Avec 22% de croissance annuelle depuis son introduction en Bourse en 2015, Akka commence à peser lourd dans le monde de la R&D externalisée. Et constituera l’alternative boursière à Alten, si Altran venait à quitter la cote…
 
Nicolas Valtille, certains investisseurs ont douté à l’approche de cette publication. Finalement, c’est très bon ?
"Des rumeurs erronées ont effectivement couru dernièrement, le marché allemand de l’ingénierie ayant donné des signes de faiblesse ces derniers temps, mais nous publions des résultats semestriels solides : un CA en croissance de 25,2% dont 8% en organique, une marge opérationnelle en hausse à 7,3% - hors PDS Tech - et un triplement de la marge opérationnelle d’AKKA North America avec déjà un beau redressement de la profitabilité de PDS Tech.  Nous confirmons par ailleurs toutes nos perspectives 2019 et 2022."
 
Akka est très présent sur l’industrie automobile allemande, notamment auprès de Daimler, qui pèse 20% du CA du Groupe. Comment gérez-vous les bouleversements chez vos clients allemands ?
"Nous restons en croissance en Allemagne, et le resterons au deuxième semestre, avant une accélération en 2020. L’activité a été ponctuellement ralentie par la mise en place de la nouvelle organisation et l’adoption de la marque unique AKKA, mais cette division devrait progressivement profiter des très bonnes relations que nous entretenons avec les principaux équipementiers allemands. Nous connaissons une très forte accélération dans le digital car nos clients sont en train de changer massivement leur façon de réaliser de la R&D et nous savons les accompagner sur cette voie. Leurs budgets sont colossaux et leur volonté d’investissement est très forte.  Nos clients allemands, Daimler en particulier, sont profitables et ont une structure financière très solide. A titre d’exemple, nous avons remporté en mars un contrat de 60 M€ avec Volkswagen, client qui ne pèse aujourd’hui que 80 M€ par an chez nous. Pour résumer, Akka continue de capitaliser sur l’acquisition de MBtech, jugée audacieuse à l’époque, en 2012. Nous avons payé au total une centaine de millions d’euros pour prendre le contrôle de MBtech, pour un CA de 350 M€ de CA à l’époque. Six ans plus tard, avec 500 M€ de CA et une clientèle automobile diversifiée, nous nous sommes sentis suffisamment forts pour accélérer aux Etats-Unis en rachetant PDS Tech mi-2018". 

Quels sont vos plans en Amérique du Nord ?
"L’acquisition de PDS Tech nous permet d’être moins dépendant d’Airbus dans l’aéronautique, en perçant chez Boeing.  Le marché américain est gigantesque et nous visons dans un premier temps 1 Md€ de CA en 2022, afin d’atteindre une taille critique. PDS Tech un point d’appui particulièrement bien choisi, avec déjà de nombreuses synergies commerciales, comme le montre la signature d’un contrat pluriannuel de 300 M$ dans l’aéronautique. La croissance pro forma en Amérique du Nord a accéléré au premier semestre, à 26,1%, pour un CA de 152,4 M€, tiré par les fortes performances avec Boeing, Honeywell, United Technologies, Daimler et Porsche. Cela doit nous permettre d’atteindre une marge opérationnelle de 7% en 2020 puis 10% en 2022 sur ce territoire".
 
La profitabilité progresse dans chacune de vos quatre divisions, et converge vers les 10% de marge opérationnelle groupe visés en 2022 …
"Nous sommes déjà à plus de 10% de marge opérationnelle d’activité en France (ndlr 10,5% soit +0,5pt), à 7,7% en Allemagne (+0,4pt), à 11,1% à l’international hors US (+1 point), et enfin à 3,6% en Amérique du Nord, soit un triplement au 1er semestre. Toutes nos divisions ont vocation à atteindre au moins 10% de profitabilité en 2022 et toutes nos acquisitions doivent dégager au moins 20% de retour sur capitaux investis".
 
A propos d’acquisition, l’endettement net du groupe a fortement progressé, et dépasse même les 500 M€ avec l’application de la norme IFRS 16. Quelle marge de manœuvre cela vous laisse-t-il pour réaliser les 700 M€ de CA à acquérir d’ici 2022 pour atteindre les 2,5 Md€ de CA visés ?
"Sur l’impact IFRS 16 sur nos comptes, il est important car nous louons tous les locaux que nous occupons et cette norme nous impose de capitaliser les loyers et de les faire figurer au passif de notre bilan, comme si nous étions propriétaires. L’impact de cette norme sur nos résultats est inférieur à 1 M€ au semestre. Notre dette nette est maîtrisée et reste très en deçà des limites accordées au groupe par ses créanciers. Elle sera fortement réduite d’ici la fin de l’exercice, comme chaque année, d’autant plus que notre génération de FCF doit accélérer dans les prochaines années. Nous sommes d’ailleurs en train de finaliser la mise en place de nouvelles lignes de crédit pour un montant de 370M€ sur une durée initiale de 5 ans, qui pourra être portée à 7 ans. En tenant compte de sa trésorerie brute, des financements existants non utilisés et de ces nouvelles lignes de crédit, le Groupe dispose de près de 800 M€ pour financer sa croissance future, organique surtout, et externe de façon ciblée, notamment aux États-Unis. Viendra, plus tard, le moment de conquérir l’Asie…".