Wall Street entame le mois de décembre aussi bien qu'il avait achevé novembre... mieux même puisque qu'après quelques séances plus hésitantes après le 19 novembre, le Dow Jones gagne carrément +0,82% à 36.245 (+2,4% hebdo) et égale à 0,5% près sa meilleure clôture historique de novembre 2021 et à 1,5% près celle du 4 janvier 2022 (vers 36.800), le S&P500 gagnant quant à lui +0,59% à près de 4.595.

Les indices US bouclent leur cinquième semaine de hausse sans le moindre retracement de plus de 1%, avec un ratio incroyable, presque surnaturel, de cinq hausses pour une baisse : 19 gains, deux replis de -0,08%, deux de -0,2% et une seule baisse digne de ce nom de -0,8%, soit -1,36% de 'drawdown' depuis le 27 octobre pour 10,4% de gain.

Une telle absence de consolidation -même symbolique- est absolument exceptionnelle : certes, il a bien existé des rebonds plus amples par le passé, mais après des chutes indicielles de -30 ou -50%. Et ces rebonds ont été émaillés de franches corrections : un scénario haussier qui se déroule aussi inexorablement est sans précédent au XXIème siècle.

Puisque qu'il faut bien habiller de rationalité ce que personne n'aurait osé envisager, la clé de l'euphorie du jour est que les investisseurs ont acquis la certitude quasi-absolue que les propos de Jerome Powell tenus ce 1er décembre -au-delà des éléments de langage de rigueur concernant la lutte contre l'inflation- confirment que la Fed en a bien fini avec les hausses de taux (ce qui a été anticipé à partir du 1er novembre) et que le prochain thème de réflexion concernera le calendrier de la baisse des taux.

Le marché, déjà en 'mode rallye', passe en 'full bull' : il n'y a pratiquement plus que des acheteurs et pratiquement personne pour se couvrir. La suprématie des 'calls' sur les 'puts' fait que le 'VIX' s'écrase de -2,25% vers 12,60 et atteint depuis 10 jours des niveaux de complaisance qui n'ont d'équivalent que ceux observés mi-décembre 2019.

Il y a énormément de liquidités dans le marché malgré le programme de revente d'actifs figurant au bilan de la Fed, car le Trésor américain a émis bien plus de liquidités pour le compte du gouvernement depuis juin que ce qui a été 'épongé' ces cinq derniers mois.

Du coup, les investisseurs ont déjà complètement oublié la révision à la baisse des anticipations de l'OCDE concernant le net ralentissement de l'activité en 2024 avec un PIB ramené de 2,4% à 1,5% : il y a tant de liquidité et d'optimisme que l'idée d'une récession, même modérée, est complètement évacuée.

'Goldilocks' est de retour pour 2024 : l'inflation va continuer de diminuer, mais le PIB restera bien plus vigoureux que ce qui était envisagé il y a un mois quand les taux US à 10 ans flirtaient avec les 5%.

La détente des taux ce vendredi a été une fois de plus spectaculaire puisque le rendement des T-Bonds s'est effondré de -14 points de base à 4,2050% (soit -26 pb en 'hebdo', l'équivalent d'une détente supplémentaire de 25 pb par la Fed anticipé pour 2024).

Cette détente a dopé les valeurs bancaires (et notamment les établissements régionaux en grande difficulté depuis mi-mars dernier) : Zions s'envole de +7,6%, Keycorp de +6,7%, Comerica prend +6,6% et Goldman Sachs +2%. Le Nasdaq (+0,55% à 14305) a moins profité de la baisse des taux et a été plombé par Marvel -5,3%, Intel -2,2% et Microsoft -1,2%.

Goldman Sachs estime à plus de 50% la probabilité que la Fed baisse ses taux dès le mois de mars 2024, mais voit le pétrole évoluer entre 80 et 100$ en 2024, ce qui signifie que la baisse des prix de l'énergie ne sera plus le moteur d'un ralentissement de l'inflation l'an prochain.

Côté chiffres, la contraction de l'industrie manufacturière aux Etats-Unis a ralenti en novembre, selon l'indice ISM qui est ressorti parfaitement inchangé le mois dernier à 46,7, alors que les économistes l'attendaient en hausse. Publié un peu plus tôt, l'indice PMI manufacturier de S&P Global est ressorti à 49,4 en définitive, conformément à son estimation 'flash' et après 50 pour octobre.

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