économistes s'attendant à ce que la BoE commence à rendre son discours sur l'inflation moins restrictif.

Les investisseurs s'inquiètent également du prochain budget, attendu en mars. Le parti conservateur au pouvoir pourrait réduire trop généreusement les impôts dans la perspective des prochaines élections, ce qui pourrait contribuer à mettre la livre sous pression.

3/ ESSOUFFLEMENT CHINOIS

Les indices d'activité PMI pour la Chine, attendus mercredi, pourraient confirmer que l'économie chinoise aura besoin d'un soutien important pour repartir.

Alors qu'investisseurs et acteurs économiques plaident depuis des mois pour des plans de soutien ambitieux, le gouvernement s'est pour le moment contenté de prendre des mesures ponctuelles et ciblées. Le pays, autrefois poche incontournable au sein des portefeuilles, est désormais délaissé par les investisseurs internationaux.

La banque centrale a procédé à une forte réduction des réserves obligatoires qui injectera environ 140 milliards de dollars de liquidités dans le système bancaire, mais le soulagement n'a été que de courte durée. La Chine a dépassé de peu son objectif de croissance de 5% fixé pour 2023, et les analystes doutent que cette tendance puisse continuer.

4/ LES SEPT MAGNIFIQUES À L'HONNEUR

Les entreprises de croissance et les plus grandes capitalisations américaines publieront leurs résultats la semaine prochaine.

Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon et Meta Platforms, cinq des "Sept Magnifiques" qui ont contribué à la bonne performance du S&P 500 l'an dernier publieront leurs résultats, déterminants pour la trajectoire des indices américains à court terme.

Les entreprises du S&P 500 devraient afficher en moyenne une hausse de 4,5% de leurs bénéfices au quatrième trimestre par rapport à la même période de l'année précédente, selon des données LSEG.

En 2024, les bénéfices des entreprises de l'indice devraient s'afficher en hausse de 10%, mais les investisseurs seront attentifs aux risques pesant sur ce scénario optimiste.

5/ SORTIE DE CRISE?

Bénéfices en hausse, bonne performance des cours, dividendes à des niveaux records: la hausse des taux d'intérêts, qui soutient les revenus nets d'intérêts, profite aux banques européennes.

BBVA publiera ses résultats annuels mardi, Santander mercredi, et Deutsche Bank< DBKGn.DE>, BNP Paribas et UniCredit jeudi.

Les investisseurs seront attentifs aux premiers signes de baisses de taux, qui pourraient éroder les profits des banques, mais aussi au rebond des prêts non performants. L'impact de la politique monétaire pourrait également encourager les banques à se montrer moins généreuses sur les dividendes et les rachats d'actions.

Les chiffres du PIB au quatrième trimestre en zone euro, en France et en Allemagne, publiés mardi, l'inflation préliminaire en France et en Allemagne (mercredi) et les PMI manufacturiers pour janvier définitifs ainsi que l'inflation préliminaire en zone euro pour janvier (jeudi) devraient permettre au secteur bancaire et au marché d'affiner leurs perspectives économiques pour 2024.

(Graphiques Vineet Sachdev, Prinz Magtulis, Kripa Jayaram, Pasit Kongkunakornul et Riddhima Talwani ; compilé par Karin Strohecker ; version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)