Berlin peut refuser de vendre aux pays extérieurs à l'Union européenne et à l'Otan des armes contenant des pièces fabriquées en Allemagne.

Airbus plaide pour une régulation européenne.

"Apparemment, les Français et les Allemands en discutent et essaient de s'entendre sur une nouvelle réglementation (...). Mais pour le moment, ça ne donne aucun résultat", relève Tom Enders, interrogé par Reuters.

"Cela nous rend fous, depuis des années à Airbus, que la partie allemande se donne le droit de bloquer la vente, disons, d'un hélicoptère français alors que seule une pièce allemande minuscule est entrée dans sa fabrication."

L'Allemagne a décidé unilatéralement en octobre dernier, à la suite de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul, de suspendre ses ventes d'armes à l'Arabie saoudite, son deuxième marché après l'Algérie.

Cette décision a bloqué l'émission d'une licence d'exportation pour la vente du missile air-air de longue portée Meteor, qui est censé équiper l'Eurofighter Typhoon de l'armée de l'air saoudienne.

Le Meteor est assemblé par MBDA, filiale d'Airbus, BAE Systems et Leonardo, mais son système de propulsion et ses ogives sont fabriqués en Allemagne.

Le futur avion de combat lancé cette semaine par Paris et Berlin (voir) et un projet de char d'assaut franco-allemand pourraient être remis en cause si Berlin n'adapte pas sa politique, prévient-on de sources militaires et diplomatiques françaises.

La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a plaidé jeudi pour une politique européenne commune en matière d'exportations d'armes.

"Nous Allemands ne devrions pas prétendre être plus moraux que la France", a-t-elle dit lors de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité.

Français et Allemands ont échangé des courriers à ce sujet.

"Sur les fondamentaux, nous avons exprimé notre désir de résoudre ce problème. Il nous reste du travail", a souligné un responsable français.

"C'est un test décisif pour mesurer le sérieux des Allemands vis-à-vis de la défense commune et d'une coopération étroite avec la France", a estimé Tom Enders.

(Avec John Irish, Tanya Wood; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

par Andreas Rinke

Valeurs citées dans l'article : Airbus SE, Leonardo, BAE Systems