Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) devrait annoncer jeudi qu'elle maintient à nouveau son taux directeur inchangé mais pourrait laisser entendre qu'elle envisage de démarrer un cycle d'assouplissement monétaire cet été.

Les économistes n'attendent pas de changement du taux directeur de la BoE, qui devrait rester figé à son plus haut niveau depuis 2008, à 5,25%, jeudi à l'issue de sa réunion de mai.

"Au début de l'année, de nombreux acteurs du marché considéraient la décision de mai comme le point de départ d'un cycle de baisse des taux, mais cela semble désormais très improbable", souligne Michael Pfister, analyste chez Commerzbank, qui relève que "l'inflation au Royaume-Uni est encore trop élevée".

Cette décision de politique monétaire s'accompagnera d'une actualisation des prévisions d'inflation et de croissance, ainsi que d'une conférence de presse.

"Il y a peu de marge pour des prévisions d'inflation plus faibles et les votes" du Comité de politique monétaire (MPC) britannique "pourraient refléter un autre (petit) pas vers une première baisse des taux", qui pourrait intervenir en août, estime l'analyste.

Certains analystes envisagent même que la BoE entame son cycle d'assouplissement monétaire dès le mois de juin.

Si l'inflation a marqué un léger repli au Royaume-Uni en mars, à 3,2% sur un an, contre 3,4% en février, la croissance des salaires, qui a atteint 6% (hors bonus) pour les trois mois achevés fin février, signale un marché du travail encore tendu.

BoE plus rapide que la Fed?

Le mois dernier, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, avait estimé que les chiffres portant sur avril, attendus fin mai, "devraient faire état d'une forte chute" de l'inflation "vers la cible" de l'autorité monétaire, à savoir 2%.

Lors de sa décision de février, la BoE estimait revenir plus durablement à cet objectif fin 2026.

En septembre, la banque centrale britannique avait marqué une pause après une série de 14 tours de vis consécutifs entamée en décembre 2021, et opté pour le statu quo depuis.

Lors de sa dernière réunion de mars, une seule membre du MPC avait voté pour une baisse de taux, le reste s'exprimant en faveur de leur maintien.

Par ailleurs, les cambistes "cimentent leurs paris sur une action de la BoE plus rapide que celle de la Fed", la Réserve fédérale américaine, avec "deux réductions de taux attendues cette année" côté britannique, complète Neil Wilson, analyste chez Finalto.

Ces derniers jours, la livre britannique a souffert de ces attentes, perdant du terrain face aux principales devises.

Par ailleurs, les chiffres de croissance attendus vendredi signaleront si le Royaume-Uni est parvenu à s'extraire de la récession technique dans laquelle le pays était tombé à la fin de l'année dernière.

L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) s'attend de son côté à ce que le Royaume-Uni affiche la plus faible croissance des pays riches du G7 l'an prochain, justement à cause, entre autres, de taux d'intérêt toujours élevés et d'une inflation têtue.

afp/rp