Pour illustrer la surface financière que cela représente, nous nous sommes livrés à un comparatif avec les principaux indices européens. Une démarche plutôt ludique qui n'a pas spécialement d'intérêt fondamental, mais qui illustre le caractère atypique d'Apple. Même si, nous le verrons en conclusion, il n'y a pas vraiment de magie là-dedans : la capitalisation de l'Américain se justifie très bien sur la base de sa seule performance financière de très grosse entreprise extrêmement rentable. Pour les besoins de la comparaison, toutes les capitalisations ont été converties en dollars américains.

Commençons par le plus gros indice national européen, le vénérable Footsie britannique. Au sein du FTSE 100, il faut cinq valeurs pour couvrir quasiment le poids d'Apple, de Royal Dutch Shell (295 milliards de dollars) à BHP Billiton (129,46 milliards de dollars), qui avec HSBC, Unilever et BP représentent 938 milliards de dollars de capitalisation. En ajoutant le sixième groupe sur la liste, British American Tobacco (117 milliards de dollars de capitalisation), les poids-lourds de la cote britannique dépassent légèrement les 1 000 milliards de dollars, un cap dont nous devrions reparler dans les mois qui viennent puisque les investisseurs, qui aiment les chiffres ronds et les records, lorgnent clairement ce niveau pour le groupe américain.
 

Valeur, cours, capitalisation en dollars, évolution depuis le 1er janvier, secteur (source Zonebourse.com - cliquer pour agrandir)

En ce qui concerne le CAC40, il faut aller un peu plus loin que sur le Footsie pour contenir l'ogre à la pomme, précisément de LVMH (180 milliards de dollars) à Vinci (59,47 milliards de dollars), soit neuf valeurs de l'indice parisien, qui permettent d'atteindre 941 milliards de dollars. Il faudrait donc ajouter un petit bout d'Air Liquide (54,1 milliard de dollars de capitalisation, 10ème place dans l'indice) pour faire le compte.
 

Valeur, cours, capitalisation en dollars, évolution depuis le 1er janvier, secteur (source Zonebourse.com - cliquer pour agrandir)
 

Dans le DAX allemand et ses trente valeurs, Apple pèse aussi lourd que les onze premières entreprises, soit de SAP (140,4 milliards de dollars) à Continental (51,2 milliards de dollars), lesquelles représentent 954 milliards de dollars de capitalisation environ.
 

Valeur, cours, capitalisation en dollars, évolution depuis le 1er janvier, secteur (source Zonebourse.com - cliquer pour agrandir)
 
Du côté du SMI, il faut 14 sociétés pour dépasser la capitalisation d'Apple. Derrière les colosses Nestlé, Novartis et Roche, qui pèsent entre 238 et 187,5 milliards de dollars, le reste de la cote est de moindre taille.

Les choses commencent à se corser à partir de l'AEX d'Amsterdam (25 valeurs), puisque le Californien pèse aussi lourd que les dix-neuf plus grosses entreprises néerlandaises, de Royal Dutch Shell (295 milliards de dollars) à Altice (6,4 milliards de dollars). L'AEX est un indice assez disparate, caractérisé par un rapport de 1 pour 72 entre les capitalisations de sa première et sa dernière entreprise.

Pour l'IBEX espagnol, c'est peine perdue : la capitalisation d'Apple couvre la totalité des trente-cinq valeurs de l'indice, qui pèsent ensemble un peu moins de 720 milliards de dollars (d'Inditex à 102,5 milliards de dollars à Tecnicas Reunidas à 1,7 milliard de dollars).
 

Le palmarès du poids des grands indices nationaux européens (source : Zonebourse.com)

Pas une anomalie

Il faut cependant rappeler qu'Apple n'est pas un OVNI boursier en matière de valorisation : c'est avant tout une formidable machine à engranger des bénéfices. Au niveau du PER, le dossier se paie certes un peu plus cher que la moyenne américaine, mais le multiple reste plutôt sage par rapport à son secteur de référence, la téléphonie, et très inférieur à celui des autres GAFA.

Le graphique ci-dessous illustre la synthèse des qualités du dossier, dont le principal défaut est de ne pas être très généreux avec ses actionnaires au niveau du dividende. Une contrainte dont ils s'accommodent fort bien au regard du parcours boursier de la société ces dernières années et d'autant mieux depuis l'annonce d'un programme de rachat d'actions doté de 100 milliards de dollars.
 

Apple, fâché avec le dividende ? (source Zonebourse.com)