Milan (awp/afp) - Le groupe autoroutier et aéroportuaire italien Atlantia, contrôlé par la famille Benetton, a annoncé jeudi avoir enregistré une perte de 10 millions d'euros au premier trimestre, contre un bénéfice net de 157 millions un an plus tôt, en raison de l'impact du coronavirus.

Atlantia est dans la tourmente depuis l'effondrement du pont de Gênes en août 2018, faisant 43 morts.

L'enquête, encore en cours, a mis en évidence de graves manquements concernant l'entretien du pont.

Le gouvernement a lancé une procédure pour décider de retirer ou non ses concessions autoroutières à Aspi (Autostrade per l'Italia), la filiale d'Atlantia gestionnaire du viaduc.

Atlantia cherche un accord avec Rome pour éviter une telle situation. Il a jugé jeudi "raisonnablement possible" la conclusion d'un tel accord et "pas raisonnablement possible la manifestation de risques financiers" pour Aspi et Atlantia dans les douze prochains mois.

Le 4 juin, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, avait souligné qu'en ce qu'il le concerne "il existe de multiples manquements avérés et documentés du concessionnaire et donc toutes les conditions pour la révocation".

"Il est de notoriété publique qu'il y a eu des propositions de transaction, mais il est clair que pour qu'elles puissent être acceptées elles doivent amener un avantage important (pour le contribuable italien, ndlr): pour le moment, elles n'ont pas été jugées avantageuses", avait ajouté M. Conte, en précisant que le gouvernement se prononcerait rapidement.

La discussion porte notamment sur les tarifs des péages.

En plus de l'effondrement du pont, le groupe a été fragilisé par l'abaissement de sa note en catégorie spéculative, ce qui complique son accès aux marchés financiers, et par la crise du coronavirus qui a entraîné une chute de la circulation sur les autoroutes gérées par Aspi.

Autostrade avait annoncé un vaste plan d'investissement, de maintenance et de recrutement afin de convaincre le gouvernement de maintenir ses concessions, mais récemment Atlantia a menacé de ne pas le mettre en oeuvre, une annonce vue comme une "tentative de chantage" par plusieurs membres du gouvernement.

Concernant ses résultats, son chiffre d'affaires opérationnel a reculé sur le trimestre de 15%, à 381 millions d'euros, sous l'impact de l'épidémie de coronavirus.

Le trafic sur les autoroutes gérées par le groupe a reculé de 20,7% en Italie, 13,4% au Chili, de 12,1% en Espagne, de 10,7% en France et de 1,9% au Brésil sur les trois premiers mois de l'année.

Le trafic passagers a lui chuté de 33,3% aux Aéroports de Rome et de 21% à l'aéroport de Nice.

Atlantia précise ne pas être en mesure de prévoir l'évolution de la situation dans les mois à venir du fait de l'incertitude créée par la pandémie.

afp/rp