PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le renoncement de Philippe Capron à briguer le poste de PDG d'Air France-KLM en raison du veto du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a probablement levé le principal obstacle à un rachat par AccorHotels des 14% détenus par l'Etat au capital de la compagnie aérienne.

Dans une lettre adressée ce week-end à Anne-Marie Couderc, la présidente par intérim du groupe aérien, Philippe Capron n'a pas caché sa ferme opposition à un tel projet, nourri selon lui par la volonté d'Accor de piller les données commerciales d'Air France-KLM et de se doter d'une pilule empoisonnée face au chinois JinJiang.

"Le conseil d'administration d'Air France-KLM n'a pas la capacité d'empêcher l'Etat de vendre ses actions", reconnaît un protagoniste du dossier, "mais un PDG opposé à l'opération aurait pu contester l'influence d'Accor au conseil" s'il venait à récupérer les trois sièges actuellement occupés par l'Etat.

Jusqu'à ce jour, l'Etat n'a pas exprimé son opposition à une transaction avec Accor. L'Agence des participations de l'Etat travaille même sur le dossier depuis plusieurs semaines. Accor avance également de son côté afin d'être prêt, selon une source proche, à signer avec l'Etat dès que le nouveau président d'Air France-KLM aura été choisi, probablement dans le courant du mois de juillet.

La question de la nationalité des actionnaires d'Air France-KLM, dont la majorité du capital doit être détenue par des intérêts communautaires sous peine de perdre ses licences, n'est pas problématique, assure une source proche. "Il existe plusieurs solutions", assure-t-elle. Les 14% de l'Etat pourraient être achetés par une holding dans laquelle Accor ferait entrer des partenaires communautaires afin de compenser le poids de ses actionnaires chinois ou moyen-orientaux (Qatar Investment Authority). Un système juridique ressemblant à celui des fonds, avec un "general partner" qui gérerait la participation et des "limited partners" qui se contenteraient d'apporter l'argent, est également étudié.

Face aux interrogations sur l'intérêt d'acheter 14% du capital, alors qu'un accord de partage des données des voyageurs suffirait, Accor rétorque qu'il discute avec Air France depuis des années de ces sujets mais que rien n'a jamais réellement abouti. "L'entrée au capital permettait d'aligner les intérêts et d'accélérer les synergies", appuie cette source, confirmant la réelle motivation du groupe hôtelier.

Alors que son cours de Bourse a chuté de 10% depuis la révélation du projet début juin, Accor souhaite maintenant aller vite.

-Olivier Pinaud, L'Agefi ed: VLV

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