Le projet de loi "Pacte" autorisera l'Etat, qui détient 50,63% du capital de l'exploitant des aéroports de Roissy et Orly, à passer sous le seuil de 50%. Il sera présenté lundi prochain en conseil des ministres, puis au Parlement fin 2018 ou début 2019.

ADP a gagné près de 10% en Bourse de Paris cette semaine. Sa capitalisation boursière s'élève à 19,1 milliards d'euros.

Deux sources financières ont déclaré que Vinci, qui détient 8% du capital d'ADP et s'est déjà dit prêt à se renforcer, a proposé à des fonds de pension, dont Canada Pension Plan Investment Board (CPPIB), Ontario Municipal Employees Retirement System (OMERS) et Ontario Teachers' Pension Plan (OTPP), de s'associer à une éventuelle offre.

CPPIB et OMERS ont refusé de commenter ces informations. Vinci et OTPP n'étaient pas disponibles dans l'immédiat pour un commentaire.

Selon une troisième source, la cession de parts de l'Etat dans ADP devrait être lancée officiellement au premier trimestre 2019.

Vu la taille de l'exploitant d'aéroport, des banquiers ont estimé que la participation de contrôle du gouvernement pourrait être divisée en plusieurs parties qui seraient vendues séparément.

DES FONDS AMÉRICAINS ET DU MOYEN-ORIENT ÉGALEMENT INTÉRESSÉS

Une des sources a dit s'attendre à ce que des fonds américains et du Moyen-Orient préparent aussi des offres, éventuellement en constituant des consortiums.

Les aéroports européens attirent les sociétés de capital-investissement, les fonds de pension et les fonds spécialisés dans les infrastructures depuis plusieurs années car ils offrent un fort potentiel de croissance compte tenu du développement du trafic aérien et du chiffre d'affaires des magasins, hôtels et parkings.

L'investisseur australien Macquarie s'apprête de son côté à revendre l'aéroport de Bruxelles au cours de l'été, selon des sources proches du dossier.

Au Royaume-Uni, des sources bancaires s'attendent à ce que le fonds Global Infrastructure Partners vende ses parts des aéroports d'Edimbourg et Gatwick d'ici un an ou deux.

Le projet de loi "Pacte" prévoira un changement de statut pour ADP afin de limiter à 70 ans la détention et l'exploitation de ses actifs, a-t-on précisé lundi à Bercy.

De son côté, l'Etat disposera d'un droit de veto sur les cessions d'actifs du groupe. Il négociera également avec ADP un contrat de régulation économique fixant tous les cinq ans le montant des investissements, le niveau et l'évolution des redevances aéroportuaires, sous le contrôle d'une autorité indépendante.

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)

par Clara Denina et Dasha Afanasieva

Valeurs citées dans l'article : Vinci, Aéroports de Paris, Macquarie Group Ltd