Le secrétaire d'État américain Antony Blinken doit défendre le budget des affaires étrangères de 64 milliards de dollars demandé par le président Joe Biden lors de quatre auditions au Congrès cette semaine, dans un contexte de profondes divergences avec les républicains sur les priorités en matière de dépenses et sur la politique israélienne.

M. Blinken témoignera mardi au Sénat, contrôlé par les démocrates, devant la commission des affaires étrangères et la sous-commission des crédits qui supervise les dépenses en matière de diplomatie et d'aide à l'étranger.

Il retournera au Capitole mercredi pour deux autres séries de témoignages devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, dirigée par les républicains, et devant une sous-commission des crédits de la Chambre.

Ces auditions devraient porter sur la politique israélienne, M. Biden ayant déclaré au début du mois qu'il retarderait une livraison de bombes à Israël et envisagerait d'en retenir d'autres si les forces israéliennes lançaient une invasion majeure de Rafah, une ville accueillant de nombreux réfugiés dans le sud de la bande de Gaza.

Ces événements ont suscité la colère des républicains, dont certains ont accusé M. Biden d'abandonner Israël, en dépit des milliards de dollars d'aide militaire américaine qui sont toujours prévus pour le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Mais M. Biden a également essuyé les critiques d'un grand nombre de ses collègues démocrates, qui souhaitent qu'il fasse davantage - notamment en posant des conditions aux exportations d'armes - pour inciter le gouvernement de M. Netanyahou à protéger les civils palestiniens. Israël se bat pour éliminer les militants du Hamas qui ont attaqué Israël le 7 octobre, tuant environ 1 200 personnes et prenant 253 otages, selon les décomptes israéliens.

Les autorités palestiniennes affirment que plus de 35 000 personnes ont été tuées au cours de la campagne israélienne à Gaza, dont un grand nombre de femmes et d'enfants. La malnutrition est généralisée et une grande partie de la population de l'enclave côtière s'est retrouvée sans abri, la plupart des infrastructures de l'enclave ayant été détruites.

PROTESTATIONS

Lorsque M. Blinken et le secrétaire à la défense Lloyd Austin ont témoigné devant le Sénat le 31 octobre au sujet de la demande d'aide à la sécurité de M. Biden pour l'Ukraine et Israël, ils ont été interrompus à plusieurs reprises par des manifestants qui ont dénoncé les fonctionnaires pour avoir soutenu ce qu'ils ont appelé un "génocide" contre les Palestiniens à Gaza.

Depuis, les manifestations contre Gaza se sont intensifiées dans tous les États-Unis, y compris sur les campus universitaires où des dizaines d'arrestations ont eu lieu.

Le vaste programme d'aide à l'étranger destiné à Israël, à l'Ukraine, à Taïwan et aux besoins humanitaires a finalement été adopté par le Congrès en avril, après avoir été bloqué pendant des mois par des républicains mécontents des milliards de dollars d'aide que Washington a envoyés à Kiev dans sa lutte contre l'envahisseur russe.

Le texte n'a été adopté par la Chambre des représentants que parce qu'une majorité de démocrates l'a soutenu, et les partis restent divisés sur l'ampleur de l'aide supplémentaire que Washington devrait apporter à l'Ukraine.

Les républicains ont également exprimé leur indignation lundi lorsque la Cour pénale internationale de La Haye a demandé des mandats d'arrêt contre M. Netanyahu et son chef de la défense, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Le sénateur Lindsey Graham, principal membre républicain de la sous-commission des crédits où M. Blinken doit témoigner mardi, a qualifié les actions de la CPI de "scandaleuses" et a promis d'agir.

"Je travaillerai fébrilement avec mes collègues des deux côtés de l'allée dans les deux chambres pour imposer des sanctions accablantes à la CPI", a déclaré M. Graham dans un communiqué.

Les démocrates ont également critiqué l'action de la CPI, M. Biden la qualifiant de "scandaleuse". M. Blinken s'est interrogé sur la compétence de la Cour et sur la procédure suivie pour formuler cette demande. Il a ajouté que cela pourrait compromettre les négociations en vue d'un accord sur les otages et d'un cessez-le-feu.