3ème constructeur national de maisons individuelles et 1er réseau de franchises de maisons à ossature bois, AST Groupe a publié des résultats semestriels en forte baisse, alimentant la poursuite de la chute de son cours de Bourse. Alors que la disparition du PTZ neuf dans les zones périurbaines et rurales s’annonce pour le 1er janvier 2020, le groupe est contraint de se réorganiser. Olivier Lamy fait le point avec nous.

Olivier Lamy, les résultats semestriels d’AST Groupe ont baissé de plus de 80%. Est-ce une crise sectorielle ou une crise de croissance pour AST Groupe ? 

"Il y a des deux. Les dispositifs fiscaux ont été en partie supprimés, et cela fait souffrir la profession. Cela va continuer si la suppression du dispositif PTZ sur les zones B2 et C se confirme. Les acteurs de taille moyenne, ceux qui réalisent 50 à 200 maisons par an, sont les plus touchés car ils peinent à mettre en place l’organisation que leur taille implique. Il y a désormais une poignée de grands acteurs sur le marché et notre enjeu est d’être capable d’industrialiser nos process, de la commercialisation à la livraison. C’est ce à quoi nous nous employons. Cela passe notamment par une réduction des délais de livraison de nos clients, qui se sont allongés comme pour la plupart des acteurs de la profession. Nous devons apprendre à évoluer avec nos clients afin de nous rapprocher d’eux, avec les moyens de communication actuels, ce qui leurs permettra de mieux comprendre l’avancée de leur projet. Cela aura un impact direct sur la satisfaction de nos clients, notre chiffre d’affaires et nos marges."

La répartition de l'activité au 1er semestre

Quel plan d’actions mettez-vous en œuvre pour améliorer les délais de construction ?

"Sur un marché de la construction tendu, où la pénurie d’entreprises persiste, l’amélioration des délais dépend également de nous. C’est pourquoi nous avons initié une mutation profonde de notre organisation et de nos process avec notamment pour objectif d’améliorer l'efficacité de nos services et par là même réduire nos délais de construction. L’objectif final est d’améliorer la qualité des maisons livrées et de faire tendre nos délais moyens vers 12 mois, contre 20 mois aujourd’hui. Pour ce faire, nous avons un fort potentiel d’amélioration grâce à l’industrialisation de nos constructions à ossature bois, réalisées en interne sur notre site POBI repris en 2010. Toutes nos maisons Natilia et la Natibox sont construites par notre filiale industrielle POBI, détenue à 100%. Ce processus de production nous permet de nous extraire de toutes les contraintes climatiques, de livrer un bien avec une qualité constante et ce dans des délais très courts. Nous avons investi en 2018 près de 4M€ dans cette usine située à proximité de Nevers. Cela représente 3600 m2 de surface d’atelier supplémentaire, avec une diversification sur les menuiseries aluminium qui nous permet de produire plus de 20 000 menuiseries par an. Avec un peu d’investissements supplémentaires, nous pourrions passer à une capacité de production de 10 maisons à ossature bois Natilia par jour, contre 6 par jour aujourd’hui. Sur la Natibox, notre concept de"studio de jardin", l’objectif à moyen terme est de produire 1 Natibox par jour. J’ajouterais que nos capacités foncières sur ce site sont très importantes."

A quelle échéance comptez-vous recueillir les premiers fruits de ce plan ? Et retrouver un niveau de marge normatif ?

"Notre plan de réorganisation a été initié au début du deuxième trimestre et doit produire ses premiers effets fins de l’exercice, début 2020. Nous prendrons à ce moment-là connaissance des résultats de notre enquête externalisée qui vise à mesurer et améliorer la satisfaction de nos clients. Compte tenu de la taille de notre groupe, constitué de 700 collaborateurs pour un peu plus de 200 M€ de chiffre d’affaires, nous avons conservé une certaine agilité, avec des dirigeants fondateurs qui sont actionnaires majoritaires. Cela facilitera notre redressement, sans compter que notre structure financière est très solide, avec un endettement net quasi-nul. Nous n’avons pas abandonné notre objectif CAP300 de réaliser 300 M€ de CA, mais cela prendra plus de temps que prévu et notre priorité reste le retour à une marge normative de 8%. Nous reprendrons notre politique d’acquisition quand le cercle vertueux de la croissance rentable sera réenclenché."

Votre portefeuille d’activités est très étoffé pour un groupe de votre taille…

"Nous sommes le seul acteur à avoir trois activités : la promotion, la construction de maisons individuelles et la production industrielle (maisons, charpentes et menuiseries). Ces activités sont très complémentaires, et d’autres acteurs de la maison individuelle ont fait récemment le choix de se diversifier. La promotion apporte de la visibilité sur les terrains et mobilise un BFR important, alors que la construction de maisons génère un BFR négatif. Notre système de production de maisons modulaires doit permettre de réduire les délais de production et de gagner en qualité, et ainsi de faire la différence par rapport à la concurrence, tout en intégrant plus de valeur ajoutée."