Le coût estimé par l'armée américaine pour la construction d'une jetée au large de Gaza destinée à l'acheminement de l'aide humanitaire est passé à 320 millions de dollars, ont déclaré à Reuters un responsable de la défense américaine et une source au fait du dossier.

Ce chiffre, qui n'avait pas été communiqué auparavant, illustre l'ampleur de l'effort de construction qui, selon le Pentagone, implique environ 1 000 militaires américains, principalement de l'armée de terre et de la marine.

Néanmoins, le coût a grosso modo doublé par rapport aux estimations initiales du début de l'année, selon une personne connaissant bien le dossier.

"Le coût n'a pas seulement augmenté. Il a explosé", a déclaré à Reuters le sénateur Roger Wicker, principal membre républicain de la commission sénatoriale des forces armées, dirigée par les démocrates, lorsqu'il a été interrogé sur les coûts.

"Cet effort dangereux aux bénéfices marginaux va maintenant coûter aux contribuables américains au moins 320 millions de dollars pour faire fonctionner la jetée pendant seulement 90 jours.

Le président démocrate Joe Biden a annoncé la construction de l'embarcadère en mars, alors que les responsables de l'aide humanitaire imploraient Israël de faciliter l'accès des secours à Gaza par voie terrestre. En ouvrant une deuxième voie d'acheminement de l'aide, cette fois-ci par voie maritime, les responsables de l'administration Biden espèrent éviter la famine dans le nord de la bande de Gaza.

La campagne militaire israélienne contre le Hamas, en réponse à l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, a dévasté la minuscule bande de Gaza et plongé ses 2,3 millions d'habitants dans une catastrophe humanitaire.

Toutefois, M. Wicker et d'autres législateurs se sont interrogés sur le bien-fondé de cette mission, compte tenu notamment du risque que le personnel militaire américain devienne la cible des militants du Hamas.

"Combien les contribuables devront-ils payer une fois que la jetée sera construite, ou si elle l'est ? a demandé M. Wicker.

"Pour chaque jour que dure cette mission, le prix augmente, tout comme le niveau de risque pour les 1 000 soldats déployés à portée des roquettes du Hamas.

Les inquiétudes concernant la menace pour les troupes américaines d'être prises dans la guerre entre Israël et le Hamas ont été soulignées jeudi par l'annonce d'une attaque au mortier près de la zone où la jetée touchera finalement le sol. Aucune force américaine n'était présente, cependant, et elles se trouvaient à des kilomètres de la côte, hors de portée des mortiers.

M. Biden a ordonné aux forces américaines de ne pas poser le pied sur le littoral de Gaza.

Le quai accueillera 90 camions par jour dans un premier temps, mais ce nombre pourrait atteindre 150 camions par jour lorsqu'il sera pleinement opérationnel. Les Nations Unies ont déclaré la semaine dernière que le nombre moyen quotidien de camions entrant à Gaza au cours du mois d'avril était de 200 et qu'il y avait eu un pic le lundi avec 316 camions.

Un haut fonctionnaire de l'administration Biden a déclaré la semaine dernière que l'aide humanitaire arrivant sur le quai devra passer par les points de contrôle israéliens sur terre.

Et ce, bien que l'aide ait déjà été inspectée par Israël à Chypre avant d'être expédiée à Gaza. Israël veut empêcher l'acheminement aux combattants du Hamas de toute aide susceptible de renforcer leur effort de guerre.

La perspective des points de contrôle soulève des questions sur les retards possibles, même après que l'aide ait atteint le rivage. Les Nations unies se plaignent depuis longtemps des obstacles à l'acheminement et à la distribution de l'aide dans la bande de Gaza.

Les Nations unies ont lancé un appel de 2,5 milliards de dollars pour tenter de répondre aux besoins les plus urgents des habitants de la bande de Gaza entre avril et décembre.