Zurich (awp) - Les actionnaires activistes Veraison et Cobas Management réclament une transformation totale du conseil d'administration du boulanger industriel en difficulté Aryzta. A cet effet, ce groupe d'actionnaires qui détient une participation de 17,8% réclame la convocation d'une assemblée générale extraordinaire.

Dans un communiqué diffusé jeudi par Veraison, la société de participations et l'espagnole Cobas Management indiquent souhaiter un renforcement du conseil d'administration, afin de rétablir la confiance des actionnaires.

Ces dernières années, les actionnaires ont dû encaisser une importante destruction de valeur. Quatre des 11 administrateurs sont en place depuis 2016 ou avant et sont coresponsables des problèmes non résolus de l'entreprise.

Afin de regagner la confiance, il faut changer totalement le conseil d'administration. Les quatre administrateurs Gary McGann (président), Dan Flinter, Annette Flynn et Rolf Watter, en place depuis au moins 2016, doivent être remplacés par des experts de la branche. Kevin Toland doit aussi quitter l'organe de surveillance pour se concentrer sur sa fonction de directeur général, réclament les actionnaires activistes.

Des spécialistes de la branche

Le conseil d'administration doit inclure des personnalités jouissant d'une expérience de la boulangerie industrielle. Le groupe d'actionnaires propose en conséquence l'élection d'Urs Jordi, Armin Bieri et Heiner Kamps. Une fois élu, M. Jordi devrait assumer la présidence de l'organe de surveillance.

M. Jordi est l'ancien directeur d'Aryzta Europe et, avant la fusion avec Aryzta en 2008, il était directeur général (CEO) de Hiestand Holding. M. Bieri a notamment été CEO de Hiestand/Aryzta Schweiz et CEO d'Aryzta Food Solutions Asia Pacific.

M. Kamps est également une figure connue dans l'industrie alimentaire. Il a monté la chaîne allemande de boulangeries Kamps et a notamment été sociétaire de la chaîne de restauration rapide Nordsee et CEO et président du conseil de surveillance du groupe Müller Milch.

On ne sait pas encore quand l'assemblée générale extraordinaire pourrait avoir lieu. Dans un bref communiqué diffusé jeudi, Aryzta a indiqué qu'elle allait examiner les propositions du groupe d'actionnaires.

La pression augmente

Ces dernières semaines, Veraison et Cobas ont accentué la pression sur Aryzta et affirmé vouloir contribuer activement à des améliorations pour la société. Ils estiment que les actions Aryzta affichent actuellement une forte décote par rapport à la valeur de l'entreprise et veulent un rétablissement de la confiance.

Depuis le début de l'année, l'action Aryzta a perdu près de deux tiers de sa valeur à la Bourse. Mercredi, elle a encore perdu 5,8% à 0,38 franc. Il a un an, elle valait encore 1,40 franc.

Le groupe d'actionnaires a réclamé une sensible réduction de la complexité du groupe la semaine passée. Selon lui, l'industrie alimentaire jouit d'un potentiel durable de création de valeur, y compris en cette période de crise sanitaire.

Aryzta était en difficulté avant la crise du coronavirus, qui n'a fait qu'accentuer la situation. En 2018, le groupe a dû procéder à une augmentation de capital. Il négocie actuellement avec ses créanciers pour obtenir un assouplissement des conditions afin d'accroître sa marge de manoeuvre financière.

Aryzta a aussi annoncé des mesures de réductions des coûts pour garantir ses liquidités. Huit usines ont été fermées provisoirement, dont trois en Europe et cinq en Amérique du Nord. Près de 30% du personnel a été mis en congé.

La semaine passée, Aryzta a indiqué envisager toutes les options stratégiques et financières. A cet effet, le conseiller Rothschild & Co a été engagé et chargé de présenter un rapport d'ici fin juillet. Avec la pression des actionnaires, les choses pourraient s'accélérer.

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