l'or faiblit

Londres (awp/afp) - Le cacao a encore flambé sur la semaine, battant de nouveaux records à Londres comme à New York, galvanisé par des approvisionnements serrés des pays producteurs, et des spéculations autour d'une nouvelle année d'offre limitée.

Jeudi à Londres, la tonne de cacao a culminé à 3.756 livres sterling, un prix record enregistré depuis le début du contrat en 1989 et qui dépasse donc les précédents sommets atteints pendant la guerre civile en Côte d'Ivoire.

A New York, elle a touché jeudi 4.840 dollars, un nouveau record depuis 1977, près de 46 ans.

"La disponibilité du cacao en provenance d'Afrique de l'Ouest reste limitée et les prévisions d'un nouveau déficit de production par rapport à la demande pour l'année à venir augmentent", commente Jack Scoville, de Price Futures Group.

Le marché s'inquiète d'une "nouvelle année de production insuffisante", sentiment renforcé par le phénomène climatique El Nino "qui pourrait menacer les cultures d'Afrique de l'Ouest avec un temps chaud et sec plus tard dans l'année", poursuit-il.

Par ailleurs, l'analyste note que "la demande pourrait être un problème avec les prix très élevés actuels".

Dans son dernier rapport mensuel publié jeudi, l'Organisation internationale du cacao (ICCO) rappelle que "l'offre a été le principal facteur qui a alimenté la hausse des prix", notamment en raison de "conditions météorologiques défavorables et des maladies" affectant les cultures.

"Avec la récente flambée des taux de fret due aux tensions dans la région de la mer Rouge, le commerce international risque d'être affecté", met aussi en garde l'Organisation.

Les prix du cacao étant déjà à des niveaux records, "un coût supplémentaire résultant des taux de fret élevés (...)pourrait affecter la demande", précise le rapport.

Vers 16H15 GMT (17H15 à Paris) à Londres vendredi, la tonne de cacao pour livraison en mai valait 3.682 livres sterling, contre 3.656 livres sterling une semaine plus tôt en fin de séance.

A New York, la tonne pour livraison en mars valait dans le même temps 4.672 dollars, contre 4.583 dollars vendredi dernier.

L'aluminium décolle

Le prix de l'aluminium a grimpé cette semaine sur la Bourse des métaux de Londres (LME), dopé par les dernières mesures de relance de l'économie chinoise et les spéculations autour de potentielles prochaines sanctions occidentales sur l'aluminium russe.

Les nouvelles mesures de relance par le biais de la Banque populaire de Chine "ont donné un coup de pouce aux métaux de base en milieu de semaine", explique Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank.

La demande chinoise est scrutée par les investisseurs, la Chine étant un important consommateur de métaux de base. Les métaux industriels et en particulier le cuivre sont ainsi très sensibles à l'activité chinoise et aux perspectives de la demande du pays.

La réaction des prix à "l'assouplissement (de la politique) monétaire de la Chine" pourrait donner "un avant-goût de ce à quoi s'attendre lorsque les (autres) banques centrales commenceront à réduire leurs taux", poursuit Thu Lan Nguyen.

Fortement utilisé dans l'industrie, notamment pour la confection de circuits électriques, le cuivre est aussi connu pour refléter l'état de santé de l'économie mondiale, d'où son surnom de Docteur Cuivre (Dr Copper).

Or, les baisses de taux directeurs ont tendance à relancer l'activité économique.

Le prix de l'aluminium a par ailleurs décollé sur fond de spéculations selon lesquelles l'Union européenne "pourrait interdire complètement le commerce de l'aluminium russe dans le cadre d'un renforcement de ses sanctions contre la Russie, affirme Thu Lan Nguyen.

Commerzbank affirme que seuls 12% des importations russes d'aluminium sont jusqu'à présent concernées par les sanctions de l'UE, selon les données de l'association industrielle European Aluminium.

Cette interdiction pourrait être décidée "dans le cadre du 13e paquet de sanctions contre la Russie, qui devrait être approuvé d'ici le 24 février", confirme Ole Hansen, analyste chez Saxobank.

Bjarne Schieldrop, analyste pour Seb, affirme cependant que les effets de l'interdiction, si elle est décidée, devraient rester "limités".

"La Russie ne cessera pas de produire et d'exporter de l'aluminium. Au contraire, elle l'exportera et l'enverra ailleurs dans le monde", estime-t-il.

Sur le LME, la tonne d'aluminium coûtait 2.275,50 dollars vendredi, contre 2.166 dollars sept jours plus tôt à la clôture.

L'or mollit

Les prix de l'or ont légèrement reculé pour la deuxième semaine consécutive, en raison de l'incertitude entourant le calendrier de la première baisse des taux américains, qui pourraient influencer le dollar et les rendements obligataires, valeurs concurrentes du métal jaune.

Le prix du lingot a été lesté "au cours des dernières séances par les paris autour de la probabilité d'une baisse des taux" de la Réserve fédérale américaine (Fed) en mars, commente Han Tan, analyste d'Exinity.

Attendue mercredi, la prochaine décision de l'institution monétaire fournira des orientations en mesure de préciser ces prévisions.

Une diminution des taux d'intérêt américains plombe habituellement à la fois les rendements des bons du Trésor américain et le cours du dollar.

Si les investisseurs perdent de l'intérêt pour ces valeurs refuges concurrente du métal jaune, le prix de l'or en sortirait renforcé.

Mais sur le mois de janvier, le prix de l'or a perdu du terrain, plombé par "la baisse des attentes d'une réduction imminente des taux d'intérêt par la Fed au premier trimestre", celle-ci pouvant intervenir plus tardivement en mai, note Frank Watson, analyste chez Kinesis Money.

Selon des chiffres publiés vendredi, l'indice d'inflation PCE, jauge privilégiée par la Fed, s'est stabilisé à 2,6% sur un an en décembre, proche de l'objectif de 2% visé par l'institution monétaire.

Mais la vigueur économique des Etats-Unis pourrait favoriser la poursuite d'une politique monétaire restrictive. Le Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a en effet avancé de 3,3% en rythme annualisé au quatrième trimestre 2023, soit davantage que prévu.

L'once d'or s'échangeait vendredi à 2.018,18 dollars, contre 2.029,49 dollars sept jours plus tôt.

lul-emb/ved/nth